Le Travail

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Le travail est un vaste sujet. Un sujet complet et complexe.

Dans notre société il représente un enjeu, un moyen de survie, un idéal pour certains.

L’homme passe sa vie – enfin une grande partie de sa vie – à travailler, pour assouvir ses besoins primaires et pour assurer son avenir de retraité.

Enfin - si l’on veut être précis - à l’origine la retraite n’existait pas, l’homme travaillait sans relâche, dans des métiers ruraux principalement qui par l’exigence de leurs contraintes ne garantissait pas une vie longue.

Certes la caste des commerçants vivait mieux, profitant de son statut pour vivre dans une opulence relative, qui d’ailleurs s’est inversée avec la société moderne, tuant ses petits commerçants au profit des centres commerciaux excentrés qui proposent des prestations dignes de parcs d’attraction.

Puis vint l’ère des premières industries lourdes et des usines, tuant par des tâches répétitives et cadencés des ouvriers sans qualification et sans avenir.

Le travail ne se présentait alors que sous forme d’asservissement aux premières machines-outils, vulgarisant l’ouvrier à un rôle de subalterne obéissant et aveugle, ne devant son existence qu’à des quotas journaliers et des cadences soumises aux bons de commande de l’entreprise.

On travaillait alors aux champs ou à l’usine.

Désormais, en nos temps actuels, le choix s’est élargi considérablement.

On peut désormais travailler dans des secteurs d’activité variés, tel le tertiaire, ou l’artisanat, ou encore dans les administrations.

Les études sont devenues alors un vecteur de puissance, un atout dans la vie, même si les étudiants surqualifiés deviennent souvent des chômeurs longue durée.

Avec tout ce bagage d’études et les promesses des fiches ONISEP on essaie de se diriger, on opte, on choisit, on peut changer en cours de route, se tromper de cursus, recommencer, faire une pause – si les parents ont les moyens – pour faire un tour du monde.

On est bien loin de nos ancêtres qui devaient s’user à la tâche dès la fin de leur puberté (et encore !).

Finalement on a l’impression de maîtriser son cursus et sa progression, afin de choisir le métier qui nous offrira une vie épanouie.

Mais qu’en est-il vraiment ? Le travail reste une obligation, une contrainte, un besoin.

Nul besoin de sondage pour savoir qu’un heureux gagnant au loto ira danser dans les îles paradisiaques plutôt que d’affronter 40 ans de boulot dans un bureau sinistre avec en sa compagnie un chef de service acariâtre et des collègues jaloux souvent hypocrites !

On peut bien sûr éliminer de cette analyse les vocations ou les idéalistes

Qui n’as pas rêvé d’être pompier, policier, médecin, de concevoir son futur travail non comme une contrainte mais comme un idéal, une passion, une mission.

Mais pour tous ceux qui réalisent leurs rêves, combien se retrouvent dans un chemin inverse, travaillant derrière un bureau tout en rêvant nostalgiquement qu’ils devraient être astronautes ou pompiers ?

Mais oublions tout ce préambule et rentrons dans le vif du sujet.

Allez on travaille. On y passe du temps, on y perd la santé quelquefois et ses illusions bien souvent.

Entre les missions confiées, le souhait naturel de réussir, les espiègleries malsaines des collègues jaloux, l’absence de reconnaissance et les Burnout finalement on peut même parfois y laisser sa vie.

D’ailleurs le Burnout, ce mot anglo-saxon plus joli que son synonyme dépression, qui qualifie le salarié qui a dans l’expression populaire « pété un plomb » est la preuve formelle de la mesure de la rentabilité des salariés. Cette rentabilité est essentielle à la société moderne, quoi que ressemblant furieusement aux cadences infernales du travail à l’usine.

La seule différence finalement, c’est la reconnaissance de ce Burnout par la législation et sa prise en charge par la société.

Une autre forme de prévention du Burnout est née dans le même temps, la fameuse rupture conventionnelle qui permet au salarié sur le déclin et prêt à affronter le trop plein émotionnel de partir de son entreprise avant l’explosion définitive.

Cependant quand on débute dans le monde du travail tout est différent, en tout cas tout est neuf et immaculé pour le jeune en quête d’emploi.

On sort tout frais de ses études, on croit en ses chances, en ses capacités, on veut trouver légitimement sa place dans la société mais aussi valider ses choix d’études.

On joue la séduction pour trouver son premier job, on avance sa motivation, sa jeunesse, son envie.

L’employeur lui traduit souvent ces atouts en d’autres termes plus économiques :

De la jeunesse qui valorise l’image de l’entreprise, un salaire raisonnable par rapport à un niveau d’études souvent surdimensionné par rapport au poste, un novice facilement formatable aux usages et à la culture de l’entreprise, un renouvellement des seniors découragés par ces recrutements qui les spolient de leur légitimité à prendre des fonctions attendues depuis des années de patience et d’expertise.

Mais c’est la règle du jeu. Travailler c’est accepter de passer par toutes les phases de progression, menant certains à la réussite et d’autres à l’échec, et pour le reliquat au classique « Métro-Boulot-Dodo »

L’échec est relatif car il ne concerne que les engagés voir les enragés de la promotion interne, qui au bout du compte et de nombreux changements de société, finissent par glisser vers la catégorie citée précédemment.

Elle est issue d’un état d’esprit et/ou de désillusion professionnelle qui conduisent au train-train de la vie et concerne beaucoup de personnes.

Le travail devient alors juste un moyen de garantir ses besoins, par exemple payer les échéances de son pavillon, de sa voiture, assurer la couverture des études de ses enfants, mais surtout profiter de son temps libre volontairement assumé pour ne pas consacrer sa vie à d’éventuelles progressions décalées à loisir par la direction.

D’autres à l’inverse ont soif de progresser, de réussir, de monter en grade.

Ils ne comptent pas leurs heures, disent Amen à toutes les demandes, et finissent soit par opportunité soit par vrai reconnaissance par gravir les échelons et vivre en permanence avec leur portable en constante réception de mails, disponibles à toute heure et sursautant de stress et de plaisir conjugué à l’affichage du numéro de leur patron.

Finalement le travail les tue jusqu’à les transformer en bourreaux vis-à-vis de leurs subalternes, à qui ils relayent les demandes de leur hiérarchie car la pression c’est comme la foudre, et avant d’atteindre le sol et de s’éteindre elle doit bien traverser l’arbre qu’elle foudroie de la cime aux racines.

Elle ne se consumera que lorsque plus rien ne l’alimentera…le fameux lâchez-prise…traduisez le Burnout, la rupture conventionnelle ou si l’on est patient la retraite.

Le lâchez-prise c’est pour donner un exemple simple l’équivalent d’un jeu Playstation ou la sauvegarde du niveau a planté.

C’est la fameuse voie de garage, le placard de la pré-retraite, ou si l’on en est loin le message discret mais ferme que l’avenir est ailleurs.

Ce cas est grave, l’homme veut réussir.

Réussir sa vie dans son travail comme dans sa vie personnelle.

On se rend compte alors que le travail est essentiel pour son équilibre, et ce à tous les échelons de responsabilité finalement

On peut difficilement vivre sans but, sans reconnaissance de son engagement et de ses efforts.

On comprend mieux le cadre désespéré qui part élever des chèvres dans le Larzac, produisant par son effort et la traite quotidienne de ses animaux la réussite de son fromage vendu durement sur les marchés locaux.

On a envie de réussir, de devenir quelqu’un, de se savoir autonome et apprécié.

L’entreprise et le travail qu’elle procure est indispensable à l’épanouissement et évite beaucoup de drames familiaux, exacerbés par l’alcoolisme, la violence conjugale, la solitude et pour en finir le suicide ou la prison.

Qui ne se souvient pas de la chanson d’Eddy Mitchel, décrivant le licencié proche de la retraite qui ne rentre pas chez lui ce soir, honteux à l’idée de la perte de son train de vie et de l’image qu’il va renvoyer si la vérité se libère.

Personne n’a jamais rêvé d’être chômeur et de vivre aux dépens de la société moderne, personne ne veut rester chez soi à passer son temps devant des programmes télévisuels insipides, à rêver sans pouvoir le réaliser de partir en vacances avec ses enfants ou de pouvoir offrir des cadeaux à Noël à ses proches.

Cependant le stress de la vie moderne renverse quelques tendances, on assiste de plus en plus souvent les gens, l’Etat se montre si protecteur qu’il est parfois, aux yeux de certains, plus commode et confortable de rester chômeur longue durée plutôt que de se lever à 6h du matin pour aller prendre son RER et passer la journée à travailler pour un salaire minimum garanti, qui en s’indexant sur le pouvoir d’achat deviendra dans 50 ans un salaire digne d’un jeune auditeur en Big Five de nos jours.

Finalement le travail accompagne la vie de l’homme sur terre. Il est le symbole de la réussite sociale bien souvent et on reste fier de le raconter. Après tout on y passe plus de temps qu’avec ses proches.

Cependant on entend rarement un éboueur raconter ses journées avec passion, un ouvrier d’usine compter le nombre de lots qu’il a empaqueté, une caissière le nombre de clients qu’elle a vu défiler devant son tapis, mais on entend par contre le cadre survolté qui a placé trois phrases dans une réunion qui selon lui ont fait sourire d’intérêt son N+1…

C’est bien la preuve que le travail doit être valorisant pour être productif et pour être vécu comme autre chose qu’un besoin alimentaire.

En conclusion, il sera toujours une obligation et une nécessité dans la vie de tous.

L’obligation définit l’alimentaire mais le grand vainqueur c’est la nécessité car au-delà de ce simple mot on perdrait vite la raison de vivre et de s’intéresser, on aurait l’impression que les congés payés n’ont pas la même saveur, que s’éduquer et se former ne sert à rien !

Car danser sur une île paradisiaque pendant toute l’année n’apporterait finalement que lassitude et ennui passé les quinze premiers jours, alors que franchement parler de sa journée à ses proches le soir en démontant ses collègues ou son boss, avoir le plaisir de partir pour 15 jours en congés ou plus simplement sentir le départ heureux du vendredi soir pour un week-end bien mérité, ça c’est la vraie vie !

Alors préservons cette perpétuelle tradition de travailler !

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