Montagnes
L’horizon s’étendait à perte de vue devant moi. Les montagnes des Pyrénées se dévoilaient peu à peu à cette heure matinale, révélant toute leur splendeur.
Assis sous un arbre, je contemplais ce paysage de rêve, vide de toute trace humaine. Je regardais le soleil se lever, sortir de derrière la crête de la Garenière. Le cristal des eaux du lac de Batcrabère commençait à en renvoyer la lumière.
La beauté du paysage, le calme du lieu, sa grandeur, tout ici m’apaisait. Et j’en avais besoin.
Mes pensées se tournèrent vers elle. Elle qui avait soudainement apparue puis disparue de ma vie, y laissant une marque à jamais indélébile, faite au fer rouge du désir et de la passion.
J’aurais souhaité que cette histoire dure à jamais, mais je savais dés le départ qu’elle ne serait qu’éphémère, une simple page de ma vie qu’il me faudrait tourner rapidement.
Nous avions vécu des moments intenses, mélanges d’amour et de sexe brut. Nous avions échangé des baisés passionnés, des étreintes fulgurantes. Nos corps brulant du désir de l’autre s’étaient unis sous le regard de ces montagnes. Nos cœurs avaient battu au même rythme durant ces moments de ferveur sensuelle. Nos âmes s’étaient fondues l’une dans l’autre pour ne plus faire qu’une.
Nous avions fait l’amour dans les eaux claires des torrents. Nous nous étions enlacés sur les rochers, laissant le soleil sécher nos corps transis de froid. Nous avions gravi les pentes, mains dans la main. Nous avions roulé dans l’herbe, nos lèvres soudées, nos jambes emmêlées, nus et ivres l’un de l’autre. Nos nuits sous les étoiles avaient été ardentes.
Comme le carrosse de Cendrillon se transformant en citrouille, elle avait disparue la nuit dernière, sans un mot, sans un regard. Je m’étais endormi dans ses bras et réveillé seul, au milieu des ces montagnes.
Au loin, un berger appelait son troupeau. Dans les eaux du lac de Batcrabère, son visage apparu un instant, souriant tendrement.
J’entamais alors ma descente vers le monde et ma vie.
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