Dans le ciel assombri se projette un oiseau.

De son regard craintif, il surveille la terre.

Luttant contre les vents, dans le bruit du tonnerre,

ses ailes tourmentées plient comme des roseaux.

Le ciel connaît toujours ses rois et ses vassaux.

Un faucon affamé, jaillissant de son aire,

pourchasse de ses cris son repas ordinaire.

Puis se rompt une vie, dans un dernier sursaut.

Je sens toujours en moi fleurir ce grand mystère,

ce sentiment diffus de n'être qu'une proie.

Je marche lentement, toujours la même ornière :

l'habitude est le choix de celui qui se noie.

Et parfois dans mon dos, comme un battement d'ailes,

me rappelle un destin aux trames bien trop frêles.