Introduction
Voilà presque un an que je suis livreur pour une entreprise de répartition pharmaceutique. J’apporte des caisses remplies de médicaments à des pharmacies, parfois des fauteuils roulants et autres déambulateurs. Ça ne fait pas rêver dit comme ça, mais en réalité je crois que j’apprécie ce job. J’ai toujours aimé conduire, et là ce sont comme de longs road trips que je fais régulièrement. J’aime cet état presque second que l’on peut parfois atteindre au volant, ces moments où l’esprit se tient tranquille et où les mains, les pieds prennent le relais dans ce quelque chose qui ressemble à une danse : lâcher l’accélérateur, embrayer pour passer une vitesse ou rétrograder, débrayer, choisir le bon moment pour accélérer à nouveau, essayer d’utiliser les freins le moins possible, trouver la trajectoire la plus adéquate pour négocier tel virage, varier la position des mains sur le volant en fonction subtile de l’humeur dans laquelle on est tout en gardant un contrôle absolu sur le véhicule… J’ai toujours pensé que la conduite était quelque chose comme un art, et pas seulement pour les pilotes de courses. Si on se débrouille bien, la qualité de l’esprit se met à l’unisson de celle de la conduite, et l’on peut être d’une tranquillité rare, ou alors avoir des pensées nouvelles et fécondes.
J’aime aussi être seul. Être seul au travail n’a pas de prix pour moi. Je branche ma clé USB sur le poste radio, et j’écoute la musique que j’aime, des livres audios ou des conférences. Je chante, ou j’écoute religieusement. C’est toujours une petite palpitation en moi quand je choisis quelque chose à télécharger pour écouter dans le camion. Je me dis, peut-être que je vais entendre de très belles choses, des choses qui vont me remuer et me faire avancer. En tous cas, c’est toujours la promesse d’un plaisir, si petit soit-il.
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