Soirée mouvementée

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Je fus accueillie très chaleureusement. Passé la surprise de voir Lucas accompagné d'une inconnue, les amis et la sœur de Lucas m'installèrent une place à leur table.

Lucas revêtit son costume d'homme doux et attachant, camouflant cette part d'ombre dans son regard que j'avais aperçue brièvement sur le pas de la porte. Je profitais donc pour découvrir cette face de son visage et j'étais sous le charme. J'essayais cependant de ne trop m'attacher, car j'étais en pleine reconstruction. Je n'arrivais pas à me projeter, car je n'avais pas encore fait complètement le deuil de mon passé. Il me faudrait du temps certainement.

Romy était vraiment une femme à part et entière. Elle avait un fort caractère et un énorme coeur. Et sa sincérité était déconcertante, elle était sans filtre. Le genre de personne que Sophia adorait. Les deux femmes furent rapidement complices et échangèrent sur plein de sujets. Elles étaient tellement happées par leur conversation animée qu'elles ne s'étaient pas aperçues de suite que les autres invités de la table les fixaient en silence.
S'en rendant compte, un silence de plomb tomba soudainement dans la pièce. Les deux femmes se regardèrent puis éclatèrent de rire.

- Vous dites si on vous dérange ? plaisanta Lucas.

Comprenant que les deux femmes s'étaient isolées inconsciemment des autres, Sophia les convia tous à donner leur avis sur le sujet dont il était question.

- Je souhaite ouvrir un studio de danse, mais je ne connais personne, je doute que les habitants du coin me fassent confiance au début. Romy n'est pas de cet avis. Vous en pensez quoi ?

- Au contraire, répliqua Léa, nous avons juste dû laisser les habitants nous connaître, mais tant que tu ne critiques pas le mode de vie, la culture et l'accent québécois, ça va.

- Mais pourquoi je me moquerais des habitants d'un pays qui m'accueille ? questionna Sophia.

- Tu serais étonnée du comportement de certains Français ! À cause de ceux-là les Québécois sont méfiants, voir racistes pour certains, envers les Français. Mais, reprit-elle, si tu te montres ouverte et humble, les gens s'ouvriront à toi et tu feras partie d'une grande famille. Tout le monde se serre les coudes, dans les petites comme dans les grandes villes. Et puis, si tu es bosseuse et serviable, c'est très apprécié.

- Je ne pense pas que ça posera un problème à Sophia, intervint Lucas en souriant à celle-ci.

- Mais comment je peux faire pour que les gens me connaissent et me fassent confiance ?

- Avec le temps. En attendant que tu commences tes cours et que tu aies suffisamment d'élèves, tu peux faire du bénévolat ou trouver un emploi en ville. Peu importe lequel, c'est un très bon moyen de se faire connaître.

- Oh oui, répliqua Romy, ça m'fait penser qu'la prof de primaire, n'est toujours pas revenue depuis qu'elle s'est pochée la grippe. Ils cherchent du monde, je peux te présenter au maire demain matin, c'est un vielle ami.

- Mais, je n'ai aucune formation ni expérience en tant que professeur moi !

- T'as jamais eu de stagiaire ? Tu as fait des études non ? Et pis, t'es prof' de danse, tu dois savoir y faire avec les enfants non ?

- Oui j'ai l'habitude d'enseigner la danse, mais je n'y connais rien sur les programmes scolaires et sur la méthodologie de l'enseignement d'ici.

- Mais tu prends le problème à l'envers, si c'était possible, tu aimerais être prof ?

La jeune femme réfléchie quelques instants avant de répondre.

- Je ne me suis pas vraiment posé la question jusqu'à présent. Mais, en même temps le système de l'éducation nationale français est tellement rétrograde et dogmatique que ce n'est pas très inspirant.

La jeune femme fixa Lucas sur cette réflexion. Il devait connaître le problème.

- Mais, reprit-elle, si je vois comment ça se passe, je pourrais répondre.

- On va pas placoter toute la soirée ! dit Romy. Demain, je te présente à Max. Tu verras sur place. J'passe de prendre à sept heures chez toi !

Sur cet ordre Romy sortie du salon pour aller chercher le dessert. Sophia se retourna vers Léa assise à sa droite et l'interrogea.

- Qui est Max ?

- C'est le maire, c'est l'ancien prof. Il est à la retraite, mais il remplace Madame Bouchard depuis qu'elle est malade. Ça fait des semaines qu'on attend un remplaçant.

- Mais, ça ne les choque pas si je n'ai jamais fait ce travail ?

- Non, ici c'est un système à l'américaine pour le travail. Si tu es motivée et sérieuse, tu restes. Si tu déconnes, tu dégages dans la minute.

- Ce n'est pas plus mal. En France, il faut avoir, l'expérience, les diplômes, le piston et ce ne sont pas les plus bosseurs qui ont les postes les plus importants...

- Je sais, mais on s'y fait vite. Un dernier conseil, même si c'est naturel, ne compare pas la France et le Québec. Pas à voix haute du moins.

La jeune Française rentra chez elle de son côté. Lucas était rentré avec sa sœur. Elle promit à Romy et aux autres convives de les inviter à dîner dès qu'elle pourrait les accueillir.
Avant de partir, Lucas lui embrassa le cou et lui souhaita bonne nuit. Un frisson agréable parcourra son corps. Elle se demandait alors s'il pourrait l'aider à oublier Aidan. Mais elle n'était pas sûre d'y arriver un jour.

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