Bon ou mauvais ?
Parfois, après une mauvaise expérience, on souhaiterait tout oublier. Qui n'a jamais souhaité effacer tout ce qui ternissait notre vie ? On ferme les yeux et on espère pouvoir tout recommencer. Repartir à zéro en faisant table rase du passé. On voudrait que tout cela n'est jamais existé. On aimerait rayer de notre vie ces instants horribles — ces souvenirs imparfaits et exécrables.
Il y a deux ans, le petit nuage sur lequel je m'étais hissé s'est brutalement écrasé. Mon prince charmant s'est fait la malle avec sa poufiasse peinturlurée, laissant derrière lui la sensation amer de l'adultère. Au début, j'ai feint l'indifférence. J'ai gardé la tête haute, fait mine d'être forte, et j'ai ravalé la bile qui brûlait mon coeur. Et puis j'ai commencé à rongé mon frein. J'ai commencé à maudire chaque instant que nous avions passé ensemble. Jusqu'à souhaiter que tout cela n'est jamais existé. Le bon, comme le mauvais. J'ai voulu tout effacer.
Mais il y a peu, lorsque je me suis penchée sur mon histoire, je l'ai finalement réalisé. Aussi douloureux soit le souvenir, la leçon n'en est que plus grande. Le fait est que notre passé détermine qui nous sommes au présent. Et que notre présent détermine qui nous serons, au futur. Supprimer nos mauvais souvenirs pour la simple et bonne raison qu'ils ne sont pas agréables reviendrait à supprimer une partie de notre identité.
La déception amoureuse qui a fait suite à cette tromperie scandaleuse m'a fait grandir. Grâce à elle j'ai évolué : j'ai appris à me connaître, et à m'accepter. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est dans la trahison que j'ai découvert ma confiance en moi. C'est en ayant été cocu que j'ai appris à m'aimer et à me trouver belle.
L'erreur de jugement pour laquelle je me suis tant blâmer des mois durant est finalement ce qui m'a rendu plus forte. Plus courageuse. Plus sûre de moi. Plus déterminée. Et au milieu de tout cela, j'ai également apprit à pardonner. A me pardonner. A accepter l'échec. A mettre mon coeur à nu et à accepter le risque que cela représente.
Et le plus important, c'est au travers de cette épreuve personnelle que j'ai appris à rebondir. A tirer leçon de mes erreurs. A trouver le bon dans le mauvais. A être positive et optimiste.
Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Bon ou mauvais. L'étiquette que nous attribuons à chacun de nos souvenir n'est finalement qu'une vue de l'esprit : ce n'est que le reflet de ce que nous désirons garder de chacun de ces instants.
Les mauvais souvenirs n'existent pas. Il n'y a que de "mauvaises" expériences, dont il faut savoir oublier le goût amer pour ne se focaliser que sur le positif qui en a, tôt ou tard, découlé.
On peut choisir de ne garder en mémoire que le négatif. Le décès d'un proche, la tromperie, la déception, l'échec... ou on peut décider de ne regarder que le positif. Le souvenir joyeux de l'être disparu, la beauté des sentiments que nous avons éprouvés, et les efforts fournis. Ce n'est qu'une vue de l'esprit.
Pour ma part, je choisis d'être heureuse. Je choisis de transformer chaque déception en force. Chaque larme en rire. Alors non, je ne changerai rien, même si je le pouvais. Parce que si toutes ces années m'ont bien appris une chose, c'est qu'il faut tout vivre pleinement — la tristesse, comme la joie. Il faut tout savourer. Tout ressentir. Tout respirer. Tout consummer. Parce que ce n'est que comme ça que les regrets ne nous atteindrons pas. On aura fait des erreurs, oui. Mais on aura vécu. On aura appris. On aura évolué. On aura fait de notre mieux. Et on aura été heureux.
Parce que si nous effacions notre malheur, comment pourrions-nous réellement apprécier notre bonheur ?
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