Oui, c’est vrai, j’ai été son amant, et alors ? Qu’est que ça peut te foutre ? Tu comptais la demander en mariage, ou quoi ? Je te vois bien, tiens, avec ton petit bouquet, en train de poireauter sous la pluie.
Tu sais, mec, j’ai fait la Sibérie. Trois ans à me les peler et à bouffer de l’hermine et du cochon des steppes. Tout seul. J’ai même été à deux doigts de me taper un grizzli. Et toi, tu viens me bassiner avec ces broutilles. Je te la laisse, t’inquiète. T’es peut-être sa dernière chance de pas finir vieille fille. Moi, je t’ai juste ouvert la voie, de quoi tu te plains ?
Quoi ? moi, un misanthrope ? Tu me fais rire. C’est pas parce que je peux pas blairer les mecs comme toi que je suis misanthrope. Et tu ferais mieux de t’acheter des pompes neuves et de l’inviter au restau, plutôt que venir me faire chier. Dans pas longtemps, tu seras vieux, un vieillard souffreteux, valétudinaire et pitoyable. Et seul. Et quand on recouvrira ton cercueil, tu te diras « il avait raison, le mec de Sibérie »
Je te dis ça comme ça. Penses-y.
Et oublie-moi.