Le plan

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 Le lendemain, je me réveille avant Sophie et attrape mon téléphone. Ce fou m’a encore envoyé des messages alors que nous sommes en week-end. J’espère qu’il va me dire que je suis libre de faire ce que je souhaite et qu’il a enfin décidé de me rendre la vie que j’avais avant son arrivée. Bien entendu, ce ne sont que de vains espoirs et je sais très bien que je devrais m’en débarrasser moi-même.
Bonjour, James.
Aujourd’hui, nous sommes samedi. Demain, nous serons dimanche. Dans deux jours, nous serons lundi. Tu l’auras compris, je vais te donner des objectifs que tu devras préparer durant ces deux jours et mettre en œuvre à ton retour au lycée.
Je sais évidemment que tu es en compagnie de la jolie Sophie et que tu aimerais passer ces quelques jours de repos à ses côtés. Tu me connais, je n’ai pas pour habitude de te priver de tes proches. Tu as ta vie et je le conçois. J’ai réfléchi à comment l’intégrer dans toute cette histoire.
Et devine quoi ? Elle est parfaite pour mon plan ! Tu as donc à nouveau deux objectifs et une règle.
Règle : Sophie ne doit rien savoir de notre histoire. Tu dois la convaincre de t’aider sans qu’elle ne connaisse mon existence.
Premier objectif : Vous allez devoir détruire la poubelle qui sert de véhicule à votre proviseur. Elle coûte quelques dizaines de milliers d’euros et il a probablement économisé longtemps pour se l’acheter. Crevez les pneus, détruisez les vitres, faites-vous plaisir !
Second objectif : La vengeance est un plat qui se mange le lundi ! Je n’ai pas trop apprécié les mots qu’il a employés pour vous parler, à ta chérie et à toi. Allez dans son bureau et faites ce que vous voulez. Mais faites-lui comprendre qu’on ne rigole pas avec mon petit protégé.
Je vous laisse assez libres sur la manière de détruire ses biens, mais je validerai en personne vos actions. Et je ne vais pas te mentir, si tu échoues, plus de romance !
Bon week-end, et bonne planification, mon petit protégé.
Je ne saurais dire pourquoi, mais je trouve cette perspective intéressante. Une vengeance dans laquelle je ne suis pas le seul acteur ? Tout le monde accepterait de m’aider, mais je ne dois pas trop en parler.

 Je descends au rez-de-chaussée pour préparer notre petit-déjeuner. Deux chocolats chauds et des tartines de pain de mie accompagnées de confiture de framboise, pâte à tartiner ou miel, le tout dans un joli plateau que j’emmène dans ma chambre. Je le pose délicatement sur ma table de nuit et m’assieds au bord du lit, posant délicatement une main sur la joue de ma demoiselle encore endormie. J’approche mon visage du sien et elle entrouvre les yeux lorsque je dépose un baiser sur ses lèvres.
— Oh, James !
Hello, Sophie !
— Ça sent bon… c’est quoi ?
— J’ai préparé un petit-déjeuner pour tous les deux.
— C’est si mignon.
Elle esquisse un sourire et je m’allonge à ses côtés, attrapant le plateau. Elle se redresse doucement et se met à manger.
— Tu as trouvé mon point faible, James. J’ai toujours faim en me réveillant, alors tu ne pouvais pas me faire plus plaisir.
— Tu m’en vois ravi !
Nous rigolons tous les deux, échangeant quelques baisers au fur et à mesure que le plateau se vide. Je mange plus lentement qu’elle, alors elle m’observe finir mon chocolat.
— Tu as une mine beaucoup plus rayonnante aujourd’hui, chéri. Une bonne nouvelle à m’annoncer ?
— Pas exactement.
— Alors quoi ? Dis-moi tout !
— En préparant le petit-déjeuner, ce matin, j’ai eu une idée et je pense qu’elle pourrait te plaire.
— Une idée ?
— Tu vois, le proviseur ? Je pense qu’on devrait se venger. Lundi, on met en péril notre année pour la bonne cause à travers deux actions.
— J’aime déjà le plan avant même que tu ne me l’exposes. Il va prendre, le gredin !
— Comment tu parles ? Plus personne n’utilise ce mot depuis cent ans !
— Je t’emmerde ! Tu préfères que je sois vulgaire comme ça ?
— Je préfère, oui, dis-je en rigolant. Je t’expose mes stratagèmes ingénieux pour le torturer ?
— Oui, chef ! Que devons-nous faire, chef ?
— La première action consiste à attaquer sa voiture. Je suis sûr qu’il y tient plus que ses enfants.
— C’est bien le genre. On crève les pneus, mon capitaine ?
— Exactement. Et on brise les vitres.
— Aussi, on peut faire des trous dans la carrosserie ?
— Tu penses y arriver ?
— Peut-être pas, mais un marteau sera bien efficace pour au moins l’abîmer.
— C’est vrai. Ensuite, il faut qu’on arrive à s’infiltrer dans son bureau.
— Tu es fou… j’adore cette idée ! On a tout le week-end pour planifier un plan infaillible pour ne pas se faire repérer. Tu me suis ?
— C’est plutôt toi qui me suis dans mon idée, là.
— On se suit, alors !
Elle se lève d’un bond et sort de la chambre en rigolant.

 Être l’ami de Matthias m’a beaucoup appris et je sais désormais comment éviter les surveillants lorsque je dois commettre un méfait. Le vestiaire est une vraie jungle dans laquelle il n’y a aucune limite, Audran peut témoigner. Malheureusement, sauf proviseur étonnant, je doute que sa voiture soit garée sous une douche. Il va falloir ruser pour ne pas être vu. Premièrement, les surveillants sont à l’entrée aux heures de pointe : récréations, repas méridien, fin de la journée. Deuxièmement, aucune salle ne donne de vue directe sur le parking, mais il est facile de voir un lycéen s’y diriger, ce qui est un comportement louche pour un couple n’ayant pas encore de permis de conduire. Il faut contourner le lycée et longer les murs pour ne pas se faire repérer, ce qui est impossible durant un intercours, les surveillants sont présents de partout. Sophie acquiesce, nous allons devoir manquer l’intégralité des cours de la journée pour mettre notre plan à exécution, ce qui complexifie d’autant plus la tâche. Personne ne doit nous apercevoir. « Salut James, pourquoi tu n’es pas en cours ? » Je vois déjà la suite des événements.

 Plan pour accéder à la voiture discrètement : check ! Il nous suffira d’entrer par l’arrière du lycée, notre passage préféré pour aller à la superette plus rapidement. Jamais surveillé, nous pouvons être certains de ne pas être aperçus. Nous longerons ensuite les bâtiments jusqu’à la voiture de notre cher proviseur pour légèrement l’abîmer. Il faudra être rapides, le bruit pourrait éveiller des soupçons. Il nous reste maintenant à prévoir la partie la plus complexe de la journée.

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