Glace éternelle
Je suis face à des papillons qui ne demandent qu'à déployer leurs êtres
Et ne peux les laisser agir.
Un couvercle de verre se pose sur eux
Même à travers la glace, ils sont magnifiques
Leurs ailes s'étendent et s'y déploient des couleurs oubliées
Du bleu roi, de l'orange vif, du pastel, du jaune tendre
Et un rêve, un plaisir enfantin, de la lumière dorée.
Devant moi se déroule tous les jours des scènes
Où les insectes s'entretuent
Où la chenille est scarifiée sur l'autel de la nature, de la cruauté
Ses côtes éventrées, sa gorge sanglante
J'y jette un œil distrait et fais comme s'ils n'étaient pas
Tandis qu'on m'apporte un oiseau mort chaque matin
Et que je m'en réjouis lors que je ne réalise pas que cet être
Au cou brisé, au corps froid qui ne volera pas
Qui ne volera plus
Est un reflet.
L'est-il ?
Je continue de regarder au travers d'une glace les papillons lointains et si tentants
Je pose ma main sur la glace mais déjà est-ce
Une faute, une immoralité
Et il me faut fuir ce vers quoi je marche les yeux bandés
Semi-bandés.
Le 9 mars 2022
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