7 -Nous apprenons les uns des autres
Le prince appuya sur l’interrupteur. Sa chambre s’illumina. Sous la surprise, il sursauta.
Il n’était pas seul.
Il mit un temps avant de comprendre qui était là, tranquillement assise en tailleur sur son lit.
— Comment êtes-vous arrivée là ?
— Des abords non sécurisés, fenêtres grandes ouvertes avec des moustiquaires pour seules protections… Et ça se grimpe facilement, ajouta-t-elle, malicieuse, montrant du pouce la direction de ce dont elle parlait. Vous vous rappelez de John ?
— Celui avec les jambes… améliorées, comme vous vos mains, trouva-t-il en faisant le lien entre l’apparence des mains de la jeune femme et celui dont elle parlait.
— Oui. Je crois qu’en un saut, il est chez vous. Bref, pour vous dire que, soit vous êtes suicidaire, soit vous avez une confiance absolue.
— Devrais-je craindre quelque chose ?
— Ou peut-être est-ce moi qui en ai trop vu. Je ne parle pas d’ici, bien sûr.
Il avait noté son accoutrement, balaya la pièce pour trouver un tas de vêtements sur un fauteuil, la ceinture et le harnais posé sur le chevet. Il la regarda avec surprise.
— Nous avions laissé quelque chose en suspens il y a quelques semaines… expliqua-t-elle avec toujours cet éclat enjoué. Si vous êtes toujours d’accord. Quoique… Je me rappelle, vous nous avez servi le thé, l’autre jour ! J’espère que ce n’était pas une déclaration ! Ou c’était pour Yahel ?
— Non, non, rassurez-vous, répondit-il, gagné par l’hilarité. Simple attention d’un hôte pour ses invitées en difficulté. En fait, j’avais fini par comprendre que c’était chasse gardée !
Comme Tara fronçait les sourcils, il passa le plat de sa main sur le haut de sa propre poitrine. Elle éclata de rire. Un rire franc, libérateur.
— Non, je ne lui appartiens pas, reprit-elle une fois son sérieux revenu. Pas plus qu’il ne m’appartient. La signification de ce tatouage est simple. Le dragon et le lion travaillent côte à côte et luttent ensemble contre leurs ennemis, chacun à sa manière.
Elle retira le châle qui la protégeait de la fraîcheur du soir. Il s’approcha, hésitant, finit pas venir s’asseoir, termina à genou à côté d’elle. Elle lui laissa un moment, se doutant que comme beaucoup, il allait d’abord explorer ses particularités. Cela n’y manqua pas. Il observa de très près son bras et ses mains, osa enfin les toucher, s’attardant sur les endroits où le métal était rivé dans la chair de son épaule. Ses doigts frôlèrent le maillage. Tara hocha la tête en signe d’assentiment quand il l’interrogea du regard, tenté qu’il était de toucher la peau transparaissant entre les tiges. Elle joua le jeu, ajoutant quelques gestes pour prouver la souplesse du système. Sans aucun signe d’écœurement ou de frayeur, il affichait plutôt le visage de l’artiste satisfait de la finesse de son ouvrage.
Tiens, il ne me demande pas si ça fait mal.
Il changea de cible, tourna autour d’elle, admira ses tatouages. Il est vrai qu’il avait à peine aperçu celui de devant, alors elle s’amusa, appréciant le jeu. Il aurait pu directement lui sauter dessus, fou de joie d’avoir un tel cadeau, ce qui ne l’aurait pas étonnée. En même temps, il avait réellement l’air épaté par le travail du tatoueur, restant un long moment en admiration devant le dragon rugissant qui dominait le haut de son dos.
— Impressionnant, vu de près.
Son petit tour terminé, il reprit sa position initiale. Il prit son pendentif entre ses doigts. Ce fut la première chose qu’il se décida à toucher.
— C’est ce qui vous lie à lui ?
— Non, ça c’est plutôt ce qui me lie à mes compagnons. Mon lien avec lui, c’est cela.
Elle désigna son arme d’un mouvement du menton.
— Je peux ?
Elle acquiesça. Il quitta le lit, prit le bâton entre ses mains, en passa doucement une dessus, comme pour le caresser.
— Du bien bel ouvrage. J’ai eu la chance de vous avoir vu à l’œuvre avec.
C’était quelques jours plus tôt. Ils étaient toute une délégation en visite dans une autre petite ville de la région, une équipe des dragons accompagnée du prince et d’autres membres de sa communauté.
— On ferait mieux de la rejoindre, les avait alors interpellés Yahel. Je crois qu’elle a trouvé quelque chose d’intéressant.
— Où ça ?
— Derrière nous à gauche, puis deuxième rue à droite.
— Je l’ai vue éteindre un petit écran. C’est avec ça qu’elle vous trouve ?
— On peut dire ça.
— Mais quand vous étiez à la clinique…
Elle mit un doigt sur sa bouche.
— Vous n’en saurez pas plus.
Tara, comme prévu, s’était éloignée de la délégation. Partie errer dans les rues, l’air de rien, elle avait été attirée par un étrange attroupement d’où fusait une voix grêleuse, désagréable au plus haut point, autant par la sonorité que par ce que Tara l’avait entendue dire. La voix grêleuse appartenait à un vieux barbu au regard un peu fou et portant une longue tunique, encadré par d’autres barbus du même acabit. Une rangée de femmes agenouillées, tête basse, certaines en pleurs, leurs vêtements crasseux et déchirés par endroit, se tenaient à leurs pieds. Le temps que Tara avait passé à patiemment observer tout ce petit monde, histoire de se faire une idée, il avait conclu un laïus peu engageant en lâchant la tête de l’une des malheureuses pour aller aussitôt attraper la tête de la suivante et déclamer une sentence tout aussi effroyable, rappelant bien à la foule la raison de la peine encourue. Et ainsi de suite pour une autre, et une autre encore.
Il fallait éviter les jugements hâtifs, certes, mais là, c’était trop facile.
Elle avait traversé la masse de spectateurs, s’était avancée juste ce qu’il fallait pour être au centre de l’attention, se disant qu’ils devaient s’estimer heureux : elle n’avait encore sorti aucune de ses armes.
— Vous pouvez m’expliquer ce qui se passe, ici ?
— Que veux-tu, étrangère ? Ne te mêle pas de ça, cela ne te regarde pas.
— Ça, c’est à moi d’en décider.
— Tu fais partie de ce groupe venu avec le prince, c’est ça ?
— En effet.
— On ne fait que suivre nos lois. Vous n’avez pas à vous en mêler. Lui non plus. C’est notre village, ici.
Tara fit part de son étonnement au prince.
— Vous avez entendu cela ?
— Oui. Nous venions d’arriver à ce moment-là.
— Et vous n’êtes pas intervenu ?
— Je crois que j’avais besoin de voir, pour être sûr. J’ai préféré attendre, pour pouvoir identifier de quoi il en retournait. Il est parfois difficile d’accepter la réalité, d’admettre la traîtrise. Il fallait que je sache par moi-même si vous aviez bien trouvé un loup, comme vous dites.
— Mmh, je comprends.
Elle insista auprès du vieil homme à la barbe hirsute.
— Excusez-moi, mais… Je ne comprends pas la logique de cette scène. Ces femmes à vos pieds, elles sont sur le point d’être… punies, c’est cela ?
— Oui.
— Mais vous avez parlé d’adultère pour l’une et de viol pour l’autre…
— Exact ! On les a condamnés pour ça.
Elle leva le doigt pour appuyer ses propos, se demandant s’il n’était pas stupide de ne pas comprendre toute l’ironie dans ses questions.
— Attendez ! Attendez ! Alors si je comprends bien, l’une va être punie pour avoir aimé, ou du moins avoir eu un petit plaisir, ce qu’elle n’a peut-être pas eu depuis longtemps, et pour une autre, vous punissez la victime ! Je comprends pas.
Elle s’avança, balayant du regard les autres spectateurs de la scène, du simple badaud à ceux qui semblaient accompagner le barbu, et donc le soutenir.
— Non, parce que de mon point de vue, quelqu’un qui se fait violer est une victime. Donc, logiquement, ce n’est pas la bonne personne qui est à cette place. C’est comme si cette femme était punie deux fois. Une fois pour avoir attiré malgré elle la concupiscence malsaine d’un sinistre individu, et une deuxième pour l’avoir subie. Ah, et pour celle-ci, ajouta-t-elle en désignant une troisième dans la ligne, homosexualité ? Ou je tombe sur des idiots qui n’ont pas compris que l’on ne change pas ce que l’on est depuis la naissance, ou vous allez devoir tuer votre chien la prochaine fois qu’il s’enfilera son camarade… Aidez-moi à comprendre, là, parce que franchement…
— Ce sont les lois de notre religion !
— Oh ! Le bel argument ! Elle a bon dos, la religion. Je n’en ai rien à foutre des religions. Je ne fais que constater. Je ne sais pas ce qui est réellement écrit dans votre livre, mais votre conscience, elle vous dit quoi ?
— Ma conscience, c’est celle de Dieu ! Et votre point de vue, et comment ça se passe ailleurs, moi aussi, je n’en ai rien à faire ! C’est la loi, notre loi, et je l’applique. C’est comme ça.
— Ouh ! Excusez-moi ! C’est vrai qu’on a fait évoluer l’humanité avec des « c’est comme ça ! », se moqua-t-elle ouvertement.
Se disant, elle s’était encore approchée, comme pour faire barrage entre ce vieil homme et ses sbires et les prisonnières agenouillées. Elle nota l’éclat étincelant dans le regard hystérique de l’homme. Elle réagit, attrapa son bâton de combat dans son harnais. Avant qu’il puisse terminer son geste, après quelques coups sur ceux de son groupe pour dissuader leur envie d’intervenir, et avoir encaissé lui-même deux bonnes rossées de Tara, il finit rabattu au sol. Les dragons avaient aussitôt réagi, bloquant les autres protagonistes, autant pour la protéger que pour empêcher que cela ne tourne au drame.
Elle le tenait en joue, l’extrémité de son bâton contre sa gorge.
— Alors, elle vous dit quoi, votre conscience, maintenant ? Votre loi, hein ? Vous vous êtes trahis. C’est évident. Ayez au moins la décence d’admettre pourquoi vous agissez réellement de la sorte ! Dites-le ! Je suis sûr que c’est parce qu’en fait, vous n’avez qu’une envie. Vous ne cherchez que ça, faire souffrir ces femmes. Et quand vous parlez de votre loi, vous dites Ma Loi. Admettez-le, là, devant tous. Avouez !
Pour toute réponse, il ne fit que grogner en la fixant de toute sa haine.
— Tout est allé si vite ! On voit que vous avez tous l’habitude d’intervenir. Et la rage dans votre regard, dans vos paroles…
— Pourtant, j’ai vu pire que ça, bien pire…
— Vous auriez pu le tuer, et pourtant vous ne l’avez pas fait.
— Parce que c’était à vous et aux vôtres à décider de la suite. C’est chez vous.
— Qu’auriez-vous fait ?
— Vu le chaos qui règne à certains endroits, nous n’y aurions pas été par quatre chemins. Il serait mort de suite, et les autres aussi. Cela aurait été net, rapide, efficace. Il arrive qu’on nous blâme sur le moment d’agir ainsi, mais cela ne dure qu’un temps. En général, quand ils comprennent qu’un tyran ne va pas en remplacer un autre, et qu’ils sont libérés quelque part… Mais votre région s’est stabilisée. Même s’il y a beaucoup de croyants parmi votre population, ce qui m’amène souvent à me méfier. Mon point de vue, bien sûr. Je sais qu’avoir la foi en un ou des dieux peut aider certaines personnes dans des moments difficiles. C’est un appui, un soutien moral rassurant. Et il y a du bon dans ces textes. Ils permettent de donner des bases à une civilisation, des règles de vie facilitant le vivre ensemble, en bonne harmonie entre les individus. Mais il y en a trop qui l’ont utilisé comme faux prétexte, voire comme une arme pour assouvir leur soif de pouvoir ou des goûts malsains. C’est si facile de prétendre ne pas être responsable de ses actes, que sa vie est dirigée par une entité extraordinaire. Ici, vous en usez intelligemment, en général. C’est pour cela que mes compagnons n’ont pas cherché à prendre le contrôle des événements, juste à les maîtriser. Tout cela m’a aidé à faire mon choix : au lieu d’appuyer sur un petit bouton, je vous ai regardé. Vous êtes le porte-parole de votre communauté. Cela devait être votre choix. Et vous avez donné une réponse avisée, car prudente. Elle a calmé les choses.
— Arrêtez ces hommes, ordonna le prince à ses comparses armés. Nous allons reprendre tout cela en main.
Cela donna l’occasion à Tara de voir le meneur d’hommes qu’était le prince. Elle n’eut pas grand-chose à faire pour l’assister. Un des sbires du vieux barbu, pourtant resté en arrière jusqu’ici, esquissa un mouvement. Elle anticipa. L’air siffla, le bâton virevolta, des poils de moustache volèrent. Le type se tétanisa, une lame sous sa gorge, alors qu’elle écrasait du pied la poitrine du vieux pour le maintenir en place.
— Ma parole, ça vous a démangé d’aller plus loin.
— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
— Votre sourire quand vous lui avez parlé. Vous lui avez dit…
— Vas-y, bouge ! Fais-moi ce plaisir !
— Vous m’avez entendu ? Oups, je n’ai pas réalisé que je parlais à voix haute…
— Vous mentez mal !
Elle eut un petit rire grave.
— Vous comprenez maintenant pourquoi je suis bien placée pour chasser les démons. On reconnaît ceux de son espèce.
— Et si j’avais pris le parti de ces hommes ?
— Alors mon regard se serait tourné vers mes compagnons. Il m’arrive à moi aussi de faire de mauvais choix. J’ai appris à les écouter. Et j’aurais accepté leur décision.
— Qui aurait été ?
— Eux seuls pourront vous répondre. Mais vous nous auriez aussi placés devant un choix de conscience. Ne pas intervenir, vous laisser vivre à votre manière, aux dépens de ces femmes sur le point d’être punies de la plus ignominieuse des façons, ou mettre le feu aux poudres pour vous empêcher de nuire et protéger leur vie. Dans tous les cas, vous ruiniez aussitôt toute relation à venir avec le réseau.
— Et si la foule avait pris leur partie ?
— Alors nous aurions dû défendre nos vies. Et nous aurions tous été dans la merde, vous comme les miens et moi-même. Mais au lieu de cela, vous avez gagné des points.
— Vous parlez comme si c’était un jeu ?
— Peut-être… Je suis une arme qu’on utilise en cas de besoin, un pion sur un échiquier, et vous aussi.
Il reposa le bâton.
— Votre discours est un peu sombre.
Elle s’allongea, s’étira, à l’aise, comme chez elle, se laissa aller entièrement nue sur le lit.
— J’ai justement besoin de me distraire un peu, de me détendre. J’ai eu des jours difficiles avant d’arriver ici. Vous aviez envie de goûter ce corps, non ? Alors amusez-moi, jouez avec.
Cela suffit à clore la conversation et à alléger l’atmosphère. Il examina une nouvelle fois ce corps offert.
— Belle cicatrice, constata-t-il en voyant celle de son flanc. Vu votre réputation, j’aurais cru en voir plus. Mais…
Il la tourna gentiment, le temps d’ausculter celle de son dos, qu’il avait aperçue à son premier examen. Il fit le lien.
— Méchant, non ?
— Assez.
— Et les trois petites, là, presque invisibles ? ajouta-t-il en revenant sur son ventre.
Pour le faire taire, elle lui attrapa la tête et la fourra contre son giron. Il ne dit plus rien, en profita. Puis il approcha son visage du sien.
— Non, pas ça, vous avez tout le reste.
Pfiou, quand il se décide, il est pressé, le bougre.
Il récupérait son souffle.
— Vous avez l’air… contente… Juste contente.
— Je crains de vous offenser si je vous dis le fond de ma pensée.
— Essayez toujours.
— Vous n’êtes qu’un prince.
— Et je passe derrière un roi ?
— Un lion. Vous comprendrez pourquoi je dis cela quand vous le verrez.
— Il arrive ?
— J’ai cru comprendre qu’il était en route.
— Alors c’est bon ?
— Vous parlerez avec lui. Vous verrez bien. Dans tous les cas, nous aurons tous à apprendre des autres lors de nos échanges futurs.
— J’ai bien cru qu’il ne viendrait jamais.
— À mon avis, il était occupé ailleurs…
À l’ouest, soupçonnait-elle. Ou craignait-elle. Il l’en avait mise à l’écart, mais cela ne voulait pas dire que les choses s’étaient interrompues avec eux.
— Pour en revenir à notre premier sujet…
Elle se redressa, croisa son regard.
— Je suis mauvaise joueuse. Vous aviez perdu d’avance. Vous devriez apprendre à lire le corps des femmes, cela vous aidera à l’avenir. Je vais vous montrer, ajouta-t-elle en associant les gestes à ses paroles. Regardez, vous vous êtes à peine déshabillé. Ne vous précipitez pas comme cela. Ce n’est pas une course. Prenez le temps. Le temps de découvrir l’autre comme elle vous découvrira vous. Vous verrez que vous y gagnerez au change, vous passerez vous aussi un bon moment. Vous comprendrez la différence entre une fabrication en série et le soin particulier qu’apporte l’artisan à son ouvrage.
Il mit plus de temps à récupérer que la première fois.
— Vous voyez la différence ?
— Je ne savais même pas que je pouvais… Mon propre corps… Nous avons à apprendre des autres, en effet !
— Je vous l’avais dit. Vous essayerez sur votre prochaine conquête.
— Vous ne restez pas ?
— Je ne préfère pas non. À moins qu’il en décide autrement. Mon travail ici est terminé. J’espère rentrer, ou bien il m’enverra sur une autre mission.
Elle alla se laver, revint sur le lit, s’allongea en chien de fusil, se pelotonnant sur elle-même.
— Finalement, je vous demanderais bien d’être ma femme… Non, ce ne serait pas pour les bonnes raisons, et… Je sens que vous n’appartiendrez à personne, jamais…
De toute évidence, il ne put attendre pour tester ses nouvelles connaissances. Des caresses la réveillèrent doucement de sa somnolence. Elle y répondit.
Ouais, pas mal ! se dit-elle au final.
— Je crois que je vous ai perdue, un instant…
Essoufflée, elle fit l’effort de prendre sa main avec la sienne pour la poser contre sa poitrine.
— Vous sentez comme il bat vite, haleta-t-elle.
— Oui… Et ?
Comme c’est mignon, il a l’air inquiet.
— Vous apprenez vite.
À son réveil, le prince constata que le jour s’était levé, et qu’il était seul.
Quelques jours plus tard, dans une salle des banquets remplie de gens du cru comme de membres du réseau, le prince trépignait, impatient d’enfin rencontrer ce précieux invité. Tara se tenait à ses côtés.
Mahdi entra dans la salle, en plein dans son rôle de roi, fier, majestueux, lumineux.
— C’est donc lui ? Lui demanda le prince.
Tara opina.
— Dans toute sa splendeur.
— Un lion, hein ?… Je vois.
— Écoutez-le. Vous ne le regretterez pas. Quoique j’aie comme dans l’idée que vous êtes fait pour vous entendre.
Elle espéra pouvoir sortir avant d’entendre sa voix.
— Vous reviendrez ?
— Qui sait ? Peut-être qu’une mission me fera repasser par là. En tout cas, je n’oublierais pas celle-ci. Elles ne sont pas toujours aussi calmes. Et merci pour les bons souvenirs !
Le roi tourna son visage dans sa direction. Elle abaissa la tête en signe de respect. Il attendit, leva les sourcils. Elle savait qu’il avait eu l’avis des autres, mais il attendait le sien.
Elle fit un petit signe de la tête.
C’est bon, ça peut marcher.
Il sourit. Il se concentra sur son hôte. Elle pouvait s’éclipser.
— Ah ! Juste une dernière chose, ajouta-t-elle au prince. Je vous le confie. Faites en sorte qu’il ne lui arrive rien !
Elle sortit discrètement.
Après un peu de détente dans les jardins, Tara était retournée dans sa chambre. Allongée sur son lit, détendue, un vent léger caressant sa peau, elle contemplait la lune se couchant dans le ciel de fin de matinée. Yahel entra.
— Alors ?
— Fais tes bagages. On rentre.
— Yes !
Par discrétion pour Tara, plus aucun de ses compagnons n’évoqua ce qui lui était arrivé durant ce voyage. Ce n’est pas pour autant que tout était tombé dans l’oubli. Peut-être seuls leurs actes avenirs trahiront ce souvenir.
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