8. Le monde des Humains.
Mélusine et Ephrem étaient enfin sortis de la splendide forêt d'Yggdol, la terre enchantée du peuple des Elfes. Ils étaient maintenant sur la terre des Humains. Plus précisément sur les terres du roi Mellas, le royaume de Lognis. Ils avaient déjà parcouru une bonne distance, quand ils virent au loin les premières habitations Humaines. C'était une agglomération de maison de couleur assez terne, comme de la terre séchée. De là où ils étaient, ils ne pouvaient pas voir de quoi étaient faits les murs de ces tristes habitations. Les maisons Humaines semblaient plus petites qu'à Yggdol, mais leur nombre était cent fois plus important ! Aucune couleur ne venait égailler cette vision. Même la disposition des maisons était chaotique. Comme s'ils étaient toutes tombés du ciel, semées çà et là au gré du vent ! Tout autour des maisons, des champs immenses apportaient une certaine beauté au village. Toute sorte de blé, d'épis, de tiges... sortaient du sol et montaient haut vers le ciel. Si les habitants de ce village n'avaient certes pas de belle maison, il était évident qu'ils apportaient un soin bien particulier à cultiver les terres mis à leur disposition !
Un peu fatiguée, mais motivée par la curiosité, Mélusine accéléra le pas. Derrière elle rêvassait Ephrem, qui n'avait pas réussi à trouver le sommeil la veille. Il trainait ses pieds sur la terre sèche qui allait jusqu'au petit village, où ils décidèrent de faire une halte le temps de se reposer. Ils furent accueillis par un homme d'aspect misérable, qui portait une tunique rudimentaire sale et rapiécée, ainsi qu'un bonnet de toile rouge. Celui-ci, les mains abimées par le travail de la terre, s'épongeait le front à l'aide d'un chiffon qui laissait un peu plus de boue sur le pauvre homme à chaque passage. Il s'appuyait sur un énorme cheval aux tâches noires et blanches pour souffler un peu, quand il remarqua l'arrivée des étrangers. D'abord à cause de la poussière que soulevait Ephrem sur son passage, mais aussi parce que les nouveaux arrivants semblaient sortir tout droit de la forêt des Elfes ! L'homme les avait suivis du regard jusqu'à ce qu'ils arrivent à sa hauteur. Le paysan ne leur adressa pas la parole dans un premier temps, trop occupé à dévisager Mélusine. Il lui semblait que quelque chose en elle, clochait. Sa peau blanche comme neige, son visage délicat aux formes finement dessiné, ses cheveux blonds et soyeux, ses yeux verts...
« Des yeux verts ! s'écria le vieil homme. »
Il n'avait jamais entendu dire qu'il était possible d'avoir des yeux verts ! De plus, il n'avait jamais vu une femme d'une telle beauté.
« C'est pas une Humaine une telle beauté ! pensa-t-il ».
Tout d'un coup, il fit un bon en arrière et lâcha son torchon. En apercevant les oreilles pointues de Mélusine qui dépassaient de ses beaux cheveux, il comprit :
« T'es une Elfe, non ? demanda-t-il sans préambule. Tes oreilles, rajouta-t-il en pointant Mélusine du doigt. »
— Heuuu ! bredouilla Mélusine, prise de court par la question et choquée par les manières de cet homme. Zut ! J'ai oublié mon chapeau de paille dans la forêt, comprit-elle en mettant ses mains sur ses oreilles.
— Je ne te veux pas de mal, mais ça ne sera peut-être pas le cas des autres gens, continua le paysan. À cause de votre peuple qui n'a pas voulu nous aider pendant je sais plus quelle guerre.
Mélusine se retourna vers Ephrem qui semblait tout aussi ahuri qu'elle devant ce comportement. Il semblait également un peu déçu. Comme Mélusine, il ne pouvait s'empêcher de penser à : « c'est ça un Humain ?! ». Pendant ce temps, le vieux paysan avait entrepris d'examiner Ephrem des pieds aux oreilles. Comme Mélusine, il avait l'air d'être en bonne forme (même s'il semblait manquer de sommeil). Il rechercha des oreilles pointues, mais vit qu'ils étaient « normales », comme les siennes. Comme la couleur grise de ses yeux d'ailleurs. Il en conclut donc que celui-là devait être Humain, même s'il voyageait en compagnie d'une Elfe.
« Qu'est-ce qu'il faisait dans cette forêt avec une Elfe ? se demanda-t-il encore. »
Il remarqua que le jeune homme ne cessait de se masser le bras droit. Surpris encore une fois, le vieil homme fit un nouveau bon en apercevant l'épée qu'Ephrem avait tenté d'attacher tant bien que mal à sa ceinture. Ephrem et Mélusine le remarquèrent, et cette dernière lui demanda s'il avait déjà vu cette épée auparavant. Le paysan tourna la tête pour faire comprendre que non. Il leur expliqua ensuite que seuls les rois pouvaient s'offrir une arme comme celle-ci, incrustée d'autant de pierres précieuses. Le paysan demanda donc à Ephrem s'il était un proche de l'un des rois de Legnister, ou peut-être même un roi d'un autre continent. À son tour, Ephrem dut répondre par la négative et raconta comment il était entré en possession de cette fabuleuse arme. À la fin de l'histoire d'Ephrem, le vieil homme siffla pour marquer le fait qu'il était impressionné. Tomber ainsi sur un objet de grande valeur, dans une forêt en plus, il fallait vraiment être chanceux.
Les yeux toujours rivés sur l'arme, le vieil homme conseilla à Ephrem de mieux la dissimuler parce qu'elle susciterait à coup sûr la convoitise de tous les badauds qu'il rencontrerait sur son chemin. Lui-même avait du mal à détacher les yeux de cet objet qui aurait le pouvoir de le retirer de cette vie de dur labeur. Sans la regarder, il conseilla également à Mélusine de cacher ses oreilles pour ne pas trop attirer l'attention sur elle. Les mains toujours sur les oreilles, Mélusine remercia l'homme pour ses conseils et lui demanda le nom du village où ils se trouvaient.
« Vous êtes sur les terres de notre roi immortel, le bon roi Mellas, dit le paysan avec fierté. Il gouverne le royaume de Lognis. Et le village que vous voyez derrière moi c'est Cemen, continua-t-il en montrant la direction avec son pouce sans se retourner. »
— Un roi immortel ? s'exclama Mélusine surprise. Alors vous n'êtes pas gouverné par un Humain ! observa-t-elle.
— Ho que si qu'il est Humain ! le corrigea le paysan qui ne cessait de transpirer. Mais il est quand même immortel. Voilà maintenant presque un demi-millénaire qu'il veille sur nous.
— Je croyais que les Humains ne vivaient que très rarement au-dessus de 150 ans ? questionna Ephrem.
— Les proches du roi peut-être, mais pas nous autres les fermiers et les paysans, expliqua le vieil homme fatigué. Pour notre roi c'est normal, il est béni par Origine je pense, c'est pour ça qu'il ne vieillit pas.
— Votre roi est vraiment immortel ? Vous en êtes sûr ? insista Mélusine sceptique.
— Je ne sais peut-être pas lire et écrire, s'énerva le vieil Humain qui commençait à trembler, mais je connais quand même depuis combien de temps notre roi est là !
— D'accord, s'excusa l'Elfe. Je suis désolé d'avoir insisté. Mais voyez-vous, d'après ce que je sais, les Humains ne sont pas une race d'immortelle. Alors je cherchais juste à comprendre, se justifia-t-elle.
— Hé ben notre roi si, conclu l'homme assez brutalement.
Ephrem murmura à Mélusine de ne pas énerver cet homme alors qu'il les avait bien conseillés. Le jeune Elfe redressa ses lunettes sur son nez, et d'un air grave demanda à Ephrem s'il croyait vraiment aux inepties de cet homme qui apparemment n'avait pas toute sa tête. N'ayant pas pour habitude de chuchoter, Mélusine n'avait pas parlé assez bas, et fut entendue par le paysan. Le visage de ce dernier était devenu cramoisi aux endroits où la boue n'était pas étalée.
« Si vous partez pas maintenant, c'est un homme qui n'a pas toute sa tête qui va vous chasser à coup de fourche, aboya le paysan en colère en ramassant son outil de travail sur le sol. »
Mélusine et Ephrem reprirent leur chemin très rapidement, en direction de la première maison qui n'était plus qu'à quelques pas. Courant presque, Ephrem se disait que Mélusine devrait apprendre à parler moins et surtout moins fort.
Arrivé au village de Cemen, le duo prit quelques secondes pour reprendre leur souffle. Mélusine posa son gros sac par terre et commença à y fouiller.
« Que cherches-tu ? chercha à savoir Ephrem. »
— Quelque chose pour cacher mes oreilles, répondit-elle. Quant à toi, c'est ça que tu devrais cacher compléta-t-elle en montrant l'épée bien visible à la ceinture de son frère.
Ephrem croisa les bras et réfléchit un instant avant de déclarer qu'il n'avait rien emmené qui pourrait lui servir à enrouler une épée. Accroupie devant son sac, Mélusine émit un son à mi-chemin entre un grognement et un sifflement, et sortit un long ruban rouge aux motifs floraux, et un autre ruban entièrement noir. Elle tendit le ruban noir à Ephrem, et garda l'autre pour l'enrouler autour de son crâne, de sorte que ses oreilles n'apparaissent plus. Seules ses deux longues tresses blondes étaient encore visibles dans son dos. De son côté, Ephrem utilisa le ruban noir pour emballer son épée avec déférence.
« L'épée d'un roi ! pensait-il fièrement. »
Mélusine attendit qu'Ephrem finisse avant de se remettre en route.
« Nous allons nous renseigner auprès de ces personnes sur la route à suivre pour atteindre Luctès, décida Mélusine en montrant une direction d'un rapide mouvement de tête. »
— Attends, l'arrêta Ephrem. Je voudrais te dire quelque chose avant, dit-il avec hésitation.
— Je t'écoute.
— C'est au sujet de ce qui vient de se passer, révéla-t-il. Nous devrions faire plus attention à ce que l'on dit, et aussi à ce que l'on fait.
— Mes actes et mes paroles sont toujours réfléchis Ephrem, rétorqua Mélusine. C'est d'ailleurs pour cette raison que je t'accompagne dans ton voyage. Pour m'assurer que tu ne dises ni ne fasses rien de fâcheux, lâcha-t-elle. Allons voir cette femme là-bas.
L'attitude cassante de Mélusine fit comprendre à Ephrem que ce voyage ne serait pas de tout repos.
D'un pas rapide et souple, Mélusine s'approcha d'une petite femme rondelette qui portait un panier en osier rempli de différents légumes issus d'une récente récolte. Cette dernière ne vit pas la jeune femme arriver et poussa un cri de surprise quand celle-ci plaça une main sur son épaule tout en l'interpelant. Contrariée d'avoir été ainsi abordée et arrachée à ses affaires, la paysanne se retourna et fusilla Mélusine du regard. Fatiguée, elle semblait manquer de sommeil (comme Ephrem). Ses lourdes paupières et sa mâchoire carrée laissaient deviner qu'on avait à faire à une femme dotée d'un fort caractère. Nullement impressionnée, Mélusine lui dit bonjour, le visage souriant, puis lui demanda de lui indiquer le chemin qui pourrait la conduire elle et son frère vers le village de Luctès. La petite femme, l'air toujours contrarié, regarda Ephrem arriver, et s'étonna que ces deux-là puissent être frère et sœur tellement ils semblaient différents l'un de l'autre. N'ayant pas le loisir de s'intéresser davantage aux étrangers, la femme répondit d'une voix sèche d'aller faire un tour au « Cémenois ronfleur », une auberge qui se trouvait un peu plus loin sur le chemin de terre, puis se retourna et partit sans attendre de remerciement. Ephrem avait entendu la courte discussion, et fut surpris que la femme ait indiqué à Mélusine où trouver une auberge au lieu de lui donner la direction de Luctès. Il lui demanda alors ce qu'elle en pensait. Il avait à peine fini sa phrase que Mélusine, sans le regarder, lui répondit d'une voix rapide et cinglante que cette femme savait qu'ils auraient besoin d'un endroit où passer la nuit, car ils ne pourraient sans doute pas atteindre leur destination avant ce soir. Voyant Mélusine partir encore une fois sans l'attendre, Ephrem comprit qu'elle était toujours fâchée contre lui. Il haussa les épaules, comme pour dire tant pis, et la rattrapa pendant qu'elle suivait seule le petit chemin qui serpentait entre les petites bâtisses.
Ephrem et sa sœur marchèrent un moment, l'un dans l'ombre de l'autre, jusqu'à arriver devant une grande maison en bois. Sur la porte de cette bicoque était écrite : « Cémenois ronfleur ». Le nom de l'établissement, dont chaque lettre n'avait pas la même taille, était d'une couleur rose criard. Il semblait avoir été écrit par une personne hésitante ou tremblotante. Les fleurs dessinées tout autour, sans doute dans le but d'embellir l'ensemble, devaient sûrement être l'œuvre d'un enfant particulièrement brouillon.
Proche de l'auberge, une petite bande d'hommes à l'aspect douteuse était absorbée par une discussion houleuse où le ton montait un peu plus à chaque nouveau mot. Ne se sentant pas rassurée, Mélusine oublia momentanément qu'elle était vexée et ralentit le pas pour être à la hauteur d'Ephrem.
« Dépêche-toi un peu ! lui somma-t-elle. »
— Je fais aussi vite que je peux, ronchonna-t-il, mais je suis fatigué.
— Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Quelle idée de passer la nuit à jouer avec une épée, gronda-t-elle.
Vexé à son tour, Ephrem fit cependant le choix de ne pas montrer son mécontentement à Mélusine. Ils montèrent les marches en bois qui les menèrent jusqu'à la porte de l'auberge. Les hommes, qui continuaient à se disputer, ne remarquèrent pas que des personnes à l'apparence inhabituelle étaient passées proche d'eux. C'est ce que croyait Mélusine en tout cas ! Quoiqu'il en soit, elle poussa la porte, Ephrem sur ses talons. Une fois à l'intérieur de l'auberge, ils furent envahis par une odeur nauséabonde de fleurs pourries, comme si elles avaient baigné trop longtemps dans l'humidité. À peine leurs yeux s'étaient-ils habitués à l'intense clarté due à la vingtaine de petites lampes éparpillées dans toute la pièce, qu'ils furent abordés par une très grande femme, qui portait dans une main un chat à qui il ne restait plus beaucoup de poils. De sa voix chevrotante, elle souhaita le bonjour aux deux nouveaux arrivants, et de sa main libre tira Ephrem jusqu'à un vieux comptoir en bois mité et éraflé. Elle en fit le tour pour se mettre en face de son client et lui demanda d'une voix qu'elle voulait suave :
« Combien de nuitées, je te prie ? »
En voyant son visage, Ephrem crut avoir affaire à une vieille chouette ! La peau toute ridée de son visage était parsemée de nombreuses tâches sombre et ses yeux étaient exagérément grossis par ses lunettes, qui reposaient sur le bout d'un long nez crochu en forme de bec. Ses cheveux courts étaient plaqués, mais deux épis rebelles restaient relevés suffisamment haut sur sa tête, faisant croire que c'était là l'emplacement de ses oreilles de chouette. Elle portait un épais pull en laine jaune canari, et ses manches, qui avaient été enlevées, laissaient voir ses longs bras osseux, dont les doigts se terminaient par de puissantes serres. Ephrem remarqua que le vieux chat gris, qu'elle portait toujours d'une main, avait les yeux d'un blanc laiteux. Mélusine arriva en toute hâte et répondit qu'ils étaient avant tout venus pour avoir des informations sur la route à suivre pour se rendre à Luctès.
« Vous voulez aller à Luctès mes petits ? gloussa la vieille femme. Vous devez donc d'abord passer par Eluse, mais vous ne l'atteindrez pas avant la tombée de la nuit. Je vous conseille de rester. Par les temps qui courent, ça devient dangereux de dormir à la belle étoile ! »
— Nous allons suivre votre conseil, décida Mélusine. Alors juste deux chambres pour cette nuit s'il vous plaît.
— Je suis désolé, mais il ne me reste qu'un lit de libre pour ce soir, expliqua la chouette.
— Ça sera parfait dans ce cas, commenta Mélusine.
— Votre prénom, je vous prie, demanda la vieille femme en pointant un morceau de crayon complètement rongé au-dessus d'un long et antique registre.
— Je suis Mélusine, et lui, dit-elle en tenant Ephrem par un bras, c'est mon frère Ephrem.
— Très bien, dis l'aubergiste qui finissait d'écrire les prénoms. Ha ! s'écria-t-elle en refermant l'épais registre qui toussa une épaisse poussière, j'allais oublier. Je ne me suis pas encore présentée, gloussa-t-elle. Moi c'est Cherdrude. À votre service, dit-elle en essayant d'incliner la tête. Ça vous fera 160 hélis de cuivre pour vous deux, annonça-t-elle en ouvrant ses serres.
— Excusez-moi, madame Cherdrude, mais que signifie « 160 hélis de cuivre » ? chercha à savoir Mélusine, qui était aussi surprise qu'Ephrem.
— Ho ! Pour un peu je vous croirais, pouffa Cherdrude. Alors ? persista-t-elle en tendant de nouveau sa main décharnée.
— Je regrette madame Cherdrude, hésita Mélusine, mais nous ne sommes pas d'ici et nous ne savons pas de quoi vous parlez !
— Vous n'êtes pas d'ici ! reprit une voix forte derrière Mélusine et Ephrem.
Ils se retournèrent en même temps, et constatèrent avec horreur que la petite bande d'hommes qui se trouvaient à l'extérieur il y a encore quelques minutes était maintenant entrée dans l'auberge, avec sur leur visage une expression de haine féroce.
Ce passage dépeint un contraste saisissant entre le monde des Elfes et celui des Humains, mettant en lumière les préjugés, les incompréhensions, et les tensions qui existent entre ces deux peuples. On y découvre un village humain terne et chaotique, en opposition à la beauté ordonnée d'Yggdol, la forêt des Elfes. Ce cadre pose une ambiance de méfiance et de mystère, notamment avec la rencontre d'un paysan méfiant et la découverte d'un roi humain immortel, qui soulève de nombreuses questions.
Les rencontres inattendues peuvent parfois briser les illusions les plus ancrées. Mélusine et Ephrem, fraîchement sortis de la forêt des Elfes, se retrouvent face à une réalité humaine bien différente de ce qu'ils imaginaient. Comment réagiriez-vous en découvrant un roi immortel dans un monde où cela semble impossible ? Croyez-vous que les légendes et les mythes cachent parfois une part de vérité ?
Laissez vos réponses en commentaire, et partagez vos réflexions sur la différence entre ces deux mondes... Pensez-vous que Mélusine et Ephrem finiront par s'intégrer ou bien seront-ils toujours considérés comme des étrangers ?
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