Sporcizia
Dans une ville, les gens laids sont partout. On le sait, on le sent à l'odeur qu'ils font lorsqu'ils se mouvent, au frisson épidermique de dégoût qu'ils nous provoquent lorsqu'ils s'approchent trop près, à leur air farfelu, leur laideur, leur folie.
Les grandes villes sont celles qui recèlent le plus de ces gens monstrueux. Quelques fois, leur pestilencialité, leur odeur d'urine permanente, la défécation dont ils sont l'aura, se cachent en eux et ils laissent la surface polie de la merde à l'extérieur.
Dites-moi, est-ce que j'appartiens à la même espèce qu'eux ? Telle pourrait être retranscrit la question inquiète que l'on se pose face à eux. Après tout, ils sont une anomalie et une faute.
Ils cherchent nos regards, notre parole, nos lèvres. Ils cherchent à ne plus être seuls, ils veulent nous plaire en étant d'une contre-nature à l'aspect impeccable, aux larmes noires de saleté et de vide.
Mais ils nous dégoûtent, ceux dont l'apparence est affreuse et inhumaine, dont la clé nous est incompréhensible, dont les palabres sans sens sont tous ce qu'ils donnent sans savoir y faire plus. Ils nous effraient par l'inconnu, l'air incompréhensible, incontrôlable qu'ils arborent. Peut-être pourraient-ils nous faire du mal ; ils n'ont plus de limites.
Nous faisons comme s'ils n'étaient pas là, ça nous ennuie qu'ils le soient. Nous ne voulons pas être obligés de faire comme s'ils n'étaient pas fous tout en continuant de parler avec autrui. Leur parler sérieusement serait pire, bien pire. Ce serait devenir fou, reconnaître que nous pouvons nous adapter à la folie, reconnaître que le monde est sérieux. Un monde sérieux mais sans raison. Il nous faut mentir pour survivre.
Ils sont la perte de nous, la perte de raison, la perte d'humanité. Ils sont l'incarnation vivante d'un cadavre et nous montrent notre propre sort puant.
Oui, soyons aveugles et crevons-nous les yeux plutôt que de supporter la vue de leurs corps scabreux.
Le 25 Septembre 2019
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