Éclipse
Sur la peau
un petit sillage pourpre
lui me regarde avec
des yeux de poisson mort
promenant ses doigts
sur une aube dégoûtée
– Riez ou criez criez criez jusqu’au
summum de la douleur – m’aimes-tu
alors hurle toute ta crasse –
le soudain visage
éclairant la nuit
lui me regarde
avec des yeux d’étoiles pourrissantes
pleurant toutes leurs étincelles
sur la peau des orages
magnétiques
ses doigts
de silicium et d’amiante
– Ne tourne pas la tête ou
ils nous tueront
nous nous tuerons
nous sommes eux toi moi VOUS –
jouissance rafales de mitrailleuses
pleurerons
en éclaboussures noires
le vol anéanti
des aubes d’été
(tu es plus belle et plus douce)
– Criez jusqu’à la limite
de vingt-quatre fois par seconde
puis alternez vos cris
des mots jailliront d’eux-mêmes
suinteront de vos rictus –
des images scintillent
sur le
petit sillage pourpre
des images
de vols anéantis aux étoiles pourrissantes
d’orgasmes
(Ses yeux ne sont pas ouverts.
Il craint d’avoir mal
et se reflète dans un chant obscur.
Il se rappelle l’aimé
qui le délivra l’espace d’un soir.
Et ses paupières tressaillent
sous la morsure absente du baiser)
dénouant ses cheveux
avec un rire de muraille le vent
délié
replié entre ses seins
paysage sous le tonnerre
– NE VOUS OPPOSEZ
EN AUCUNE CIRCONSTANCE
AUX FORCES ARMÉES –
(Dame des aurores
Dame des silences
J’ai cru pouvoir aimer
La belle Dame sans merci)
ils brûleront nos livres
pas notre jouissance
il n’y aura JAMAIS de formulaires
pour le plaisir
(Prenez la position F-129-3 et tenez-la
pendant un quart d’heure
puis retirez-vous et éjaculez
dans le mouchoir sanitaire
fourni par nos services)
elle colle mon visage
pardon mon oreille
contre son cœur – je n’entends rien
sur la peau une lame de rasoir
en zigzag traçant des figures
incompréhensibles il me regarde
avec une aube d’été
– Ne crie pas laisse-toi aller
les larmes et le sang
départagent l’innocence et la traîtrise –
il me regarde
avec un sourire de fouine
parmi les ombres réfutées
et les éclats de musique
nous passons en tremblant
et nos mains dispensent des brasiers
d’améthyste sur la peau
elle lâche ma main et
se détourne pour pleurer
se met
à courir
(détonations sèches
à quelques rues
de distance)
il me regarde avec une
aube d’été
dans les yeux
je ferme les poings
sur la lumière
la nuit mordille mes veines
il caresse mes cheveux sous
les étoiles pourrissantes
il n’y a pas d’échappatoire
– VOUS NE DEVEZ PAS
FRANCHIR CETTE LIMITE –
crissement d’aiguilles
sur la vitre
elle sourit
au sang d’offrande
ongles grattant
les murs
les bandes magnétiques
tournent à vide
– Ce n’est rien calme-toi
il va pleuvoir –
paysage sous le tonnerre en négatif
– Rien que toi et moi mon amour
je t’étranglerai –
enregistrement d’explosions
joué à l’envers
puis ralenti maximum
(des râles)
je fourbis des mots orgasmes
caquetant comme des compteurs Geiger
– Tourne-toi je veux te baiser –
il acquiesce en se dévêtant
elle pâle
et nue
attentive
au paysage piqueté d’aiguilles
évanescentes
la nuit grouillante de rires abjects
à moitié ivres se tenant par la taille
et hurlant bestiaux pour l’abattoir
je ferme les poings
sur la lumière
– NOS ORDRES SONT DES VÉRITÉS –
elle lisse ses cheveux d’algues
au parfum d’explosion son sourire
écrasé contre une vitre
son sourire de glaire
il acquiesce en se dévêtant
sous le
tonnerre en négatif
sommes-nous prêts pour le
cri du violon sur négatif en tonnerre
à moitié ivre
elle nous regarde faire en souriant
– Maintenant à moi de te prendre
chacun son tour –
odeurs de pluie
de muqueuses tièdes
d’abattoirs grouillant d’étincelles
roses et vertes
– SAUVEZ VOTRE PEAU
NE PENSEZ PAS –
des rats à toute allure
sur le charnier
des abjections
et des mots doux
l’aurore écartelée
en place publique
je fourbis mes
perversions
pour les mots de tes orgasmes
– L’ORDRE DES SENS DOIT ÊTRE
LA CONDITION DU DÉSIR –
il pleut sur les
cadavres exquis
des anges écartelés
algorithmes du plaisir enfournés
dans les calculateurs
ne vois-tu rien venir le ressac des
cités anéanties vibre
dans nos fureurs imbéciles
elle offre sa nudité aux charniers
en riant
crissement d’aiguilles
tenir bon jusqu’au paroxysme mathématique
vos nudités confondues
pantins désarticulés
aux râles de sclérose il acquiesce
tonnerre en flocons d’images
la structure câblée de la réalité
saute en flashes au ralenti
corps brisé immolé par
les animaux fascisants
– Crève pédale –
je cours vers
ses mains dévorantes
ses hanches d’obsidienne
ses cheveux de névrose
s’entortillent
en flashes
autour des volontés mécaniques
claquements d’armes à feu
calmant
les souffrances magnétiques
en va-et-vient vitesse maximale
les lèvres retroussées
– VOTRE SEUL DROIT EST LA SERVITUDE –
illuminés d’orgasmes numériques
cris à quatre cent trente hertz
retour à zéro
pause
puis effacement
annulés les programmes
de torture sexuelle
Hélène de Troie au pilori
il me regarde en acquiesçant
répétition générale
avant exécution
du programme de
décérébration
DIEU EST MORT
à votre tour prenez place dans la file
des tonnerres verts et roses
remise à zéro
néant
les bandes magnétiques tournent à vide
le vent délie
néant
l’Âge d’Or
Annotations
Versions