Vadrouille intérieure

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L'âme en vadrouille

Je pars, sans me retourner, sur le chemin blanc,

Épaissi par le ciel si courbé sous mes pas.

Je meurs de trouille,

Diable lui-même observe mon brave élan,

Rêvant à la fin de me jeter au trépas.

Mon âme est si fragile et si forte à la fois,

Donnez ma vie si je rebrousse un jour chemin.

L'horizon promis et mordoré se rapproche :

Dansent les rayons sur les ombres de mes mains.

Le crépuscule m'accueille de son silence,

Loin de la grise pluie et des si lourds reproches.

Me voici étrangère de mes décisions ;

Tout me vint hier par une nuit de folie,

Suite d'un jour triste de routine pesante.

Toutes mes pauvres questions bavaient sur le lit ;

Je devais enfin tourner la page suivante.

Au matin, la porte claqua. C'est bête, non ?

C'est le genre de jour idiot où l'on s'oublie,

Où l'on décide son destin d'un coup de tête

Sans même s'en fier aux astres et aux avis.

L'envie surgit, le délire pousse vers la sortie :

Fuir les cauchemars et suivre son cœur honnête

Ce n'est pas juste un rêve, c'est un cri pour la vie.

Les yeux pleins d'eau

Je marche jours et nuits sans détourner ma route

De cet horizon vidé de leur ferme empreinte.

A fleur de peau,

J'éloigne cette image, pose mon sac à dos

Sur les nuages pour m'alléger de tous ces doutes.

Le ciel alors accueille mes lourdes valises,

Me fait oublier la douleur et leurs affaires

Étouffées : Cerbère de leurs cœurs enfermés.

Le souffle de mon art vit toujours en mon cœur,

Ôtez les piques, mon chemin le galvanise ;

Il faut prendre confiance dans ses combats.

L'avenir se pend à la corde déchirée,

Jetée du pont de notre furieux bateau,

Ivre de biens, en manque de rien, tristement...

Les abeilles meurent par millions ici-bas...

Ma flamme, en moi, personne ne peut l'éteindre,

Même pas moi, jamais, pas pour ces raisons-là.

Dans leur insistance, ont-ils perdus la raison

A croire encore au monde actuel ? Je ne sais pas...

Larmes, ce sont eux que Diable va appeler

Dans les flammes de son enfer terrien, maisons

Nouvelles des premiers servis : vue sur la mer !

Tant pis pour leur survie, c'est leur choix après tout.

J'aurais voulu l'écrire cette explication,

Ces crimes, ces injustices, ces délations

Contre lesquelles on peut gagner mais à quoi bon ?

Je suis fatiguée : ils ne veulent pas l'entendre...

Soit, nager à contre-courant de mon désir,

Je suis fatiguée : allons, si c'est leur plaisir...

C'est amusant,

Je vogue sur les auras des Autres, accueille

Leurs sources de savoirs précieux ; les fruits se cueillent.

C'est affligeant

De voir en parallèle de glauques troupeaux

D'humains dépecés d'âmes détruire notre eau.

Raser les forêts, étouffer les océans,

Papy me le disait, la Terre, on l'a détruit.

« Je suis content quand des maisons sont inondées,

Elle nous rend la monnaie de notre égoïsme. »

Mais dis-moi, papy, si ton fils vivait là-bas,

Tu le penserais ? Le vieux con le restera...

Je peux le comprendre, les littoraux deviennent

Briques de béton, amarrages de noyés,

Les bois se vident d'arbres vitaux, étouffés

Par la bêtise des cultures des affamés...

Pourtant, les innocents sont dans les mêmes rangs,

Regardons la glace, qui justifie ces actes ?

En ville, le tram peut remplacer les voitures,

Dans nos campagnes, battons-nous pour la remise

En route de nos trains ; et retirons les ordures

De toutes natures... boycottons les couardises !

Mais quelle tristesse, je les entends les perfides :

On préfère râler sur les retards des lignes...

Face à ces constats, je reprends mon sac à dos,

Le chemin si calme, dans l'espoir, prend racines ;

Brille la lueur piégée entre mes mains.

Comme l'étoile du berger, si pure et sûre,

Je la suis, enivrée : tant pis si je clopine !

Dans la tourmente, on n'oublie jamais d'où l'on vient.

Au bord de l'eau

Je bois l'interlude de Gaïa, musicale,

Mais je ne m'abreuve pas, elle est devenue poison,

Folie des gros.

Mais au moins, je n'entends plus de nationale

Ni le bruit infernal des villes prisons.

Mes traits refont surface, ondulent sous le clair

De Lune : je te vois, brillant de ton pâle aspect ;

Se grave la cicatrice de nos secrets.

Je ne t'aime plus. Tu les attendais ces mots,

Les taches sur le papier fit virer le bleu ;

Tu le sais, j'aurais pu les crier mes adieux.

C'était un dimanche matin, à l'aube grise,

Le réveil sur un pauvre lino de plastique,

Le monde virait dans ma tête, comme morte ;

Qui serais-je aujourd'hui – on a ouï des râles –

Si personne n'était venu ouvrir la porte ?

Ce bon dimanche matin ou mardi minuit...

Je porte mon regard au loin, et je t'entends

Grommeler des jérémiades, impatiente :

«Ne sombre pas dans l'abîme, oh ! Juste écris. »

Je suis encore là, découvrir, c'est tentant

Et pour donner de la voix, aussi à l'écrit,

Je vivrais sur ce chemin, dans ces carrefours,

Troublant la vile dépression attirante.

Car jamais ne brûlera pour eux mon envie

De lutter pour le vivant, j'ai si soif de vie.

Le meilleur nous tend les bras, accrochons-y nous.

Le drapeau levé, l'idée claire ; à corps perdu

On avive le feu, éveillons les consciences.

Semons nos jardins, ceux du sol et ceux du lit.

L'âme en vadrouille

Je la joue mon histoire, les yeux grands ouverts

Sur ce paysage de rêves et de folies.

A l'horizon,

Toujours cette vision, cette sensation :

La miss de mes quinze ans en triste perdition.

Demain, en toute évidence, tendre les voiles,

Suivre le souffle du vent pour aller si haut :

Combattre est vital, même en silence des coups ;

Le monstre use ses dernières cartes stupides !

Retarde son heure, sauve sa peau de la lèpre,

Allons ensemble lui faire sonner les vêpres.

Ce temps mène à la danse de notre joyeuse

Révolution pour un étrange changement.

Les parents ne comprennent pas, c'est comme ça:

Ils veulent qu'on gagne notre vie, immondices !

Le métro, boulot, dodo ne nous manque pas.

On ne joue pas avec les méchants de l'histoire.

L'amitié comme l'amour et le respect,

Nous galvanise. Rejoignons les luttes actives.

La lumière au loin m'appelle, je te sens

Enfin libre. Au bout de tes doigts, intimidée,

L'histoire n'est plus enfermée dans un bouquin.

A toi ou moi, qui sait ? Le jeu vaut la chandelle.

"L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,"

Disait Rimbaud : prévoyait-il ma vie si blanche ?

La pureté des liens du cœur alors, j'accours

La famille, on peut la choisir et réparer

Les défaillances de l'autre ; M se partage

Certaines sont à la cité u, d'autres voyagent.

Sous les cinq fenêtres, j'ai vu votre présence

Dans l'art du ciel, baignée de mille couleurs.

Au loin, il me porte à croire en l'humanité

De par votre existence avec celles des Autres.

Et la tienne, toi, mon reflet noir, ma jumelle,

Le futur s'écrit dans la plainte des semelles.

T'avais l'air triste

Allongée sur l'herbe, tu regardais les vagues,

Je pensais te perdre dans le brouillard des anges ;

L'envie persiste.

Toi, mon reflet, tu épouses tous mes ennuis ;

Le pile ou face identitaire est né la nuit.

Dédié à Perle

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