Toujours parier sobre.
Toujours parier sobre.
« Si nous perdons, nous viendrons tous au réveillon avec les cheveux bleus, mon pote !»
Après une multitude de bières, c’est tout-à-fait sérieux que Jeff a lancé l’idée hier soir, alors que nous étions tous saouls. Moi, peut-être encore plus que les autres.
Voici le gage de ce pari. Les cheveux bleus.
Pari que nous avons bien évidemment tous perdu.
Je ne me souviens plus vraiment quel en était l’enjeu, mais j’adore surtout ces conneries pour le plaisir de les faire tous ensemble... Nous sommes toujours à fond dans notre délire. Mais cette fois, ce fut vain. L’état dans lequel je me trouvais n’a pas dû les aider, nous avons lamentablement perdu !
Notre amitié, vieille de vingt ans, s'agrémente souvent de ce genre de défis, un peu foufous.
C’est donc pour l'honorer que je me présente ce matin chez la coiffeuse du quartier, encore embué de ma gueule de bois, et prêt à remettre ça dès ce soir.
—Bleu ? Vous en êtes bien sûr, Monsieur ? s'inquiète cette jolie brune.
—Oui ! Mes amis et moi aurons les cheveux bleus pour la fête de la St-Sylvestre.
C’est parti.
Pendant qu’elle décolore mes courts cheveux bruns, je lui raconte cette soirée alcoolisée d'hier. Tandis qu’elle applique la pâte bleue sur mes tifs devenus blancs comme neige et que j’essaye de me persuader que je ne fais pas une connerie, je lui montre ce SMS de rappel, reçu ce matin.
« Tous en bleu, les mecs ! »
Après une heure, entre temps de pause, rinçages et autres tours de magie de ma coiffeuse, me voici… Bleu. Je me scrute dans la glace, entre regret et hâte des réactions de ce soir, puis sors, la tête haute du salon.
Dans la rue, tous les regards sont braqués sur moi. Les enfants me montrent du doigt, les jeunes peinent à retenir leurs rires. Les cents mètres jusqu’à mon appartement me paraissent bien longs, mais qu’importe, un pari est un pari !
Le soir arrive. En costard et nœud papillon que je réajuste dans l’ascenseur, j’imagine lequel de nous n’aura pas eu les couilles de le faire.
—J'ai vraiment l'air d'un con, mais ça vaut le coup, me dis-je.
Je ricane en m’admirant une dernière fois dans le miroir quand j’arrive à l’étage.
Je sonne tandis que je me tiens fièrement devant la porte de Jeff, attendant de me montrer et d’admirer leurs têtes de schtroumpfs à tous.
Eh merde !
C’est sous l’hilarité générale que je suis accueilli dans le salon, par tous mes potes… et leurs perruques bleues.
L’alcool n’aidant jamais, il semblerait que j’ai omis un détail des plus importants:
Personne n’avait parlé de coloration.
Moralité: Parier quand on a bu est dangereux les amis !
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