Le plan à quatre 12/52
Le ciel était entièrement bleu, il n’y avait aucun nuage en vue. Le soleil chauffait doucement et le vent venait rafraichir la peau. Qelkax était installé sous un arbre, à l’ombre car il commençait à ne plus supporter ce climat si doux, si plaisant. Pour un gobelin, rien ne valait une grotte fraiche et sombre ou encore la beauté d’un marais putride. Il était coincé ici depuis plusieurs jours, sur cette île paradisiaque infestée de jolies femmes guerrières. Il avait affronté une gamine et deux amazones, essuyant presque une défaite à son dernier combat, le gobelin avait pris la fuite.
Depuis, il faisait profil bas pour éviter de se faire massacrer. Qelkax avait débusqué les fameuses boules que son livre lui indiquait pour capturer les guerrières. Restait donc à trouver les plus farouches, les plus fortes pour les faire siennes afin de rentrer chez lui. Il avait épié des discussions, apprenant qu’en haut d’un pic rocheux, se trouvait la sainte trinité. Un trio d’amazones qui dirigeait toute l’île. Le gobelin s’était donc intéressé à cette affaire mais l’ascension l’avait éreinté.
C’est ainsi qu’il se reposait sous un arbre, de là, il pouvait apercevoir les trois valkyries qui priaient le ciel pour protéger leur monde. L’une était petite, ressemblant à une gamine, avec une armure en or lui donnant l’aspect d’une abeille. La seconde était plus corpulente et plus âgée. Son corps imposant était couvert d’une protection en émeraude, du moins c’est ce qu’estimait Qelkax en observant la couleur et la brillance de l’armure. Et enfin la dernière, grande et élancée, elle était d’une beauté incroyable. Sa belle peau blanche était protégée par un équipement dans une étrange matière écarlate.
Notre gobelin réfléchissait à un plan d’action. Comment affronter la sainte trinité alors qu’il avait eu des difficultés faces à des adversaires ordinaires ? Sa dague suffirait-elle à percer des protections en or, émeraude ou encore une matière inconnue ? Il ne doutait pas de ses talents, mais ne se surestimait pas non plus. Qelkax songea à demander conseil à son grimoire mais celui-ci allait hurler et le faire repérer. Qu’avait-il donc en sa possession ? La bague de son seigneur ne lui servirait à rien, il notait aussi qu’en ayant pénétré un autre monde, la magie n’opérait plus, pour l’instant. Pouvait-il compter sur la baguette des couleurs ? Il sortit de sa besace, une branche biscornue et sans écorce, le bois était incroyablement blanc.
« Qelkax était ici » écrit-il sur l’arbre avec sa baguette. Les lettres brillèrent un instant avant de devenir d’un noir de jais. L’encre éternelle, c’était le sortilège qu’il avait utilisé. Il agita l’objet dans le vide, projetant de la peinture magie qui se figeait dans le vide. Le gobelin comprit alors qu’il pouvait même dessiner sans support ! Il ricana en imaginant un plan pour se battre.
Plus loin, les trois sœurs terminaient une chanson pour prier les dieux. La plus grande des trois, ramassa ses armes : deux longues épées, avant de se relever. Les deux autres en firent autant, la jeune empoigna son arc et celle qui était enveloppée prit son bouclier.
– Mes sœurs, que diriez-vous d’un entrainement ?
Elles acquiescèrent et se mirent en garde. Les trois souriaient, elles aimaient se battre et se défier pour toujours progresser. Mais un bruit étrange les interpela.
Venant des abords de la forêt, proche du sentier qui menait à la plage, un immense combattant s’avançaient vers elles. Une armure cubique protégeait son porteur, elle était de plusieurs couleurs : rouge, noir et quelques touches de jaunes. Un symbole était grossièrement dessiné sur le casque, comme s’il avait été fait par un enfant. Les valkyries foncèrent pour affronter l’inconnu. La plus petite bandit son arc avant de questionner l’adversaire :
– Qui es-tu manant ? Comment oses-tu venir ici ?
– Je suis… Goldehra ! Le dieu des gobelins ! Et je suis ici car… Le destin en a décidé ainsi ! Et vous trois, vous serez miennes !
– Riri et Fifi, en position ! hurla la plus grande.
La petite Rira décocha une flèche que Goldehra bloqua de son avant-bras. Il tendit l’autre pourvu d’un canon à la place de la main et fit feu. Une sphère métallique jaillit pour foncer sur la gamine mais Fifi se mit devant pour frapper avec son bouclier afin de dévier le projectile. La sphère explosa au contact de l’arme et la demoiselle en surcharge pondérale disparu dans un nuage de fumée rose.
– Loulou ! Il possède des Geishaballes ! Il peut nous vaincre !
– Il suffit d’éviter les balles ! On va le mettre en pièces et ensuite, on les lui mettra où je pense, à cet enfoiré !
La grande et belle guerrière Loulou, fonça sur le dieu gobelin. D’un coup rapide de son sabre, elle perfora le torse de son adversaire avant de trancher l’un de ses bras avec sa seconde arme. Goldehra tira une autre sphère en l’air avant de coller un revers à Loulou qui recula sous le choc.
– J’ai toujours rêvé d’un plan à quatre, mais je ne vous espérais pas si farouche ! beugla le dieu gobelin.
Loulou bondit pour frapper de nouveau mais le projectile lui retomba dessus pour percuter son épaule. Elle disparut à son tour dans un nuage de fumée. Riri, les larmes aux yeux, tira une pluie de flèches qui perfora de part et d’autre son ennemi. L’immense golem vacilla mais tenu bon au grand désarroi de la gamine. La petite dégaina son couteau pour foncer à corps perdu en hurlant. Elle ne vit pas le gobelin sortir d’un arbuste à sa droite pour lancer une dernière Geishaballe.
– Et de trois !
Qelkax bondissait de joie, il avait réussi, son plan à quatre avait fonctionné ! Bon, techniquement, c’était à cinq : les trois valkyries, son invention et lui, mais devait-il s’embêter pour des détails ? Il courut pour ramasser les boules contenant les trois plus grandes guerrières de ce monde, avec ça, il ne doutait pas de pouvoir rentrer chez lui.
Alors qu’il levait la sphère de Loulou au ciel en hurlant de joie, il fut frappé avec force et envoyé à terre. Il roula sur lui-même avant de s’arrêter, le visage dans la poussière. Ses côtes lui faisaient un mal de troll ! Il peina à se relever pour voir que son golem magique, créé par son talent de dessinateur, venait de l’attaquer.
– Comment oses-tu voler mes trophées ? Elles sont à moi ! Incline-toi devant ton dieu vile mécréant !!
Goldehra leva son bras armé pour tirer sur Qelkax qui fit un roulé-boulé pour esquiver. Le projectile fit exploser un rocher avec fracas. À bien y réfléchir, le gobelin pensait qu’il n’aurait peut-être pas dut équiper sa création d’autant de puissance de feu. Ou alors, ne pas imaginer qu’il se prendrait pour un dieu. Mais, c’était trop tard.
Armé de son courage, de sa dague et des trois guerrières, le gobelin prit la poudre d’escampette : une capacité souvent sous-estimée et pourtant, ô combien utile. Essuyant les éclats d’obus, il courut en direction de la grotte, pressé de rentrer chez lui. Le passage était ouvert, heureusement, il s’y engouffra s’en attendre. Il n’imaginait pas ce qu’il venait de faire, il avait lâché sur Amozomone, une créature qui allait ravager l’endroit. Goldehra ferait de toutes les amazones ses compagnes, créant le plus grand harem que l’univers ait connu. Mais ça, c’est une autre histoire., celle de Goldhora et le sextoy magique.
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