Il était une fois ?

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Il était une fois, dans le lointain, très lointain royaume de Mythopia, existait une tour si haute qu’on n’en voyait pas le sommet, et si biscornue que c’était à se demander comment elle pouvait tenir. À l’intérieur, vivait une princesse dont on disait que la beauté faisait éclore les fleurs. Mais la pauvre malheureuse était retenue captive par le cruel sorciers Krampus, qui voulait la forcer à l’épouser.

Nombreux furent les princes qui tentèrent de la sauver, mais aucun n’en revint, car la tour et ses environs étaient truffés de pièges : forêt de ronce, brouillard empoisonné, féroce dragon, couloirs labyrinthiques et sans fin, portes qui ne mènent nulle part, et tant d’autres obstacles...

Mais tout cela ne faisait pas peur au valeureux Prince Michel, du royaume d’Edaripo bien décidé à sauver sa demoiselle en détresse. Enfourchant son fidèle destrier blanc Michel Jr, il parcourut monts et souterrains, déserts et océans, afin de rejoindre sa belle.

Rapidement, l’immense forêt de ronces entourant la tour se dressa devant lui, mais il ne se découragea pas pour autant. Il se tourna vers son écuyer, qui jusqu’ici, le suivait à pied, et lui demanda :

« Gny, mon petit, pouvez-vous me sortir la relique sacrée de Saint Glyphosyte ? »

Le garçon sortit de sa sacoche une boîte d’un magnifique vert émeraude et la dirigea vers l’épaisse forêt épineuse. Celle-ci émit tout à coup une douce lumière blanche et, comme par miracle, les plantes se mirent à faner. Ainsi, les deux compagnons continuèrent leur route.

Le Prince Michel n’eut non plus pas beaucoup de mal à traverser le brouillard empoisonné. En effet, avant son départ, le plus puissant magicien d’Edaripo, le grand Merlux, lui avait confié un artefact d’une grande rareté : un masque magique qui lui permettrait de traverser les miasmes sans problèmes.

Alors qu’il voyait la tour se rapprocher, le Prince entendit son écuyer se plaindre :

« Monseigneur... Pouvez-vous... Avancer... Moins... Vite...

  • Allons, mon petit, dépêchez-vous, on ne fait pas attendre une dame.
  • Mais... Je... Je ne me sens... Pas très bien...
  • C’est vrai qu’à force de respirer dans ce foutu masque, je commence aussi à avoir la tête qui tourne. Raison de plus pour se dépêcher, plus vite on sortira de ce brouillard, plus vite je pourrais l’enlever.
  • B-Bien... Monseigneur... »

Tout à coup, un terrible rugissement retentit, et l’épais brouillard fut soudainement transpercé par un jet de flamme.

« Haha ! Voilà enfin l’épreuve que j’attendais tant ! »

Le Prince Michel sauta de son cheval et dégaina son épée. Un sourire confiant aux lèvres, il se dressa face à l’imposante bête qui lui souffla alors au visage une bouffée d’air brûlant. Prenant son courage à deux mains... Il donna son épée à Gny et courut jusqu’à la porte de la tour en se faufilant sous les jambes du dragon.

« MONSEIGNEUR !?!

  • Je te laisse le dragon, Gny ! On ne fait pas attendre une dame ! »

Après avoir affronté bravement nombre de dangers, le valeureux Prince était finalement parvenu à pénétrer la tour. Mais sa quête n’était pas pour autant terminée. Il devait d’abord réussir à trouver la belle princesse à travers ce dédale sans fin de couloirs, d’escaliers, et de portes. Et peu importait combien de temps ça lui prendrait. Il ne repartirait pas sans sa belle.

Heureusement, il avait avec lui un autre objet sacré. Un parchemin qui se transmettait de père en fils depuis plusieurs générations. Il déroula soigneusement et récita la formule magique pour l’activité :

« Pokeprincesse Go ! »

Une énorme flèche rouge se forma alors sur le parchemin et le Prince esquissa un sourire triomphant.

« Je viens à vous, ma Princesse ! »

Le Prince n’eut alors plus qu’à suivre la direction que lui indiquait la flèche. Ainsi, sans même se perdre une seule fois, il arriva rapidement au sommet de la tour. À présent, il n’y avait plus qu’une porte qui ne le séparait de sa bien-aimée. Cette quête était vraiment simple. C’était à se demander comment autant d’hommes avaient pu échouer jusque-là.

Il saisit la poignée et la tourna, doucement. La porte s’ouvrit dans un grincement, et la vision qui s’offrit au Prince le laissa bouche bée. La Princesse était là, endormie dans son délicat lit à baldaquin, ses magnifiques cheveux noires formant une cascade d’or autour d’elle. Les rumeurs vantaient sa beauté, mais elles ne lui faisaient pas honneur. La Princesse était bien plus belle qu’elles ne le disaient. Le Prince remarqua également le gros chat blanc qui ronflait silencieusement dans un coin de la pièce, mais reporta aussitôt son attention sur sa belle.

Il s’approcha, à pas de loup, et se pencha sur la jeune demoiselle pour lui donner son baisée libérateur. Mais tout à coup...

« Puis-je savoir qui vous êtes et ce que vous faites ? »

C’était la Princesse qui venait de se réveiller.

« Oh, mes excuses ma chère demoiselle, je pensais que vous étiez plongée dans un profond sommeil.

  • Ah parce que vous avez le droit de m’embrasser sans mon consentement si je dors ?
  • Eh bien, je...
  • Peu importe, vous n’avez pas répondu à ma question. QUI ? ÊTES ? VOUS ?
  • Pardonnez-moi, dit le Prince en s’écartant, je n’ai pas eu l’occasion de présenter. Je suis le Prince Michel du royaume d’Edaripo. Je suis venue vous sauver.
  • Mhm... Très bien... Je vois... »

La Princesse leva, et se rapprocha du Prince qui se rendit compte qu’elle était plus grande qu’il le croyait quelques minutes plus tôt. À vrai dire, elle le dépassait même d’une demi-tête. C’était d’ailleurs peut-être pour ça qu’elle semblait à présent si imposante.

Elle se baissa à son niveau, ses mains appuyées contre ses genoux, son regard perçant rivé dans celui du Prince, et esquissa un sourire. Mais contrairement à l'image qu’il se faisait du sourire d’une princesse, celui-ci n’avait rien doux ou de chaleureux.

« Mon chou, commença-telle calmement, tu penses vraiment que j’ai besoin d’être sauvée ? On est plus au Moyen-Age tu sais, les princesses ne sont plus de pauvres demoiselles en détresse qui attendent passivement qu’on vienne les sauver. Au contraire même, votre soi-disant héroïsme quand vous venez à notre secours nous irrite plus qu’autre chose. C’est bien de vouloir nous aider, mais encore faudrait-il qu’on ait besoin d’aide. Alors tu es bien mignon, hein, mais tu vas foutre le camp de chez moi avant que je ne commence vraiment à m’énerver. C’est clair ?

  • Oui Madame, acquiesça timidement le Prince Michel avant de prendre ses jambes à son coup.
  • Oh, et tu ferais bien de t’occuper de ton écuyer, plutôt que d’une inconnue dont un barde sorti de nulle part t’as parlé. Ça évitera qu’il te trahisse un jour. »

Regardant du haut de sa fenêtre le Prince et son écuyer fuir sa tour à toute jambe, la Princesse soupira :

« Ahhh... Il va encore falloir que je renforce la sécurité...

  • On en est à combien ? Ronronna alors le chat qui venait de se réveiller.
  • Aujourd’hui ? C’est le dixième.
  • Ouah, un record.
  • Je vais vraiment finir par croire qu’ils n'ont rien d’autre à faire que de venir me déranger. »

Tout à coup, au loin, la Princesse aperçut un cheval s’approcher de la forêt d’épine qui avait depuis longtemps repoussée.

« Et de onze.

  • On dirait que je ne vais vraiment pas pouvoir finir ma sieste.
  • Tu vas le transformer en quoi cette fois-ci ? Crapaud ? Porc ? Demanda le chat.
  • Et pourquoi pas.... En rat-taupe nu ?!
  • Tiens, c’est original ça. J’approuve. D’ailleurs, pourquoi tu as laissé partir le dernier sain et sauf ?
  • L’écuyer me faisait un peu pitié. Il n’aurait pas survécu s’il avait dû rentrer seul. Bon, assez blablater, il est temps de se mettre au travail ! »

Sur ces mots, elle empoigna la baguette qui l’attendait sur sa table de chevet et, d’un sort aux paroles toujours plus farfelues, se débarrassa rapidement de son nouvel invité non-désiré.

Car la Princesse, bien plus déterminée que la plupart des princes qui avaient frappé à sa porte, était bien à vivre seule et heureuse pour toujours.

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