RENCONTRE DU LUTIN

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C'est arrivé il y a quelques années.

Je cultivais encore le jardin sur le chemin de la maison de la randonnée, à Bugarach, à droite juste avant le pont submersible. C'était un endroit surnommé « Le Four » par les anciens, car le soleil y donnait toute la journée. Il était bordé d'un côté par la rivière alimentée par le lac, lui même nourri par l'eau des cascades des Mathieu. J'y avais également le poulailler qu'il fallait aller ouvrir le matin et fermer le soir.


Et, un soir , je me suis rendu compte d'un coup que j'avais oublié de fermer. C'était déjà tard ! Probablement passé 23h, peut être même bien près de minuit ! On veillait souvent, c'était l'été... Je me suis levée de ma chaise, d'un bond, et j'ai traversé le village d'un pas rapide, espérant arriver avant le renard et sa grande faim de poules ! Les renards sont nombreux ici comme ailleurs ! J'ai ouvert le portail de grillage et j'ai traversé le jardin silencieusement. Juste avant le poulailler, il y avait une percée dans le talus de pierres sèches qui protège le jardin des crues. Cette percée mène à la rivière où nous prenions l'eau pour arroser.
Et à gauche de cette percée, il y avait une souche de saule. Il faisait clair, car la lune était pleine ou quasiment pleine.


Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, assis sur cette souche, un être de petite taille. Je le voyais de dos. Il semblait contempler la rivière, ou le reflet de l'astre nocturne dans l'eau. Cet être assez maigre était vêtu d'un pantalon foncé et d'une chemise claire. Il portait aussi un petit chapeau pointu marron ou rouge foncé.


Il régnait un grand calme dans cette partie de l'univers, et malgré tout, j'ai eu peur. Peur face à quelque chose que je ne connaissais pas, un être de légende. Je me suis baissée sans bruit pour ramasser un bâton, pour me défendre , et défendre mes poules aussi. C'était stupide et sans doute inutile. Mais c'était un réflexe...


Quand je me suis redressée, le lutin a tourné la tête dans ma direction. Il ne portait pas de barbe et je voyais son visage aux traits fins. Il m'a montré les dents. Des dents toutes pointues, en émettant un feulement, un peu comme les chats. J'ai senti la peur me glacer le dos, j'ai regardé deux ou trois secondes vers le poulailler qu'il me fallait fermer... Et quand j'ai reporté mon attention vers le visiteur nocturne, il avait disparu. La souche était dans un rayon de lune, désertée.


J'ai fermé la porte du poulailler et je suis restée un long moment à observer le jardin de part et d'autres, et le bord du ruisseau, mais il n'y avait vraiment plus personne, hélas.


J'ai retraversé le village, déçue, de ma réaction, et d'avoir loupé une rencontre aussi rare, par ignorance et par peur.


Mais je sais maintenant que nous partageons ce monde avec d'autres peuples, de ces êtres que l'on pense imaginaires, ou disparus.


Entre 2003 et 2005 environ.

Mza

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