La Valse du troisième temps : Passé
Lorsqu'Alice était petite, elle jouait avec les enfants du quartier. Tout semblait normal pour la petite fille et sa famille, enfin presque...
Souvent sa mère la voyait parler seule mais elle pensait que, comme tous les enfants, Alice avait un ami imaginaire et que ça passerait avec le temps. Cependant le temps passait et cet ami imaginaire était toujours là. Elle voyait sa fille danser seule quelques pas de valse, cette danse qu'elle aimait tant.
Un jour, Alice était partie jouer avec les enfants du quartier sur les conseils de ses parents, plutôt que de rester enfermée à la maison. Quelques heures plus tard, la mère d'Alice était sortie paniquée après avoir entendu des cris de plusieurs enfants. Ceux-ci hurlaient de peur et fuyaient Alice. La pauvre enfant trainait les pieds et pleurait à chaudes larmes.
Qu'est-ce qui n'allait pas chez leur fille ? C'était la question qu'ils se posaient encore et encore. Par la suite, Alice ne sortit pratiquement plus excepté pour l'école où là aussi les enfants avaient peur d'elle, ils la prenaient pour une folle. Alice ne comprenait pas pourquoi tout le monde la trouvait étrange, pourquoi personne ne parlait à son seul ami qui passait son temps avec elle, cet ami qu'elle jura un jour d'épouser car il était le seul à la comprendre et à ne pas la fuir.
Par curiosité et par inquiétude pour sa fille, sa maman lui posait des questions sur ce seul ami en demandant à Alice de le lui présenter. Ce que fit l'enfant. Elle invitait Tim, son ami, à rentrer chez elle pour que sa maman le voie. Celle-ci regardait autour de sa fille mais elle ne voyait personne, elle faisait quand même semblant de voir le jeune garçon que sa fille lui présentait. Et demandait le plus d'informations possible auprès d'Alice, car selon elle Tim était timide : elle répondait à sa place.
Par la suite, Alice partit jouer avec son copain et danser sur leur musique favorite, une belle valse en trois temps. Lorsqu'elle dansait avec Tim, Alice se sentait libre, virevoltant sur les rythmes gracieux de la valse, un, deux, trois, un deux, trois ... Les larmes aux yeux, la mère d'Alice la regarda danser seule dans le salon, une danse légère, presque évanescente, comme si elle était portée sur un nuage à travers le ciel bleu.
Alice n'était pas au courant des trouvailles que ses parents avaient fait sur cet ami Tim : ils emporteraient dans leurs tombes la réponse qui aurait pu aider leur fille à être normale. Un jour, alors qu'Alice dansait la valse dans le jardin, regardant le ciel bleu, Tim avait arrêté de l'accompagner dans ses pas, le regard sombre, et était parti sans un mot. Lorsqu'Alice tourna vers sa maison le sol se déroba sous ses pieds, tel un sable mouvant, ses jambes flanchèrent, la laissant tomber lourdement au sol, les yeux brillants de larmes devant un brasier rouge sang dont la fumée cachait ce ciel si bleu.
Une main froide se posait sur ses épaules, Tim se penchait près d'Alice et séchait ses larmes en lui chuchotant : "Un jour, tu les reverras comme toi tu me vois... Mais ça sera uniquement quand ta peau de porcelaine deviendra froide et que cette valse que tu aimes tant t'emportera dans les ténèbres et la mort..."
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