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L’été est fini, nous sommes au mois de mars 2022, le vent souffle si fort que je l’entends siffler sous la porte, les giboulées sont là, mais je peux quand même vous dire que dans ma vie le soleil brille.
Aujourd’hui, je suis libre de vous raconter ce que j’ai vécu.

Ma liberté fût progressive, un long chemin pavé de douleurs, toutes plus fortes les unes que les autres.

Ce que l’on appelle “le réveil”, fût chez moi brutal, mais essentiel.
Le cauchemar devait prendre fin.

Il fallait que je choisisse entre mettre fin à nôtre histoire ou mettre fin à mon histoire.

Evidemment, on ne se rend pas compte quand on a la tête dans le guidon de ce qui se passe véritablement, mais un souffle de réalisme est venu retirer le brouillard qui m’empêchais de voir la vérité en face, trop difficile à accepter et quelle honte surtout.

Mais je peux le dire aujourd’hui avec conviction, j’ai été sauvé.

Si cela vous intéresse, voici mon histoire...

Ce matin, je me réveil, comme presque tous les jours, il est 6h30. Je commence à 8h.
Je m’appelle Anne, je vins d’avoir vingt ans. Je suis serveuse dans un petit bar tabac du bourg de là où j’ai grandi. C’est un petit commerce de proximité comme on aime à le dire, d’ailleurs, dans ce bar, on aime se retrouver, les anciens comme les plus jeunes, en réalité, la barrière de l’âge disparait quand on est au comptoir.
Quand tu entre, une odeur te submerge, et pas forcément dans le sens agréable. Ça sent le tabac froid mélangé à l’odeur de l’alcool, une odeur qui ne fait pas vraiment rêver à première vue.

Alors que pour moi, cette odeur me transporte dans mes souvenirs, je revois très bien Michel alias ”Le Capitaine” attraper Roger par le bras verre levé en direction du plafond et se mettre à chanter des chants marin moitié breton moitié Français, on n'y comprenait plus rien, pendant que de l’autre côté du bar, “Ty Yan” m’apprenais quelques phrase en breton, que je répétais fièrement sans savoir vraiment ce que je disais, évidement des conneries quoi d’autre, rien de méchant mais de quoi amuser la galerie . Oui parce que j’ai grandi en Bretagne, mais ma famille n’est pas bretonne alors je n’ai jamais appris, c’est pour cela que on aimait m’initier. Ça s’était des bons moments de rigolade ceux qui traverse le temps avec nous sans qu’on les oublie.
Sans oublier, le cadre idyllique de cette petite commune du nom de “La Bruyère”, qui se situe au bord de la mer. Le matin, quand tu marches dans ces petites ruelles, tu arrives à sentir l’odeur du sable, l’odeur de l’iode, un air de vacances au quotidien.
La Bruyère avait tout d’une belle station balnéaire.

Ce matin-là, une belle journée lumineuse, un soleil magnifique, j’aurais envie de dire normal, nous sommes en été, mais en bretagne ce n’est pas forcément une valeur sûre. Sans le savoir cette journée du 25 juin 2007 allait changer mon existence.

Ce jour-là, j’ai pris mon service comme n’importe quels jours, mais tout d’un coup, la tête plongée dans les pompes à bière, j’entends la porte du bar s’ouvrir, et d’une voix douce mais masculine, j’entends discrètement un bonjour. Je lève les yeux, et je réponds à mon tour “Bonjour”.

Face à moi un homme, plutôt petit, un mètre soixante-dix pas plus, je compare à moi, et pour dire vrai ça me fait rire, je dois mesurer à tout casser un mètre soixante-trois et en trichant un peu, et lui, je pouvais le regarder dans les yeux sans lever la tête. J’ai toujours trouvé les hommes grand bien plus attirant que les petits, pourquoi je n’en sais rien, c’est comme ça.
Enfin, tout cela pour dire, qu’il n’avait rien du grand brun ténébreux que l’on rêve toutes comme prince charmant. Lui s’était, les épaules larges, un peu grassouillet, ce qui lui donnais un coté charmant, un peu comme un nounours rassurant. Il n’était pas le plus beau des hommes, mais il avait ce petit truc qui attire, peut-être cette assurance que peu de personnes on ainsi que ce côté mystérieux, qui éveil immédiatement la curiosité.

J’avoue que j’étais à un moment de ma vie, qui n’était pas le plus agréable, une sorte de remise en question.
De celle qui te fais douter de tout, ai-je fais les bons choix, le bon travail, les études que j’ai arrêtées, ne ferais-je pas mieux de les reprendre, après tout, je suis encore dans l’âge où être à l’école n’est pas dérangeant. Une multitude d’interrogation.
J’ai toujours voulu devenir esthéticienne, c’était mon rêve, le truc c’est que je me fiais au stéréotype de l’esthéticienne un peu comme pour les hôtesses de l’air, il fallait être jolie, mince, élancé, savoir se maquiller, avoir du style dans les vêtements enfin une longue liste où je n’arrivais pas à cocher une seule case en pensant à mon profil. Clairement ces filles était tout ce que je n’étais pas. Je dirais que c’est à ce moment-là que mes obsessions sont revenues. Je crois que ce sont des obsessions que

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nous avons tous, bon il est clair que chez certains elles sont bien enfouies, bien plus que chez moi en tout cas. Ce désir d’être beau, du moins le désir de se sentir désiré et donc par la force des choses se sentir beau, bref vous m’avez compris.

Les jours passent et cet homme charmant avais enfin un prénom, Cyril, un jeune parisien de vingt-quatre ans. En général, les parisiens ont une mauvaise réputation, toujours pressés même en vacances, pas agréable, le bonjour et le merci sont souvent en option avec eux, sans parler de leurs arrogances, parce qu'eux arrivent de la capital et que nous nous ne sommes que des provinciaux, alors que la plupart de ces parisiens viennent des banlieues. Un bon mélange de préjugés.
Cyril lui, était arrivé ici pour le travail. Dans l’hôtellerie restauration, on appelle ça un saisonnier, six mois en montagne pour la saison d’hiver et six mois près de la mer pour la saison d’été. Cyril avait une bonne place, second de cuisine dans le restaurant le plus chic de la commune avec évidement la terrasse donnant sur la plage, face à la mer. Le cadre parfait pour apprécier un bon repas.

Plus les jours passent et plus je laisse une place à cet homme pleins d’entrain, qui je l’avoue commençait à me faire un certain effet. Je ne serais même pas expliquée pourquoi exactement. Je pense que je le prenais pour un petit rayon de soleil au milieu de mon tunnel de tourments. Il commençait à me draguer, cela me gênait un peu, mais j’appréciais terriblement. Il arrivait même à me faire me sentir mignonne.

Si j’avais pu lire dans l’avenir...

Le jeu de séduction s’était clairement mis en place, je ne pouvais plus l’ignorer, me laissant croire que j’étais une femme exceptionnelle.

Le problème, c’est que dans ma réalité, je me voyais toujours comme la fille sympa, celle qui fait rire avec ces conneries, celle qui motive les troupes pour passer une bonne soirée en étant toujours attentive à ce que personne ne prenne de risque, j’étais celle qui veillais au bon déroulement des choses, la grande sœur vigilante, grosse et moche, avec qui on se sent à l’aise, mais jamais au grand jamais je n’ai été la fille jolie qui plait au premier regard, avec qui on se dit tien si on faisait nôtre vie ensemble. Ça s’était réservé pour mes copines.

Alors, sentir dans son regard que j’étais jolie me donnait des ailes un peu comme une Red bull quotidienne. Avec le recul, je me rends compte que c’est à cette période ci que j’ai mis mes œillères, et tout cela sans que j’aie le temps de dire ouf, la machine était lancée.

Ce qui était en train de se produire, était pourtant clair, pour tout le monde, sauf pour moi.

Les mois ont passé, les sentiments m’envahissent au plus profond de mon être, je vie nôtre histoire sans me soucier de ce qu’il se passe autour, j’étais sans aucun doute sur mon petit nuage.

Peu importe les réflexions des personnes près de moi, seul lui et ce qu’il me disait avaient de l’importance maintenant.



Le temps passe si vite, trois mois déjà que Cyril et moi sommes un couple. Des papillons plein le ventre, on rigole tellement tous les deux.

Oui tous les deux, rien que nous.
Personne ne me comprend. Je ne sais pas pourquoi, personne n’est heureux pour moi.
Peut-être sont-ils jaloux de me voir heureuse ?

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Enfin bref, je n’ai pas envie d’écouter ce que l’on me dit, personne ne le voit comme je le vois et surtout personne n’entend ce que Cyril me dit.
Il me parle de tous à moi, sans tabou ni retenue.
Ces projets de voyages, sa vie en devenir et surtout de la place qu’il aimerait que j’occupe dans celle-ci. Un avenir radieux pour nous deux.

Pour le moment, dans ma vie, le voyage le plus fou était de quitter le domicile de mes parents. Quelle aventure d’avoir enfin mon chez moi. Evidemment, c‘est grâce à Cyril que j’ai osé franchir le cap.

Maman ne le voyait pas d’un bon œil, logique la petite fille de vingt ans s’apprête à quitter le nid familial, étant la dernière de la fratrie, elle avait d’autant plus de mal à me voir partir. Cela lui rappelle que le temps a passé et que les enfants ont pris leur envol pour devenir à leur tour des adultes accomplis.
Maman et moi, nous avons toujours eu une relation un peu compliquée, j’ose espérer, que c’est un peu le lot de toutes les filles avec leurs mamans. Mais pour nous, c’était différent, je ne serais même plus dire quand ça a commencé et pourquoi.

Maman a un caractère bien trempé, elle fait partie de ces femmes qui mènent les choses sans que l’on ose se dresser devant. D’ailleurs, à vos risques et périls si vous osez le faire, soyez prêt à ce que la foudre s’abatte sur votre tête. Maman, ne blague pas. Par contre je ne peux pas lui retirer son côté, sœur Marie, sans vexer personne évidement. Maman a ce don d’aider les autres, toujours prête à tendre la main, et elle le faisait toujours de bon cœur, avec les autres, pas avec moi. Je ne lui jette pas la pierre, je sais aujourd’hui qu’élever trois adolescent tout en faisant les trois huit à l’usine n’était pas de tout repos. Le cocktail d’hormones et les changements d’humeurs, il fallait être patiente et avec la fatigue cela ne devait pas être une partie de plaisir tous les jours. Lorsque que mes copines venaient à la maison et que maman était douce, et qu’elle était à leur écoute, j’étais jalouse comme pas permis, je ne disais rien mais au fond ce n’était pas facile à vivre. J’avais l’impression que mes copines avaient plus de lien avec elle que moi sa propre fille.

Au final, tout ce que je sais, c’est que nous ne voyons pas les choses de la même façon. C’est normal nous ne sommes pas de la même génération. Pour elle, il était clair que mon premier petit copain deviendrait mon mari et qu'a vingt-deux ans tout au plus je deviendrais maman. La vision de notre génération avait bien changé. Nous les femmes, nous ne sommes plus destinés à n’être que des femmes au foyer et des mamans. Le monde moderne nous a ouvert les portes depuis longtemps, à nous l’aventure.

Ce qui est marrant c’est que mon patron, Pierre, avec qui j’avais une relation privilégiée, a tenté de me mettre en garde. À ce moment, j’étais clairement incapable de comprendre quoi que ce soit de subtil.
Pierre, c’est un corse, un homme d’une cinquantaine d’années, à dire vrai je ne sais même pas, doté d’un caractère bien à lui. Pour rien au monde il se serait laisser marcher sur les pieds. Je ne connais pas grand-chose de son passé non plus, en fait, personne ne sait vraiment qui il était avant d’arriver à la Bruyère. Alors toutes les hypothèses vont bon train, pour les uns il faisait parti de la mafia corse, pour les autres, c’était un commerçant insoumis, qui a une dette envers cette même mafia corse, ce qui implique que la mafia corse existe. Tout un tas de rumeurs de village. Le plus drôle, c’est que Pierre sait ce qu’il se dit, je pense qu'au fond ça l’amuse beaucoup, il ne confirme ni infirme les dits. Le clou du spectacle, c’est qu’il lui manque un bout du lobe de l’oreille, pour les uns c’est une menace pour les autres blessures de bagarres pour s’imposer. Moi Il me semble que c’est arrivé lors d’un accident de voiture qu’il aurait eu jeûne, personne n’a la vraies version le mystère reste entier.

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Pierre entretenait le mythe, je pense que ça lui donnait un peu de tranquillité si quelqu’un voulait lui chercher des noises cela ne durait pas plus d’une minute. Cela force le respect. Moi je le respectais pour aucune de ces raisons, moi il me traitais comme si j’étais sa propre fille, celle qu’il n'a jamais eu. Il était attentif avec moi, il me donnait toujours des conseils sur tout ce qu’il pouvait, mais il n’était jamais intrusif, il ne se serait jamais permis d’émettre un jugement sur moi ou ma façon de gérer ma vie. Peu importe les circonstances je savais que je pouvais compter sur lui. Il m’a donné une chance là où d’autre m’aurait fermé la porte au nez, il avait plus confiance en moi que j’en aurais eu moi-même.
Lorsque je lui ai dit que je recherché un appartement, il était tellement enjoué pour moi qu’il me prit dans ces bras, il savait que pour moi c’était important d’avoir mon chez moi. La seconde suivante, il me posait une question qui aurait dû m’interpeler ;

“Cet appartement que tu cherches, c’est pour toi ou c’est un appartement pour Cyril et toi ?”

Je lui ai répondu simplement ce que je pensais sincèrement sur le moment.

“Tu sais, pour le moment je cherche quelque chose pour moi, Cyril n’est que saisonnier, son contrat prend fin en octobre, peut-être qu’il sera prolongé jusqu’en décembre, le temps que le chef prenne ces vacances, mais quoi qu’il se passe malheureusement en janvier il n’aura plus de travail il devra repartir pour une saison. Donc oui, il m’aide à trouver quelque chose parce qu’il est là.”


Pierre, me pose la main sur l’épaule :

“tu sais fille je serais toujours là pour toi. Fais bien attention à lui, il n’est pas celui que tu penses, il va profiter de toi.”
Sur ces mots, je l’ai regardé sans rien dire, je lui ai tourné le dos et je suis partis finir de nettoyer les tables de la terrasse. Je ne comprenais pas bien toute cette discussion.


Je reconnais que pendant un instant La petite voix dans ma tête me disait en même temps, c’est vrai qu'en temps normal, les contrats de saisons prennent fin en septembre, octobre tout au plus. Peut-être qu’il allait me demander de partir avec lui, qui sait ? ça serait tellement génial, en plus je suis serveuse donc je peux moi aussi partir faire une saison sans aucun problème.

Le doute ne m’a envahi qu’une seconde. En plus, j’avais rendez-vous à la fin de mon service pour visiter un appartement, à trois minutes à pied de là où je travail, à cinq minutes de la plage toujours à pied, avec un loyer défiant toute concurrence, la chance, j’ai oublié de préciser qu’il y a la terrasse, trop la classe. Donc pas le moment de me prendre la tête pour des broutilles, vivons l’instant présent.

Le soir même, après une visite plus que concluante, l’appartement était pour moi, enfin un chez moi, je n’en revenais pas, j’étais tellement heureuse.

Nous sommes jeudi 4 octobre 2007, il est 7h00, c’est mon jour de repos mais c’est aussi le jour J.
Je vais pouvoir déménager mes affaires. Il règne une atmosphère lourde, très pesante chez mes parents, on ne se parle pas vraiment. Je n’ai même pas d’aide d’ailleurs, heureusement que je n’ai pas loin à faire comme trajet. L’appartement que j’ai trouvé doit être tout au plus a six-cent mètres de la maison. Une dizaine d’allers-retours plus tard j’ai fini. Il est déjà bientôt 14h00, je n’ai plus cas tout mettre en ordre et trouver une place pour chaque chose. Cyril ne devrait plus tarder à arriver pour venir m’aider, il ne pouvait pas venir avant, comme il finit à minuit au plus tôt en général, le temps de rentrer il est tard, donc le matin il en profite pour se reposer ce qui semble normal.

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Je vide mes cartons, je prends du temps parce que je veux que tout soit parfait, joli et accueillant surtout, on ne sait jamais si maman décide de passer me rendre visite. Pour vous expliquer un peu, le salon se trouve sur la droite lorsque l’on rentre dans l’appartement, il n’est pas très grand mais suffisant. J’avais acheté un ensemble de canapé couleur crème que j’ai placé au mieux pour optimiser l’espace et j’y ai ajouté une table basse noir sur laquelle j’ai apposé un set couleur violette avec un ensemble de bougie décorative au senteurs orientale et boisé, c’est un parfum qui m’apaise beaucoup. Juste en face de la porte d’entrée on a la kitchenette, elle était équipée alors pas de complication d’agencement, j’avais juste à déposer cafetière, grille-pain et micro-onde, tout le reste était déjà là. Ce qui m’a séduite dans cet appartement c’est que pour accéder à la partie nuit et salle de bain, il y avait comme un sas, en fermant la porte je séparais vraiment les espaces. Du coup de l’autre côté, pour la salle de bain et le toilette, pas grand-chose a installé se fût très rapide. La chambre pas non plus compliqué, l’armoire était encastrée et le lit prenait toute la place on pouvait à peine faire le tour, les derniers rideaux installés, il ne me restait plus que ma terrasse, Pierre m’avait offert une table et des chaises qu’il n’utilisait plus pour le bar, mon petit cadeau. Il ne manque plus que le barbecue pour les beaux jours et je suis au top, mais pour aujourd’hui, c’est fini, il est presque 1h00 du matin, je m’écroule dans le canapé et ça y est je pouvais enfin dire, je suis chez moi. Et je pense que c’était ça le plus important pour moi, même si tout ne semblait pas parfait, j’étais chez moi.

Très vite arrive ce que tout le monde avait prévu, mais c’est logique, il a vingt-quatre ans et moi vingt. Il venait passer une nuit par-ci par-la, fin octobre, on s'est dit que ça devenait sérieux, et qu’il était ridicule de gaspiller de l’argent pour deux loyers, sachant qu’il était tout le temps a la maison et que nous voulions absolument mettre de l’argent de côté pour notre projet de voyage.

Les personnes de mon entourages essayaient de me mettre en garde contre lui. Ils me disent qu’il profite simplement de moi pour ne pas avoir de loyer à payer, que son projet de voyage avec moi ce n’est que de la poudre aux yeux, que je suis complètement naïve. Cela me mettait dans une colère noire. Mes amis me disent qu’il n’a rien d’intéressant, que tout son temps libre il le passe à picoler. Pour ne rien arranger, ma maman qui me dit plus ou moins la même chose, que quand j’étais au boulot, il faisait la tournée des bars, qu'il était clair qu’il dragué d’autre fille, elle l’avait vu faire d’ailleurs. Et cela pouvait durer des heures. Ça me gonfle au plus haut point d’entendre tout ça, pourquoi ils cherchent tous à lui trouver des défauts, merde on en a tous, qui est parfait ? et puis, il a l’habitude de faire sa vie, sortir faire la fête, c’est ça être un saisonnier, personne n’arrive à le comprendre comme moi. Il lui faut du temps pour prendre l’habitude d’être en couple, et je ne suis pas du genre possessive et jalouse, donc je ne lui demande pas ce qu’il fait et avec qui, je lui fais confiance.
C'est vrai que parfois, quand j’étais au boulot, je le voyais passer devant le bar, je savais qu’il allait en direction d’un autre bar de la commune pour rejoindre des collègues saisonniers des différents restaurants, et souvent, c’est dans ces moments-là qu’il venait à croiser plusieurs de mes amis et connaissances sans même le savoir.

Et puis, je suis tellement flattée, jusqu’à aujourd’hui personne ne m’avait incluse dans ces projets d’avenir comme il le faisais. Et mon rêve de voyage déjà plus que présent, devenait accessible, j’ai toujours voulu partir à l’aventure mais l’inconnu m’a toujours fait peur, mais là au bras de Cyril l’inconnu devenait domptable et surmontable, alors je décide de mettre sur papier tout ce que l’on a envie de vivre et soyons fous, quittons tout et partons pour vivre le grand frisson.

Mon rêve à moi, c’est de voir le Burkina Faso. Je pense que c’est un mystère pour tous.

Vous savez, il y a une vraie raison qui m’a donné envie d’aller visiter ce pays ci et pas un autre. Je devais être en classe de cm1 je pense, en mille neuf cent quatre-vingt-treize je dirais. Une chose est sûre c’est que j’étais à l’école primaire. A ce moment-là, il y avait beaucoup de solidarité, surtout envers les pays dit défavorisé, je sais qu'aujourd’hui cela ne se dit plus mais à cette période si. Du coup, mon école organisait la collecte de riz et ensuite de vêtements, vous vous en souvenez ?
Mon école envoyé le riz en somalie principalement, et le reste était dispatché dans différentes associations. Grâce à l’une d’entre elle des enfants du Burkina Faso ont pu venir en France nous rencontrer, c’était tellement bien de les voir. Dans la classe où j'étais, c’est une jeune fille de notre âge qui était venue nous faire découvrir sa culture et son jeu préféré, l’awalé. Elle nous a appris durant une journée complète les règles de son jeu, j’ai tellement apprécié être avec elle que je lui ai dit, un jour, c’est moi qui viendrais dans ton village pour te revoir et tu me montreras tout ce dont tu m'a parlé.
C’est à cette instant la que je lui ai promis de visiter son pays le Burkina Faso.

Lui, me parle de faire le tour de France, mais très vite il me dit que si on doit partir, c’est mieux de partir à l’étranger, et ça sera le Kenya que nous visiterons, parce que c’est là que j’ai envie d’aller depuis de longues années. Et puis le Burkina Faso, comme il me le disait si bien, il n’y a rien à voir, alors que le Kenya c’est riche en culture et il n’y a pas que du désert. Alors, mon rêve a changé, et puis c’est vrai que le Kenya c’est mieux, la faune et la flore sont plus riches et la culture, le patrimoine y est tout aussi intéressant. J'aime découvrir les différentes cultures et au Kenya, il était évident que je serais complètement éblouie, mon rêve de voyage serait réalisé même si ce n’est pas celui de mon enfance.
Finalement, je trouve toutes les raisons pour valider son désir et abandonner le mien.

Chaque jour, on prend le temps de tout noter, principalement ce qui pourrait nous être utile, chaussures de rando, sac à dos avec gourde intégrée, boussole en gros toute la panoplie du bon baroudeur. Grâce aux livres et guide de voyage que j’ai achetés, ont avaient de quoi faire pour bien commencer à préparer l’excursion. Je pense avec le recul que j’étais la seule à vraiment préparer ce voyage. Savait-il déjà que nous n’irions pas ? Enfin, à ce moment-là, je me forçais à ne pas perdre de vue que la priorité c’est le boulot. Un voyage comme celui-ci n’est pas gratuit.

Tous les signes étaient pourtant là, comment n’ai-je rien vu venir ?...

D’ailleurs, la vie de tous les jours, avec Cyril c’était particulier, lui me disait que sa famille lui manque et qu’il en devient mélancolique, ce que je peux comprendre, il semble proche d’eux, il les appelle tous les jours. Mais quand même, je me rendais bien compte qu’il y a quelque chose de pas totalement logique. Comme à mon habitude je me mets à sa place et je le comprends, ça ne doit pas être facile tous les jours d’être seul dans un endroit inconnu, pas de réels amis pas de famille.

L’entente avec ma famille était déjà difficile pour moi, mais lui n’étant pas le bienvenu, je devais composer entre les deux, évidement je ne comprenais pas pourquoi personne ne l’acceptaient mais je ne pouvais pas les obliger, je me dis, le temps fera les choses.

Petit à petit, il me faisait comprendre que ma famille ne m’appréciait pas à ma juste valeur, tout particulièrement ma mère. Une idée simple à me mettre en tête, nos divergences d’opinion sont tellement présente pour tout et rien, visible et connu de tous.

Le temps passe si vite nous sommes déjà fin octobre.