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La semaine paraissait se traîner en longueur et toute l'équipe était sur les dents dans l'attente indéfinie des résultats de l'IML et de la scientifique. Ils attendaient les profils et comparaisons ADN pour avoir un début d'explication, de liens, entre les victimes et les évènements. Lisa était particulièrement irritée; on lui avait dit une semaine à dix jours et la semaine tirait à sa fin en ce jeudi après midi morose et gris de ce début de printemps. Elle espérait qu'ils aient quelque chose à se mettre sous la dent demain au plus tard et passa un nième coup de fil aux deux services pour activer la manoeuvre et se fit gentiment envoyer sur les roses comme de coutume.
La perquis' chez Chabrier et le dépecage de son téléphone portable et de son ordinateur n'avaient rien donné de plus que ses déclarations. Ce pauvre type n'avait pas menti. Il n'y avait rien d'autre que la photo des "convives" de cette fameuse soirée où seul le visage du conseiller Javert était identifié, pour les autres c'était en cours, sans grand résultat pour l'instant.
Elle était aussi éxagéremment nerveuse depuis la réception d'un SMS du proc' qui lui transmettait l'adresse de son restaurant avec quelques mots la mettant, dans un premier temps hors d'elle, puis troublée.
"Je dîne là tous les soirs à dix neuf heures, je vous y attendrai toute la semaine jusqu'à vingt heures trente. Venez! Et, si vous venez, faites moi plaisir et mettez une robe"- Jacques
Elle n'avait pas l'intention d'aller à ce drole de rendez-vous mais, par curiosité, toute le semaine, elle quittait son appartement vers dix neuf heures après le coucher de Gabriel et lançait un laconique "je sors" à Fouad. Elle prenait position vers dix neuf heurs vingt en face du restaurant et pouvait le voir attendre patiemment en discutant avec le patron entre deux pages de sa lecture. A vingt heures trente tapantes, il regardait vers la porte et commandait son dîner. Ca la faisait sourire et l'énervait à la fois et elle quittait les lieux vaguement désorientée.
L'audition du conseiller Javert ce matin même les avait totalement frustrés, ils avaient eu affaire à un tout autre client; retors, imbu de lui-même et de son petit pouvoir d'élu et très sûr de lui. Son avocat l'accompagnait bien évidemment et trente minutes plus tard, il quittait leur service en ayant refusé l'examen volontaire de son portable. Il avait à peine tiqué devant la photo et son avocat prit un malin plaisir à leur rire au nez devant ce portrait d'un groupe d'hommes d'âge mure, hilares et aux regards torves et avides, rien de nature délictuelle bien sûr. Dès leur départ, elle demanda à Blain de solliciter d'urgence une CR au bureau du proc'. Ils avaient déjà perdu un temps précieux, le type allait commencer à faire son ménage.
La CR arriva en fin d'après midi et elle dépêcha Balitran et Fouad ainsi que deux OP, on n'était jamais trop prudents, pour faire le pied de grue devant son domicile vu l'heure tardive et investir les lieux dès six heures le lendemain. Blain aussi avait, enfin, de bonnes nouvelles du labo et de l'IML, les rapports seraient livrés demain, vendredi, en début d'après midi.
Elle appela ensuite Candice pour lui demander de garder Gabriel toute la soirée, voir la nuit; quant à elle, elle passerait en coup de vent se changer.
Tout le groupe s'apprêtait à partir, la journée semblait finie, quand le téléphone du bureau satura l'espace. Blain se décida à décrocher et resta suspendu, les sourcils froncés, à l'écoute de son correspondant.
- Bien, j'en informe le commandant Pèron; OK, on vous attend pour demain fin d'après midi. Vous vous chargez de la liaison avec les collègues de la PJ de Cahors? OK, merci!
- Alors?! Trois pairs d'yeux scrutaient sa réponse.
- Alors, commandant, renvoya Blain en se dirigeant ves le tableau des constats et en inscrivant les nouvelles infos, les gendarmes de la section de Cahors confirment que leur mort a bien été éxécuté à son domicile par arme à feu, type fusil d'assaut avec silencieux. De plus, le corps a été déposé plus loin sur le terrain et les assaillants ont mis le feu à tous les bâtiments.
- Donc, ils voulaient qu'on le trouve, pensa Fouad à voix haute. Et ils voulaient effacer des traces... mais quelles traces?
- Tu dis les assaillants, retourna Balitran, mais comment peuvent-ils en être sûr?
- Des témoins? Dit Lisa
- Exactement! Les gosses de la victime! Ponctua Blain en finissant de noter les éléments de son exposé.
- Bon, messieurs, il est presque dix neuf heures, on en saura plus demain avec nos collègues du Lot. On rentre! J'y pense, Balitran, le modus operandi ressemble bien aux méthodes de nos amis slaves; la semaine prochaine, on ira rendre visite à beau- papa. L'ogre de Riga devrait nous apprendre quelques petites choses.
Balitran sourit, un peu crispé "OK chef, je vais faire le nécessaire".
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