Les rires m'entourent, m'enferment, m'enterrent. Je me retrouve sur le carrelage froid, les mains sur les oreilles, tentant d'échapper au bruit alentour. J'entends ma respiration hachée et mon coeur trop rapide au dessus des cris et des aplaudissements.

Trop de monde. Trop de bruit. Je commençait à sombrer lentemment, l'alcool empoisonnant mon sang et mes pensées, quand des bras amis me soulèvent doucement.


"On rentre."


Je me laisse faire, rassurée par sa présence. Oui, rentrons, allons nous reposer loin de cette salle bondée!

J'entre dans la voiture avec peine, en titubant malgré moi, le sol semblant se dérober sous mes pas. Il attache ma ceinture de sécurité, démarre le moteur, et s'engage sur la route, confiant. Il tourne son regard vers moi, le sourire aux lèvres, et je comprends que si lui n'a rien bû, il ne m'en veut pas d'avoir craqué. Alors, je lui rend son sourire et son regard.

Dehors, il fait nuit noire. J'approche ma tête de la fenêtre après l'avoir ouvert, et le vent me réconforte en jouant avec mes cheveux. Paisible, je regarde les rues désertes et les lampadaires défiler.

Quand je sens que je commence à reprendre pied, que mes pensées deviennent plus lucides, je me tourne vers lui.


"Chéri?"


J'ai à peine murmuré, mais cela suffit pour qu'il se tourne vers moi, inquiet. Il plonge son regard dans mes yeux un instant, rien qu'un instant.

Je sens à peine le choc alors que le pare-brise s'effondre brusquement. Je me retrouve assomée, dans ses bras, tandis qu'une sirène retentit au loin. La vie me quitte sans que je puisse rien y faire, et dans un sursaut mon regard se lèvent jusqu'à son visage.

Ses yeux verts, si pétillants. Mes yeux bleus, si profonds. Dans un regard la vie s'évanouit, dans l'autre la tristesse prend déjà place.


Juste un regard. Juste des yeux bleus...
Il n'y a plus rien à faire maintenant.