1. L'anniversaire
Sur la petite planète reculée de Sol IV, il n’existait aucune date plus importante que celle du treizième anniversaire. C’était lors de cette grande journée que l’un passait de douces années de l’enfance aux capricieuses heures de l’adolescence. Un âge où l’on n’était pas encore tout à fait adulte, mais déjà suffisamment mature pour empoigner ses premières responsabilités… Cette brève histoire, Vaillance ne la connaissait que trop bien.
Quelques minutes avant le point du jour, pas un murmure n’aurait dû résonner à travers l’imposante demeure de la famille Weiss. D’ordinaire, personne n’avait l’habitude de se lever avant huit heures, et même les petits robots domestiques reposaient en veille, attendant que leurs maîtres les demandent.
Pourtant, en ce jour unique, une jeune âme était déjà réveillée, bouillante d’énergie. Son horloge n’affichait pas sept heures que Vaillance, fille aînée de la famille, s’apprêtait à tenir la promesse qu’elle s’était faite le soir d’avant : voir le soleil se lever sur son monde. Cette idée ne venait pas de nulle part, aujourd’hui, la jeune fille atteindrait l’âge de treize ans.
Depuis la grande fenêtre de sa chambre, elle contemplait l’horizon. Le ciel bleu sombre, hésitant entre la nuit et les premières lueurs du jour, s’éclaircissait doucement. Un peintre invisible projetait des gouttelettes de couleur dans le paysage pour le bonheur des yeux. D’un mouvement de la main, Vaillance désactiva la vitre et une brise d’été envahit les lieux. L’air chaud souleva les rideaux et entraina ses longs cheveux de jais. Vaillance prit une profonde inspiration. Ses narines se remplirent des effluves fleuris montant du jardin qui entourait sa maison et de l’odeur mouillée de l’herbe couverte de rosée. Ses fines lèvres roses s’entendirent en un large sourire. C’était comme si la planète entière voulait célébrer son passage à l’âge adolescent.
Si en cette saison il était rare d’avoir des nuages ou de la pluie, elle était persuadée que son père avait pris toutes les précautions pour que le temps ne change pas. Personne ne souhaitait que sa soirée d’anniversaire termine en fiasco et une météo ensoleillée était de rigueur. Enfin, c’étaient les mots que sa mère lui répétait à chaque fois.
Contente de son début de journée, elle se tourna vers sa chambre. Le loft douillet avait été aménagé spécialement pour la demoiselle. Murs pastel, un matelas moelleux garni de draps faits de barbe à papa et toute la technologie qu’une adolescente se devait d’avoir : Un morceau de paradis composé en son honneur.
Sautant dans son lit, Vaillance s’enroula dans sa duveteuse couverture pour combattre les fraicheurs aurorales. Tout en observant le ciel du coin de l’œil, elle activa d’un geste de la main l’holoécran qui s’étendait le long du mur d’en face.
Vaillance n’avait jamais démarré la télévision à cette heure matinale et son envie de nouveauté la poussa à essayer. La plupart du temps, la jeune fille aimait regarder des films et séries de ses genres préférés. Douces romances et fantaisies enfantines étaient son nectar. Les émissions sérieuses et documentaires étaient évidemment évitées comme la peste. Pourquoi gâcher sa vie sur des programmes aussi ennuyeux quand on a accès à un flux infini de nouveau contenu bien plus captivant? Ainsi l’écran s’ouvrit sur le symbole du U étoilé, le symbole de la Confluence unifiant toutes les planètes de l’espace connut.
D’ordinaire, la chaine d’information responsable des nouvelles venant des quatre coins de l’espace connu diffusait des émissions peu intéressantes. Si Vaillance s’endormait devant en temps normal, ces dernières tournaient à la torture quand son père les regardait durant le repas ce qui la privait de la moindre distraction. À ce moment-là, rien ne la retenait de changer de chaine, ce qu’elle s’apprêta à faire. Toutefois, son attention fut accrochée par un détail. Plissant ses fins sourcils, elle se donna un instant pour d’étudier les personnes à l’écran. Ce qu’elle avait d’abord pris pour un journal informatif était en fait une interview. Les participants sortaient de l’ordinaire, elle n’avait jamais vu d’individus comme ceux-ci. Le reporter, un homme des plus excentriques, était vêtu d’un costume jaune agressif.
Simplement poser les yeux sur lui lançait des crampes d’estomac chez la jeune fille. Il se tenait assis en face de trois personnes, une femme et deux hommes, tous plus intéressants que lui. L’un d’entre eux, un géant, dépassait le journaliste d’un solide vingt centimètres. Il portait un uniforme semblable à ses camarades, net et sobre, une touche futuriste, sublimant son aura carrée. Sur le tissu gris foncé avait été accrochée une légion de médailles, claire présentation de ses exploits passés. Cependant, ce ne fut pas cela qui empoigna l’attention de la jeune fille, mais son bras gauche. Vaillance avait déjà vu des bioniques par le passé, dans des livres d’histoire et les documentaires barbants de l’école bien évidemment. Depuis longtemps on ne les voyait que dans les musées. Pourtant, il en portait une et pas la moins impressionnante. Le métal noir formait un membre robuste, sobrement décoré de lignes grises formant un étrange symbole. La prothèse remontait le long de son corps jusqu’à l’épaule où elle s’agrégeait avec sa chair dans un épouvantable étalage. La peau de l’homme, laissé à l’air libre, tournait au violet et l’acier était marqué par éraflures, rouilles et peintures écaillées. Qu’il ne tente pas de cacher cette aberration horrifia la jeune fille, lui retourna l’estomac. Pourquoi s’exhiber ainsi ? Elle aurait aimé le lui demander. Décidant que la veste jaune n’allait pas la tuer, elle braqua son regard vers le présentateur et écouta attentivement.
— Bonjour tout le monde. Bienvenue sur Singularité, la chaine au cœur de l’information ! Aujourd’hui et en exclusivité, j’ai le plaisir d’accueillir les héros de notre nation ! Les guerriers légendaires ayant mis un terme à la guerre entre la Confluence et l’empire Vlin’ns, j’ai nommé les gardiens Haïkaden ! Tout d’abord, leader de l’escouade prime d’Alspire et la rose du champ de bataille, mademoiselle Honestie.
Tout en parlant, le présentateur pointa du doigt vers l’invité la plus proche. La jeune femme tourna la tête vers la caméra, adressa un signe de la main à l’audience et balaya ses longs cheveux d’or d’une manière fort séductrice. Vaillance l’imita instinctivement avant de rire toute seule. La soldate rayonnait d’une grande beauté et son sourire idyllique reflétait ses convictions. Même habillée de l’horrible uniforme, elle irradiait de prestance et aurait fait tomber n’importe qui sous son charme sans aucune difficulté. Derrière elle, un holoécran afficha plusieurs images d’elle, portant une combinaison de pilotage faite d’une étrange maille et couverte de gadgets métalliques. L’étrange habit soulignait sa musculature ainsi que ses courbes, un corps digne d’une déesse de la guerre.
Dans certaines images, Honestie se tenait épaulée à une grande machine de guerre, la monstruosité qu’elle menait au combat. L’adolescente en avait déjà entendu parler auparavant, un Orca. Le géant robotique mesurait dans les trois mètres et était l’armure que la Haïkadenne portait au combat.
— Miss Honestie, commença le présentateur avec un sourire charmeur, les dernières nouvelles nous informent que vous étiez présente à l’escarmouche de Magna Prime. Les rumeurs sont-elles fondées ?
— Évidemment Parker. Encore une fois, nous nous sommes donnés au maximum pour défendre les citoyens de la Confluence, roucoula la soldate.
— Je ne peux attendre d’en apprendre plus, reprit le reporteur. À côté de notre fleur, guerrier parmi les guerriers, je vous offre la haute lame Cardosa !
Avec l’annonce se lança un autre clip vidéo. Cardosa se trouvait au centre, torse nu, et jonglait avec une balle de la taille de sa main. Ses petits yeux noirs étaient entourés de peintures rouge fluorescent qui s’étendaient à tout son corps. Le motif parfaitement symétrique décorait aussi son Orca qui était marqué par de nombreuses marques de brûlures et d’impacts. Plusieurs extraits du guerrier combattant suivirent et Vaillance put le voir manier une longue épée à la lame couverte d’énergie bleutée. Même pour Vaillance, qui ne s’intéressait pas particulièrement aux haïkadens, le clip vidéo était incroyable. Elle ne se refusa pas un petit son d’ébahissement.
— Star montante sur la frontière ouest de la confluence et membre de la section Haïkaden de Nexil II. Les images que nous venons de voir datent de votre affrontement avec les pirates du système sydérien. Vous aviez aussi démontré votre talent lors du dernier tournoi de l’unité en affrontant Miss Honestie en finale. Toutefois, vous n’en êtes pas repartie les mains vides, car les rumeurs racontent que vous seriez maintenant en couple.
Cardosa sourit à la remarque, ses dents blanches bien visibles, ce qui fit frémir Vaillance. Sa peau noire ravagée de cicatrices et son allure lui donnaient des airs de grizzly.
— Oui, Parker ! Je ne croyais pas en ce vieux proverbe, ton pire rival peut se révéler ton meilleur allié. Mais je suis forcé de constater qu’il peut devenir encore plus.
Honestie et Cardosa échangèrent un regard mielleux. Vaillance roula des yeux. Les deux tourtereaux lui rappelaient un peu trop ses camarades de classe.
— J’espère que nous en parlerons après. Maintenant, notre dernier participant… le gardien Alexandr Lesskov. Le reporter hésita avant de relire ses notes. Vous êtes en fonction à la base Haïkaden d’Erin IV. Un vétéran de la guerre vlin’ns ? Et actuellement…
— Je suis un instructeur à la base d’Erin IV. Tout le plaisir est mien.
Vaillance s’enfonça dans ses coussins. La voix de l’homme sonnait profonde et rêche comme si sa gorge était taillée du même métal que son bras. Aucune chaleur ne se dégageait de ses mots et ils avaient suffi à jeter un froid sur la conversation. Mais ce n’était rien comparé à son regard, deux morceaux de glace bleue figés dans ses prunelles, aussi perçants que la morsure de l’hiver, mais captivants comme un paysage pétrifié par le blizzard. Vaillance serra son oreiller contre elle. Même séparée par un écran, elle sentit des frissons descendre le long de son dos. Son père, qu’elle trouvait terrifiant quand il s’énerver, n’arrivait pas à la cheville du soldat. Ce dernier était un homme libre. Un guerrier qui n’avait cure de l’avis des autres sur sa personne et qui était capable de dire la vérité là où tous se taisaient. Vaillance trépignait d’impatience à l’idée d’en savoir plus sur lui.
— Merci pour la précision, ricana fébrilement le présentateur, vous n’avez pas participé au combat récemment ?
Honestie commença à s’agiter sur sa chaise et à taper du pied frénétiquement. A la seconde ou la parole fut libérée, elle se l’accapara, empêchant l’homme de répondre par lui-même.
— Évidemment. Gardien Lesskov s’est battu sur le front durant des années. Les conflits ne sont plus pour lui. C’est tellement différent de ce qu’il connaît, il serait tout perdu !
Vaillance se redressa, une moue furieuse sur son petit visage. Elle voulait encore entendre l’homme parler, il était beaucoup plus captivant que la jeune femme en manque d’attention. Heureusement, la caméra retourna sur Lesskov et celui-ci put reprendre de sa grande voix.
— Comme gardienne Honestie l’a expliqué et comme nombre d’autres vétérans, je ne porte plus d’intérêt au combat. J’ai servi mes années et connu mon lot de conflits. Après tout cela, je ne compte plus poser un pied sur le champ de bataille, même si celui-ci n’est rien de plus qu’un terrain de jeux pour moi. Aucun mensonge de gloire ne me fera changer d’avis et je laisse cette tâche aux jeunes que je forme.
Vaillance eut le souffle coupé par la tirade. Chaque phrase était un mur de pierre que personne n’aurait pensé débattre. Si l’envie de comparer ses deux acolytes à des clowns lui était passée en tête, Vaillance l’aurait cru sur le coup. Ils ne faisaient pas le poids contre Lesskov. Pour les grands yeux écarquillés de Vaillance, les deux autres soldats restèrent de marbre. Le manque d’arrogance dans sa voix aurait suffi à faire démarrer n’importe quel noble. Vaillance se devait de commander leur calme.
— Vous… Quelle modestie pour quelqu’un de votre statut ! J’aurais bien envie d’un homme comme vous dans ma vie.
Lesskov ricana sobrement. On aurait cru qu’un moteur venait de s’ébranler.
— Voyons, je suis persuadé qu’une personnalité aux goûts si particuliers n’a pas besoin de plus de compagnie, observa-t-il.
Le sourire du présentateur vacilla.
— Quel dommage, j’aurais essayé. Avant de commencer notre agenda qui ne devrait pas vous intéresser plus que cela, avez-vous un message à adresser à la Confluence ?
Parker n’osa même pas le regarder dans les yeux et fixa ses notes. L’attention de tous allait sur les deux gros poissons ayant accompli maints exploits héroïques et Parker n’avait des questions que pour ces derniers. Vaillance était bien la seule sur une centaine de mondes à se passionner pour l’obscur gardien Lesskov.
— Ne vous inquiétez pas, je connais la place qui me revient. Je ne suis ici que pour forcer mes collègues à partir une fois l’émission terminée. Mais si vous le permettez, j’aimerais étendre un message aux futurs écuyers ainsi qu’à leurs parents.
— Bien sûr ! C’est vrai que le recrutement annuel commence aujourd’hui !
— Précisément dans trois heures en suivant le cycle standard, à la première minute du jour de la bravoure. Comme vous le savez tous, une partie des jeunes atteignant leurs treize ans sont sélectionnés chaque année pour rejoindre les écuyers. Ceux qui retiennent l’attention de gardien sont invités dans l’une des dix écoles fondées par les haïkadens. Là-bas, nous les formons afin qu’il un jour capables de défendre nos mondes.
Vaillance n’avait jamais rien entendu d’aussi stupide. Personne n’avait prévenu la fille qu’elle pouvait se faire enrôler dans un étrange programme militaire. Pourquoi ses parents ne lui en auraient-ils jamais parlé ? Quitter sa famille pour découvrir l’univers semblait être une immense aventure. Visiter de nouveaux mondes, partager des moments uniques avec des amis et rencontrer le grand amour. Comme beaucoup d’adolescents, ces fantaisies couraient au gré de son imagination tous les jours. Malgré tout, ses cours d’histoire ne tardèrent pas à lui revenir en mémoire. Ses habiles professeurs avaient toujours dépeint la guerre tel un enfer, clairement pas un endroit pour une fille de bonne naissance comme Vaillance.
— Vous enseignez dans l’une de ces écoles. Pouvez-vous rappeler à nos plus jeunes auditeurs de la nature du programme ? Si je ne me trompe pas, nos deux stars en ont fait partie ?
— En effet, Honestie et Cardosa étaient membres de la sixième génération d’écuyer. Cela fait maintenant plus d’un an qu’ils sont devenus des gardiens à part entière. Les haïkadens sont un peuple de guerrier, de protecteur et les jeunes que nous sélectionnons sont formés pour défendre la galaxie et poursuivre notre tâche.
— Pour former des soldats aussi talentueux que les neuf hauts gardiens ?
Le regard de Lesskov se perdit un instant. Vaillance avait mainte fois entendu parler des neuf hauts gardiens, les plus grands guerriers que la Confluence ait connus et membres importants de l’ordre de guerrier intergalactique. Elle n’en savait pourtant pas plus, mais pouvait s’imaginer parmi eux, vêtue d’une de ces armures cybernétiques. Elle menait la charge entourée de ses frères et sœurs d’armes alors qu’une pluie de feu et d’acier s’abattait tout autour d’elle. Cela changerait la jeune fille de son quotidien monotone, mais abandonner ses coussins pour si peu ? Jamais elle n’en serait capable.
— Mais ce n’est pas de cela que j’aimerais discuter, reprit le Haïkaden. Certes, il est difficile de rejoindre une école sans pouvoir choisir et j’entends que voir un de ses enfants partir sans avoir son mot à dire peut faire souffrir. Les écuyers sont l’espoir de notre nation, parmi les millions de jeunes nous sélectionnons ceux possédant une étincelle unique. Intégrer nos rangs n’est pas une punition. C’est un cadeau et l’assurance que le jour voulut, vous pourrez défendre ceux qui vous sont chers.
— N’importe qui peut être appelé ?
— Nous ne faisons aucune distinction entre riche ou pauvre, citoyen de la Confluence ou personne venant de monde inconnu. Qu’importe qui vous êtes, si vous retenez l’attention d’un de mes confrères, vous serez sélectionné. Uniquement les jeunes nobles sont exemptés, mais je ne pense pas qu’un seul d’entre eux ne nous écoute actuellement.
Vaillance fronça les sourcils, choqué par le léger dédain dans les derniers mots de l’instructeur. Parker écarquilla les yeux et surjoua l’amusement.
— Évidemment ! Si la ligne de front ne vous fait pas peur, jamais l’aristocratie ne vous fera trembler.
— Pourtant ces derniers peuvent intégrer les écuyers. Notre pacte avec la Confluence nous impose de ne pas les déranger, mais ils peuvent se présenter à n’importe quelle base militaire et après examen être invités à faire partie de nos rangs. Chaque année, plusieurs recrus sacrifient leur statut pour être admis dans nos académies. Certains en quête de gloire, d’autres simplement d’un endroit où appartenir.
Alors qu’il termina sa tirade, les deux autres soldats éclatèrent de rire. Même le froid Lesskov afficha un fantôme de sourire.
— Cela n’arrive presque jamais, expliqua Honestie. C’en est devenu une blague à force.
— Pourtant, gardien Lesskov était fort convainquant en les invitant. Passons maintenant à notre prochain sujet.
À partir de ce moment, et pour le reste de l’interview, Lesskov n’intervint plus. L’émission devint bien peu intéressante et avec un grand bâillement Vaillance éteignit l’holoécran. La jeune fille avait d’autres choses à faire le jour de son anniversaire que d’écouter des personnes parler d’elles-mêmes. Si une légère sueur froide s’était sentie quand le terrifiant gardien avait évoqué la mobilisation, elle l’avait déjà oublié. Vaillance avait la chance d’être née dans une famille noble et les étranges haïkadens ne dérangeaient pas les gens de son statut. Tant mieux, se dit-elle, son anniversaire était encore une belle journée ensoleillée. Contente de cette conviction, elle roula hors de son lit. Son estomac commençait à se faire creux et après toutes ces émotions, elle avait besoin de se dégourdir les jambes. Vaillance se dirigea vers la porte de sa chambre qu’elle ouvrit sans une arrière-pensée. À peine avait-elle vue sur le long couloir, qu’une surprise lui tomba dessus.
— Bon anniversaire, Vaillance ! brailla sa petite sœur tout en l’attrapant dans ses bras.
— Liane ? balbutia Vaillance. Que fais-tu là ?
La jeune fille s’écarta de son aîné avec un sourire allant jusqu’aux oreilles. Bien que sa grande sœur fût déjà debout, la cadette avait quand même réussi son coup.
— Je voulais te faire une surprise, mais tu ne dormais plus. Qu’est-ce que tu fais réveiller ?
— Je regardais le soleil se lever. On peut aller voir la fin dehors si tu en as envie ?
Liane agita la tête avec entrain, tirant un sourire à sa sœur. Les deux filles se ressemblaient à peine, mais cela n’empêchait pas l’aînée d’aimer sa cadette plus que tout. La prenant par la main, Vaillance la guida vers la porte arrière qui donnait sur le jardin. Les Weiss n’étaient pas n’importe quelle famille, nobles de naissance, leur propriété devait refléter leur grandeur. Comme tous leurs voisins, ils avaient considéré chaque facette du domaine avec minutie. Si un manoir n’avait pas été très difficile à sélectionner, l’architecture et design étaient en permanence un sujet de conflit dans le couple. Ce n’était pas la première fois que les Weiss changeaient de lieu d’habitation. En ce moment, les parents de Vaillance s’étaient entendus sur un vieux style victorien cher au maître des lieux. Cela va sans dire, tout le plaisir de la vie moderne avait été ajouté et seule une partie de la maison était encore entretenue à la main, le jardin. Jasper, majordome de la famille, pouvait prendre des heures à s’occuper du paradis végétal. Il n’était pas rare de le voir durant les chauds après-midis tailler haies et arbustes avec sa précision chirurgicale. Le vieil homme donnait toujours son maximum dans la roseraie, place chère à l’aînée de la fratrie et où elle avait décidé d’admirer la fin du spectacle. Assises sous un immense arbre, les deux filles observèrent l’astre brûlant commencer sa course.
— Dis grande sœur, que regardais-tu à la télé ? demanda Liane après un moment. Cela sonnait très ennuyeux.
— Un genre d’interview. Il y avait ces soldats qui discutaient de la mobilisation des écuyers, des adolescents comme nous envoyés de force dans des écoles pour devenir des guerriers.
— J’en ai entendu parler ! s’exclama la plus jeune, Simon raconte toujours que l’on va se faire expédier là-bas et que l’on ne reverra jamais notre famille.
Vaillance eut un pincement au cœur en observant l’air inquiet de sa sœur. Même comme ça, elle était trop mignonne.
— Simon devrait arrêter de dire n’importe quoi. Les nobles comme nous ne peuvent pas être enrôlés. Ne t’en fais pas pour ça Liane, tu pourras faire ce que tu veux quand tu seras grande. Comptes-tu toujours devenir une diplomate comme maman ?
— Je ne suis pas sûr. Ce n’est pas comme si je pouvais prendre la suite de papa. C’est toi la plus grande donc tu vas hériter de la compagnie. Je dois découvrir ma propre voie.
— Tu as tout ton temps. Une jolie fleur comme toi n’aura aucun mal à trouver, rit Vaillance, tout le monde va s’agenouiller devant toi.
— Ne sois pas ridicule, répondit-elle en rougissant, et ce n’est pas pour moi que je m’inquiète. Je n’aurais treize ans que dans deux ans, toi c’est aujourd’hui. Je suis censée faire quoi si ces écuyers t’emportent ? Je me retrouverais toute seule ! Personne pour jouer avec moi ! Ce serait tellement déprimant !
Vaillance caressa les longues mèches de sa sœur touchée par ses inquiétudes.
— Tu ne serais pas toute seule petite plume. Maman et Papa seront toujours là et il reste tous tes amis ! N’essaie pas de me faire croire que tu n’es pas populaire ! Et puis je trouverais bien un moyen de revenir pour te chatouiller.
Ajoutant les gestes à l’image, Vaillance attaqua sa cadette sans aucune retenue. La pauvre petite essaya tant bien que mal de réduire les dégâts, mais finit bien vite par succomber sous l’assaut. Gloussant jusqu’aux larmes, Liane tenta vainement de rouler dans l’herbe, mais Vaillance la garda bien dans son étreinte.
— Arrête Vaillance ! Tu es méchante, parvient-elle à souffler entre deux éclats de rire. Tu vas me tuer.
— Tu vois ! Il n’y a aucun problème, car je suis sûre et certaine de ne jamais devenir une écuyère.
Le ton rassurant de sa grande sœur ne suffit pas à la cadette. Allongée l’une à côté de l’autre, elle exprima tout de même ses doutes. Au pire cela lui permettrait de recevoir plus de câlins de la part de l’adolescente.
— Mamie dit toujours de ne jamais dire jamais. Elle dit que cela invite le mauvais sort à nos côtés.
Vaillance secoua sa tête tout en regardant le ciel. Sa grand-mère n’était pas le genre de personne qu’elle utiliserait comme référence. Leur mère rappelait chaque fois de ne pas écouter ses charabias, mais les deux filles adoraient entendre la vieille femme raconter des histoires plus étranges les unes que les autres.
— Mamie est à moitié folle, elle croit que de la poussière lui parle. Tu penses ça aussi ?
— Non ! protesta Liane, je ne suis pas une idiote.
Elles rirent en cœur, Vaillance la première, et restèrent ainsi à regarder l'horizon en savourant la journée qui ne pouvait être que parfaite.
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Bonjour et bienvenue au Quasar point, petite note de bas de page ou j'inscrirais un peu de trivia sur l'histoire pour les intéressés.
Je profite de ce premier point afin de m'excuser pour toute faute d'orthographe que vous pourriez rencontrer dans le texte. Malgré les longues heures passées à relire de haut en bas et de droite à gauche mes écris, je suis simplement incapable de toute les trouver [Je souffre d'une légère dysorthographie]. Je vous remercie d'avance pour votre tolérance.
Si je débute encore, je suis venu sur ce site en quête de retour constructif et déconstructif. N'hésitez pas à frapper dans les côtes, je souhaite avant tout apprendre et ce n'est pas en mangeant du miel que l'on gravit des montagnes.
Je vous souhaite bonne continuation et une agréable lecture.
<3 Quasar
Quasar point :
Les Weiss sont la famille la plus influente de Sol IV et on bâtit leur fortune dans la fabrication de vaisseau de fret et de transport. L'un des principaux chantiers navals se trouve sur la lune de Sol IV où de nombreuses industries se sont développées pour préserver la planète. La couleur de la famille est le blanc, leur blason deux cercles liés représentant Sol IV et sa lune.
Le nom complet de Vaillance est : Vaillance Camille Weiss.
Celui de sa sœur est : Liania Catherine Weiss
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