Dans notre grand manteau de nuit...
L'appel de mon âme
Carmin
Détenu par ces limbes obscurs,
J’erre dans tes bras. Ô mon alter.
Dans un univers qui m’inspire
Et relève mon âme délétère.
Plongé dans mes méandres, je m’enfonce dans un globe. Un monde abyssal m’embrasse et batifole, amusé par mon Art. Abattu par mes pâles sentences, j’ai perdu ce mets qui m’assure tant d’apprécier. Happé par ces lettres sibyllines, ressort en moi une si belle histoire que mon âme se transforme en une onde éthérée. J’attire vers moi un chant luminescent qui semble aimanté par mes effluves acidulés. Je m’aperçois que cette jeune innocente a perdu l’une de ses acuités, la vue. Elle paraît égarée dans mes abîmes, c’est alors que je relance mon chant éthérique. Te rappelant ainsi dans mes bras voluptueux. Je te sens cajolée par mes vibrations, attentive de ce qu’il en ressort, tel un véritable trésor. Je ressens l’effervescence s’agiter en toi. C’est alors que je chante plus fort pour te projeter mille nuances de mon univers imagé. Et tu avances, un pas devant l’autre inspirée par l’onctuosité de mon appétence substance. Je distingue ton sourire béat qui s’élève en éclat. Soudain, je te sens plus assurée, plus affirmée, car tu me reconnais à présent et je te vois converger plus près de mon ombre camouflée dans ces limbes que j’ai composés pour toi depuis si longtemps déjà.
Dans mon grand manteau de nuit,
En une synchronie, je t’invoque,
Du haut de ton croissant de lune,
Tu afflues vers moi, éblouie.
Je relance avec hâte mes appels mystérieux… ça y est, nous y sommes, je ressens ta chaleur chatoyer ma passion dans une parade onirique. Exaltant. Et on s’entraîne dans une valse abyssale défiant même le Dieu du temps. Quand soudain, je ressens en toi des affres. C’est alors que je relance la cadence, embaumé par ma douce fragrance. Tu rayonnes à m’attirer vers toi, mais te laisse venir à moi. Dès lors, une voie s’ouvre à nos destins et s’offre à nous jusqu’à l’unisson. Je te sens décidée et déterminée à me rejoindre enfin. Surpris de voir des ailes jaillir de toi, tu t'envoles pour affronter cet abîme qui nous sépare. Arrivée dans les profondeurs de mes méandres, je ressens d’un toucher merveilleux ta main me frôler le visage. Ta clairvoyance, m’intrigue, m’enlace de nouveau d’une fougue enivrée. D’un geste décidé, je t’enveloppe dans mon grand manteau de nuit. Puis s’échappe de notre étreinte passionnelle, ta douce voix et l’ombre que je suis s’efface pour te laisser m'entrevoir :
— Je t’ai appelé...
De nos essences divines s’exhalent,
Un conte sibyllin invoqué
Par des fragments de toi de moi.
Ainsi s’effaça mon grand manteau de nuit,
Pour renaître d’une triste vie.
Et ainsi partager nos plus beaux costumes en cette vie.
Solissa m’y Selikan !
L'écho de mon âme à la sienne
Mélodie Or
Drapée dans mon grand manteau de nuit,
Je danse. Vacuité, ô mon amie
Ton noir qui m’englobe toute entière
Se révèle, absence de lumière.
Errant au cœur de ce néant, je me sens seule. Dans ce trou noir qui m’avale, je vole à l’aveugle, au gré du hasard. La vue est le premier de nos sens, celui sur lequel nous basons notre réalité. Celui qui nous permet de juger sans cesse notre prochain, mais qui nous révèle aussi la beauté du monde. Privé de cet organe primordial, je n’ai d’autres choix que de me concentrer sur mes autres sens. Et, dans ces ténèbres intérieures, mon ouïe se branche sur mon cœur. Une mélopée lointaine en surgit des tréfonds et m’enveloppe de douceur. Il est si tendre le chant de ton âme, si impatient aussi. Quel trésor caché trouverai-je donc au bout du chemin ? Ma synesthésie se développe : à l’écoute des notes aériennes se dessinent, sur mon écran imaginal, des couleurs. Tout un univers se crée devant moi, monde aux multiples saveurs. Un pas après l’autre, j’enfante une peinture astrale : mes papilles explosent d’une saveur sucrée à la touche acidulée. Elle me rappelle une tarte au citron, ce dessert que j’aime tant. Et je ris dans les noirceurs. Je ne ressens plus aucune peur, car je te devine quelque part là-bas.
Dressée sur mon croissant de lune,
Je vogue, libre du joug de Saturne
Dans mon grand manteau de nuit
Vers l’appel de ton âme qui luit
Quelle est longue cette route empreinte de mystères... Ils murmurent à mon oreille des mots dans une langue sibylline qui pénètrent l’ouverture béante de ma poitrine. Mon cœur vibre et la mélodie se répand, dans un écho fulgurant, le long de toutes les strates d'énergie qui me composent. Chant contre chant, c’est ton âme qui m’appelle. Elle vient me chercher et m’attire vers elle dans ces limbes en filigrane. Absorbée par cette extase intemporelle, un doute m’envahit soudain. Me perdrai-je dans ta flamme jusqu’à oublier mon existence ? L’attraction devient plus forte, je n’ai d’autre choix que de me résoudre à la suivre sans risquer la déchirure. Ma danse se fait plus sensuelle, viscérale. Une brise fraîche glisse sur ma peau, mes poils se dressent et ce parfum… ô ce parfum que je hume, je le reconnaîtrai entre mille. Il est unique, il t’appartient. Tu es là, à ma portée, pourtant encore voilé. Il suffirait d’un rien pour te rejoindre, alors je continue d’avancer vers ta présence.
Une lueur éclot à quelques pas de moi, telle une porte entrebâillée vers un nouveau destin, un destin commun au tien. Prête à embrasser ce chemin inexploré, je déploie mes ailes diaphanes. Là, mes sens effleurent une ombre densifiée près du portail. Une fragrance musquée embaume l’air, un frisson parcours ma robe de chair. Je tends ma main et, en une caresse éthérée, je frôle un visage. Ton visage. Mes doigts sondent tes traits, ma cécité ne m’empêchent en rien de contempler ta beauté. Je la devine. Je t’enlace avec chaleur, te couvre de baisers. Embrasée. Ton chant s’unit au mien avec volupté. Brisant la mélopée enchanteresse, les mots s’échappent de mes lèvres dans un murmure sublime et empli de promesses :
— Je t’ai trouvé !
Cœur contre cœur, peau contre peau
Nos effluves divins se tissent en rameaux.
Ainsi s’évanouit mon grand manteau de nuit.
Inondant mes iris, une lumière m’éblouit
Et je revêts, cette fois, un nouvel habit
Cette belle, belle robe de vie.
Solissame…
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