Avec Frida la blonde
Je savais bien que je n’aurais pas dû. Cette nuit-là, je franchis le Rubicon, je passai le point de non-retour. Le point où le héros transgresse l’interdit en partageant sa quête à quelqu’un d’autre. L’interdit où il se relâche, décide de faire confiance. Cette nuit-là, en lui ouvrant mon cœur, je causai sa perte. Si seulement j’avais su, je serai resté fermé comme une huître. Mais là, je l’entraînais malgré elle dans une folle cavalcade qui ne la laisserait pas indemne.
Je me réveillai à poil le lendemain, dans son lit. Elle me regardait tendrement, me caressait le visage en douceur. Apparemment, la nuit lui avait bien plu. C’est vrai que ce fut une nuit torride. On fit l’amour une première fois dans le salon, au pied du canapé qui avait abrité notre conversation durant toute la soirée. On remit le couvert trois fois dans son lit, et l’on s’endormit bien tard dans la nuit. Je dois même bien avouer que je n’avais pas connu un nuit aussi chaude avec Marie.
« La première chose qu’il faudrait faire, c’est te trouver de nouveaux papiers. Faire en sorte que tu puisses librement circuler sans avoir la crainte que des policiers te contrôlent et te confondent. Je crois que je connais quelqu’un qui pourrait t’aider. »
Je me relevai d’un bond. D’un coup, la dure réalité me rattrapa après cette folle nuit où je pus un petit instant me laisser aller. Elle vit que je me crispais brusquement et me calma tendrement, en me prenant dans ses bras.
« Relaxe-toi. Repose-toi un peu aujourd’hui, ne fais rien, ne pense à rien. Va te promener. Ne t’inquiète surtout pas. Je vais voir ce que je peux faire, on en reparlera au soir, à tête reposée. »
On resta encore un bon moment lovés l’un contre l’autre, se noyant dans la volupté des caresses et des baisers. Dans ses bras, je me sentis revivre, je me sentis dans un petit nid douillet que je n’avais pas envie de quitter. Puis, d’un coup, elle stoppa toute caresse. Elle regarda sa montre et se leva d’un bond.
« Je dois y aller, je ne peux plus attendre, sinon je serai en retard au boulot ».
Elle se leva, et moi ne pus m’empêcher de la regarder. Elle était magnifique. Alors qu’elle commençait à récupérer ses vêtements éparpillés sur le sol, je voulus la ré-attirer contre moi, mais elle me repoussa en souriant.
« Ne te tracasse pas. Je serai là ce soir, on remettra cela. Je ne compte pas me séparer de toi aussi vite ! »
Ce matin-là, je me levai le cœur plus léger. Me confier m’avait fait tellement de bien ! Rassuré, ce fut la première fois que j’osai chantonner un petit refrain sous la douche. Oui, à bien y réfléchir, je n’avais plus osé siffler sous la douche depuis début janvier.
Après avoir traînassé plus que de raison durant la matinée, prenant mon temps pour tout, je suivis le conseil de ma tendre amante et entamai une grande promenade. Je me mis à flâner du côté de Lorette, une colline qui abritait encore une ancienne place forte, puis m’enfonçai dans la campagne fribourgeoise. Le spectacle du haut des flancs de Lorette était magnifique. On avait une vue dégagée sur toute la ville qui luttait contre le froid hivernal. Des toits blancs s’échappaient moult petits jets de fumée qui s’évaporaient bien avant d’atteindre le sommet de la cathédrale Saint Nicolas.
Je restai là un bon moment à regarder Fribourg, mais surtout à me demander quelle serait la suite des événements. Je n’avais pas vraiment envie d’impliquer Frida dans ma folle aventure, je l’appréciais énormément, et la mêler à toute cette merde ne pouvait que mal se finir pour elle. Mais la savoir près de moi, le fait de pouvoir compter sur quelqu’un étaient des sentiments bien trop précieux, quelque chose que je n’aurais plus cru possible depuis cette fameuse nuit. Me voilà pris entre deux feux. Entre l’envie d’avoir quelqu’un à mes côtés et entre l’envie de la laisser en paix et de ne pas la mêler à toutes mes histoires. Mais voilà, le mal était fait. Je ne pouvais plus revenir en arrière.
Oui, revenir en arrière était dorénavant impossible. Je m’en rendis bien compte lorsqu’elle revint à la maison au soir. Elle me sauta dessus à peine rentrée, et se plaça à califourchon sur mes jambes. Tout en me bombardant de baiser, elle affichait un sourire plus que satisfait.
« J’ai parlé à mon ami. Il connaît pas mal de gens, certains bien placés. Il m’a dit qu’il pourrait certainement faire quelque chose. Il lui faut juste deux photos, et ses potes se chargeront du reste ! »
Je ne dis rien. En fait, cela ne me disait rien qui vaille.
« écoute, c’est un peu précipité, non ? Lui dis-je. Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Ces derniers temps, toutes les personnes en qui j’avais confiance m’ont trahi ou sont mortes. Je n’ai pas envie qu’il t’arrive des merdes à cause de moi. Je ne veux pas t’embarquer dans mon exil. Trop de personnes ont déjà bien souffert, à cause de moi.
Elle m’embrassa tendrement.
« Ne t’inquiètes pas, grand nigaud. Je peux comprendre ce que tu ressens. J’ai une idée, si ça peut te rassurer. Je le revois demain matin, au Rock café. Tu n’as qu’à te mettre à une table, planqué un peu plus loin. Si ce que tu m’as dit est vrai, avec ton don, tu pourras peut-être voir que ce gars est digne de confiance. »
Je hochai de la tête en guise d’affirmation. Elle, encore plus satisfaite, redoubla de baisers. Elle caressa ensuite mon entre jambe et se mit à sourire.
« Je vois que mes bisous te font déjà un bel effet ».
Elle se mit à déboucler ma ceinture, pris mon sexe entre ses mains et tout en le caressant doucement, baissa son visage à sa hauteur. Notre folle nuit de la veille connut un deuxième acte.
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