Les écrits restent

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L’atmosphère fraiche du soir redevient limpide, la foule commence à se disperser, chacun emportant avec lui le souvenir éphémère de ce moment enchanteur. Je demeure immobile, le regard fixé sur la machine. L’objet me fascine, non seulement par la prouesse technologique, mais également par la morale qu’elle renferme. Le professeur, qui m’avait observé durant sa présentation, s’approche de moi. « Tu as l’air songeur. Qu’en as-tu pensé ? » Je lève doucement les yeux vers lui, cherchant les mots justes. « C’était… magnifique. Mais triste, d’une certaine façon. Les paroles, même si l’on peut les voir, elles disparaissent si vite. » Il opine de la tête. « C’est vrai. Le FumoScribe souligne la puissance des sentiments, mais aussi leur côté éphémère. C’est la nature du langage : il touche le cœur dans l’instant, mais finit toujours par se dissiper. »

Je réfléchis un instant, puis demande : « Alors, à quoi bon prononcer ces paroles si l’on sait qu’elles vont s’évanouir ? » Il pose une main affectueuse sur mon épaule. « Parce que même si elles s’envolent, les paroles peuvent marquer les esprits, ne serait-ce qu’une seconde. Elles peuvent inspirer, attendrir, et changer la vie des gens. Mais si tu veux que ces idées ou que ces sentiments perdurent, tu dois les capturer d’une manière plus permanente. »

Je comprends peu à peu la signification. « Les écrits restent, n’est-ce pas ? ». Le professeur acquiesce. « Oui, ils ont cette capacité unique à transcender le temps. Ils fixent les émotions, ils permettent à ceux qui les lisent, même des années plus tard, de ressusciter ces moments. » Je me sens inspiré. « Je veux mettre noir sur blanc aussi mes idées, mes histoires, afin qu’elles ne disparaissent pas. » Le professeur, impressionné par ma soudaine détermination, sort un petit carnet de sa poche et me le tend. « Alors, tout commence ici. Ce carnet deviendra ton propre FumoScribe. Couche tes mots sur le papie, et au lieu de se dissiper dans l’air, ils resteront gravés pour l’éternité. » Je prends le cahier avec des yeux brillants de gratitude. « Merci. » Il sourit, satisfait de voir une nouvelle génération prête à comprendre l’importance des écrits. « Arthur, n’oublie jamais que même les plus petites histoires peuvent laisser une trace indélébile. » Alors que je m’éloigne, serrant le calepin contre mon cœur, le vieil inventeur me regarde avec tendresse. Il sait que dans ces pages vierges se trouve le début d’une aventure encore plus grande que tout ce que je ne peux imaginer. Ce moment, qui a commencé avec des volutes de fumée, a planté une graine qui continue de prosperer longtemps après l’époque des machines à vapeur.

Et c’est ainsi que pour moi, l’Exposition universelle ne constitua pas seulement un lieu d’émerveillements, mais aussi le point de départ d’une nouvelle vie. Une quête pour capturer les mots, pour les transformer en histoires durables, et pour laisser une empreinte qui, contrairement aux nuages, ne s’évaporerait jamais.

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