Seul, sans eau, sans y penser

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 Le jeune erre lentement dans le désert, perdu, sans aucune trace de pas permettant de se rappeler du trajet. L'astre émet une chaleur accablante, cruelle, que seul le Peuple des Dunes endure par leur célèbre culture de cactus. Cependant, le pauvre est exténué, et sa peau est brûlée, aux dépens de sa beauté hâlée naturelle. Pas de lac rédempteur en vue, pas même une dune ; seul à arpenter le plateau de sable, sans eau, sans cactus, sans autre présence que celle du sable. Ses membres se dessèchent tant que rester appuyé sur ses jambes semble demander un acharnement démesuré. Étrangement, le hasard se révèle tant généreux que cruel dans ses actes : cette sentence n'est que le début d'une cascade d'événements allant changer sans cesser le futur de ce damné.

 Après quatre heures à lutter, balayé par une tempête, une caverne encadrée par une large arche de grès se révèle à ses yeux, semblant descendre dans le sable. Récupérant un peu d'assurance, cet être brûlé par les lueurs enflammées de la surface s'engage dans ce tunnel secret. Peu après cette entrée dans les ténèbres, la température le suspend quelques temps dans une extase sans précédent. Le jeune murmure une berceuse sacrée adressée à sa Déesse, devenue rauque après l'épreuve extrême d'une traversée sans eau. La même berceuse que celle de sa mère, aux vertus relaxantes. Et, d'un pas assuré, le jeune se met à la recherche de la "fausse légende" de la réserve naturelle d'eau de ces terres.
 Un quart d'heure après sa descente hasardeuse, plus aucune lueur ne traverse la caverne, et le chanceux trébuche. Sa tête heurte un fragment de gypse, lancé à quelques pas de la chute. Cependant, un claquement creux éclate dans l'espace. Sa tête se redresse, ses bras le mènent jusqu'à ce glas... Et sentent une humeur légère les caresser. C'est là. Sauvé, l'éphèbe se réhydrate dans l'eau pure, et s'y lave, ses pleurs égayés par sa chance. Et y nage légèrement, se perdant dans l'allégresse. Sans penser au reste. Au Peuple des Dunes. À sa Déesse. À sa mère. À ses blessures. Au danger d'une masse d'eau large et étrangère.

 Peu à peu, les éclats se perdent dans la caverne de grès, et cessent, sans qu'un seul éclat ne regagne la chaleur du désert.

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