Après une belle performance l’artiste ne sait que faire du vide qu’il lui reste, comment le modeler pour innover à nouveau. Une belle performance tient autant de la réussite que de l’échec lorsqu’elle mûrit. Quelque chose comme la frustration de n’avoir atteint la perfection, et l’obligation de faire mieux prochainement. La résistance se nourrit de situations de la sorte, elle enferme et oblige à regarder le miroir refléter ce pâle problème, aussi doré qu’incolore. Elle empêche l’esprit de se libérer, lui impose de vaines chaînes, construit autour de lui un rempart factice. Que l’esprit se relève, il a deux jambes pour marcher. Ses deux jambes peuvent lui servir autant à danser qu’à marcher. Peut-être qu’aujourd’hui il veut atteindre un objectif déjà tracé ? Peut-être recherchera-t-il l’esthétique plutôt demain ? Ses buts et les manières d’y parvenir sont tous si divergents qu’il ne comprend pas lui-même son essence.

Mêler le mouvement à la musique entêtante fait glisser progressivement vers la folie. Une folie à la fois mécanique et vertigineuse. Un bel animal qui remue de la queue, un signe qui équivaut au rire et au sourire. Lorsqu’il est là, la résistance n’existe plus et toutes les constructions disparaissent pour laisser place à une vue horizontale, spacieuse du plateau. Il arrive aussi facilement qu’il s’en va. Mais même seul l'artiste ne doit pas se laisser abattre. Se relever, encore et encore. Tomber. Se lever plus haut petit à petit au fil des chutes pour parvenir finalement à se tenir debout, le poing levé et à crier un chant incompréhensible.

Le 27 Mai 2018