V
Je me rappelle des propos de Louis-Combet, qui devisait sur la saison automnale après que Claude Mettra l’a questionné sur la place du règne végétal dans la pensée de Boehme, puis dans la sienne propre. Il disait que c’était sa saison de prédilection, car il était sensible à ce qui dans la nature se flétrissait, pourrissait, fermentait, à tout ce qui était non pas de l’ordre de la germination, de la croissance, mais de la chute, du racornissement. Claude Mettra lui fit remarquer que c’était aussi paradoxalement la saison où la nature affiche les couleurs les plus vives et les plus variées, ainsi que celle où la lumière est la plus remarquable. Claude Louis-Combet acquiesça avec dans sa voix une légère mais palpable émotion de reconnaissance, comme celle qu’on exprime à un esprit fraternel, et qui nous a compris. Ce passage fit une forte impression sur moi, car j’étais justement, au fond de cette vallée, au milieu d’une végétation en partie rougeoyante, magnifiée parfois par un coin de soleil qui avait réussi à tomber jusque-là.
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