Chapitre 14

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Habiter avec une personne durant des jours, change complètement votre façon de le voir, sa perspective et surtout, vous commencez à mieux le cerner. Vous commencez à connaître ses goûts, ses envies, et ses peurs. Certains de ses secrets sont révélés et d'autres pas encore.

Et c'est ce qu'il s'est passé durant ces dix jours qui ont suivies notre déplacement temporaire. Les premiers jours, je ne parlais pas beaucoup, et il essayait de me faire sortir de mon silence en me changeant les idées. Il parlait, raconter sa vie, son ancienne vie et devenait de plus en plus honnête, même si au fond de moi, je n'avais toujours pas confiance en lui.

Aaron savait que l'épreuve allait être plus compliqué que prévu, et pourtant il n'a pas flanché. Rester avec moi a été moins difficile que je le pensais, et il a tenu le coup. On se disputait que très rarement et on dormait souvent. Je devais récupérer par rappor à ma morsure et lui voulait juste dormir pour passer le temps. Il nous arrivait de changer d'appartement durant un moment lorsque nous entendions des chasseurs dans le coin. Ils venaient rarement par ici, mais venaient quand même. Nous partons parfois à l'étage supérieur ou au même étage. On les entendait qui se disputer à mon sujet, au sujet de ma mort et au sujet de la disparition soudaine de Aaron. Que pour eux, il était parti pour ne plus revenir abandonnant sa soeur au passage.

Sa soeur..

Il m'en avait parlé, mais je ne savais pas qu'il faisait un sacrifice en restant avec moi.

Puis après ce jour-là, il a été distant. Il ne parlait plus sauf pour me demander comment j'allais et si nous allions sortir ou pas. Il venait aussi pour me dire qu'il dormait durant un moment avant que nous allons chercher des vivres. C'était étrange entre nous. Et pour la première fois, après avoir passé des journées seules dans la maison de mon enfance, sans ma mère ni mes amis, j'avais détesté ressentir ce sentiment qui était la peur qu'il ne me parle plus. Et pourtant, je m'étais habitué à cette solitude depuis si longtemps que le sentir m'a bloqué. M'a dérangé.

Puis le lendemain, nous avons discuté au sujet de sa soeur, au sujet de mes amis et au sujet le plus délicat, nos parents. J'ai expliqué comment j'ai perdu ma mère dans d'atroces souffrance et lui m'a expliqué qu'il a perdu de vue ses parents ce jour-là en étant avec sa soeur. Puis il a perdu sa soeur avant de l'a trouver. Le soir même, il m'avait demandé pourquoi je ne quittais pas cette ville, pourquoi je ne partais pas ailleurs et je lui avais répondu que c'était difficile avec ces gens à mes trousses et que je devais aussi avoir une carte pour quitter la ville. Boston est grand, remplie d'infectés de toute sorte en plus des chasseurs et y aller seule sera difficile, surtout que mes chances de survie étaient minces.

- Je t'accompagnerais, avait répondu Aaron, un sourire aux lèvres.

J'avais juste hoché la tête et nous sommes partis dormir.

Aujourd'hui, c'est le onzième jour, nous avions décidé de partir au dernier étage pour une fois. Le but était d'être le plus haut possible pour voir les infectés, et surtout chercher des cartes pour quitter la ville. Je n'en avais pas, je n'avais pas cherché à en avoir et ce n'était pas mon but au départ, mais maintenant que j'y pense, je souhaite partir. Loin..

- Tu es prête ? Demande Aaron, habillé d'un pull et d'un jean.

- Oui, dis-je en mettant mon sac sur l'épaule.

- Il y a des infectés à l'étage, des aveugles pour être précis et si tu me poses la question, je suis partie voir hier soir, quand tu dormais.

Je comprends mieux maintenant.

- J'ai trouvé des surins dans la cuisine, deux, donc je t'en donne un.

- Merci, répondis-je en le prenant.

- Une dernière chose, n'utilise pas tes balles, on risque d'être repérés par la suite.

- Je le sais, dis-je en souriant.

Je quitte l'appartement suivie de mon ami. On peut dire qu'il l'est vue le temps passé et les secrets dit. Il ferme la porte derrière moi, et j'avance vers les escaliers. Le couloir est assez long pour y accéder. Il est remplie de tag, de sang séché avec le temps, de corps qui pourri dans le coin et de verre brisés. Je mets une écharpe sur mon nez pour éviter de sentir cette puanteur et continue d'avancer.

Ces gens sont morts alors qu'ils n'avaient rien demandé. Rien du tout. Ils sont morts d'une maladie qu'ils n'ont pas voulu. Je continue de marcher sans me retourner sinon je risquais de pleurer et je ne le voulais pas. J'ai perdu assez de gens dans ma famille à cause de ce virus.

Nous arrivons devant la porte qui mène aux escaliers. Elle est ouverte ce qui me permet de ne pas faire de bruit et le passe puis prends les escaliers. Je prend une flèche dans la main pour me préparer à me défendre et continue mon chemin. Le silence est important dans ces moments, elle nous permet de mieux entendre les bruits des aveugles et surtout savoir où exactement ils sont. Connaître leur position. J'entends des aveugles qui crie sans forcément être prêt à attaquer. Elle claque des dents plusieurs fois sans jamais s'arrêter. C'est affreux comme bruit. Dans les escaliers, il y a des corps, de tout genre, des hommes et des femmes, des enfants et même des chiens. Je détourne le regard et avance. Les aveugles font encore plus de bruit comme si ils sentaient notre présence et pourtant nous ne faisons pas aucun bruit .

Arrivé au dernier étage, nous voyons trois claqueur; un à droite et deux à gauche. Je me concentre et fait signe à Aaron de s'occuper de celui qui est seul et que je me chargais des deux autres. Ils froncent des sourcils et m'arrête en prenant mon bras. Je stoppe tout mouvement puis le regarde. Je remarque que nous sommes assez proche l'un de l'autre et que lui aussi le remarque. Il recule un peu puis me chuchote à l'oreille.

- Tu veux mourir ou quoi ?!

- Non, je veux juste les tuer.

- Tu es encore faible.

Je recule énervé de voir qu'il ne me croit pas et marche vers les infectés. Je sors mon arc en marchant puis tire une flèche sans hésitation dans la tête de l'un deux. La flèche siffle dans l'air rapidement pour traverse le cerveau de l'infecté avant d'atterir non loin de son ami. Je range mon arc et sors le surin que j'ai reçu, et marche vers lui. Animé par une colère soudaine, je fonce et lui donne un coup de pied dans le ventre ce qui le fait tomber. L'infecté se cogne contre le mur derrière lui et crie face à la douleur. Ne lui laissant pas le temps de se relever, je lui plante dans le cou plusieurs coups et recule avant de souffler et de lancer une autre flèche par la suite.

Il meurt rapidement et ma colère diminue au fur et à mesure. Je suis esosuflé face à tout ces enchainements sans m'arrêter et regarde Aaron qui se débrouille bien. Il finit par tuer l'infecté et me regarde, l'air triste ?

Je ne sais pas.

Je range mes armes dans mon sac puis ouvre l'une des portes. Le poignet enclenché, j'ouvre la porte et me retrouve instantanément face à un infecté. Celui-ci n'est pas aveugle et a toute ces capacités pour me blesser. Dès qu'il m'a vue, il fonce vers moi sans même me laisser le temps de réagir et me donne des coups pour me faire tomber. Je tombe et me cogne contre le mur. Il donne des coups dans les épaules et essaie de me mordre le cou, sans succès. Je me débats comme je peux, le bloquant à l'aide de mon bras droit, essayant de ne pas avoir une autre morsure sur le corps et réussi après acharnement à lui donner un coup pour l'éloigner. Au même moment Aaron se trouve devant moi et tire une balle dans le crâne de ce mort vivant.

Il tomber un peu plus loin, ne s'attendant pas à recevoir un coup pareil. Le silence revient au fur et à mesure et mon souffle par la même occasion. Aaron regarde si je n'ai aucune blessure, et je lui réponds pas le négative puis me lève non sans gémir doucement de douleur et rentre dans l'appartement. Il me suit, ferme la porte puis la bloque à l'aide d'une chaine, tire tout les rideaux pour ne pas qu'on puisse voir à l'intérieur. Je reprend doucement mon souffle et observe l'appartement dans lequel je suis. Il est spacieux et grand, avec des meubles qui ne sont pas encore abimés par le temps. La décoration est magnifique si on oublie le nombre de poussière qu'il y a, de plus, la vue est juste incroyable. Le soleil se couche lentement sur la ville. On a bien choisi l'endroit.

- Ecoute, à propos de tout à l'heure, je suis..

- Tu n'aurais pas dû en effet.

Il dépose lui aussi son sac près de lui et s'avance.

- Tu as reçu une morsure il y a une semaine alors, c'est normal que je m'inquiète !

- Aaron, je sais me débrouiller.

- Je te demande juste de faire plus attention, réplique-t-il en croisant les bras.

- J'ai pas besoin d'un babysitter !

C'était la goutte de trop pour lui, et je m'en suis aperçu au moment où il avait baissé les yeux vers le sol durant un instant, avant de se ressaisir puis de prendre son sac, et de quitter l'appartement. Je savais que j'ai été trop loin dans mes propos, que je devais m'excuser, sauf que mon égo en avait pris un sacré coup tout à l'heure et j'avais encore mal magré que je m'étais énormément reposer. C'était devenu une habitude de ne pas m'apitoyer sur mon sort, de garder tout en moi et de ne pas flancher à la moindre occasion. Tant d'année à être seule que lorsque que quelqu'un vient tout chambouler, vous n'accepetez pas tout de suite le changement, mais seulement plus tard. Aaron avait décidé de tout lâcher pour moi, quitte à ne plus revenir voir sa soeur, et moi, au lieu de comprendre son ressenti, sa panique, j'ai voulu le faire comprendre qu'il ne devait en aucun cas me maternait.

Regarde maman, ce qu'il m'arrive lorsque je suis à nouveau entouré après tant d'année seule. J'éloigne les gens qui essaie juste de m'aider.

Je n'arriverais pas à changer, pas pour l'instant.

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