Ode au voyage proche

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Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

L'attrait de l'horizon, voyager sans retour,

La rencontre des fous, des savants et des sages

Sera-ce pour ce jour ?

Ô voyageur novice, ou bien de carrière,

Vers des pays connus, que l'on voudrait revoir,

Vers des contrées nouvelles, ou jamais une pierre

M'invita à m'asseoir !

Gaspésie radieuse, et rivières profondes,

Fière Scandinavie, aux fjords déchirés,

Kamchatka, Alaska : j'entends vibrer vos ondes,

Toponymes adorés.

Déserts sans fin d'Afrique, accablés de silence ;

Quand vient sombrer le jour, englouti par les cieux,

L'abysse céleste n'écoute que mon coeur en cadence.

Instants harmonieux.

Mondes australs étranges, suis-je sur cette terre ?

Des oiseaux et du vent, je perçois les échos,

Sabirs vernaculaires, inconnu qui m'est cher

Ne saisis aucun mot :

Cartes omniscientes, mappemondes propices !

Je suis votre légende et des fleuves le cours :

Voluptueux contours, vos tracés sont délices

J'y passerais mes jours !

Chemins pieux et temples, que mille fidèles implorent,

Passages tortueux,

Choisis par les marins que les sept mers dévorent,

Pas tous, il est heureux.

De tous ces territoires, je me demande encore,

Lequel d'entre eux me fuit ;

Lequel concentrera les splendeurs de l’aurore

Et mille-et-une nuits.

Est-ce là l'horizon, la flamme fugitive,

De la route, jouissons !

Sommets escaladons, longeons écueils et rives ;

Et rivières, passons ! »

Se peut-il que la fin dissipe notre ivresse ?

Les flots des océans nous emplissent de bonheur,

Peuvent-ils nous fuir de la même vitesse

Une fois parvenus ? Malheur !

Des rames dans l'écume ne laissent aucune trace ?

Parcelles fugaces de temps, plage des pas perdus !

Notre but les éloigne, notre soif les efface,

Nous ne les verrons plus !

Everests et cîmes, fosses et noirs abîmes,

Sont-ce nos rêves atteints que vous engloutissez ?

Dites-nous : quand aura lieu l'instant sublime

Que vous nous ravissez ?

Fuite en avant, départs pour des raisons obscures.

Qui court après le temps ne peut pas rajeunir,

Aveuglé par les charmes d'une lascive nature,

Se confondent les souvenirs !

Fades sont les piments, plats les puissants orages,

Et faibles au demeurant, ces ineptes coteaux,

L'on ne retrouve plus nulle part ces terres sauvages,

Ces vivifiantes eaux.

Boulimie de distance, par un tour de passe-passe,

Les lieux les plus étranges semblent se répéter,

Des tréfonds de l'ennui il faut refaire surface

Une neuve clarté.

Sentons les proches sentes et le vent qui soupire,

Redécouvrons le près, et les prés embaumés,

L'insoupçonné vibrant, marche, parcours, respire,

Renouvelle pour aimer !

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