La famille est un beau cadeau

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  Je ne sais trop par où commencer… Pour me comprendre, plongeons dans mon esprit. Cet intellect vif cependant troublé, découvrant la vie comme on déroule une pelote de laine : en tirant sur le fil. Au niveau de mes sentiments, je me compare à une huître. Ne rien montrer, tout calfeutrer et ne rien laisser échapper. Je suis ainsi, j’ignore pourquoi. Mais soit. Je ne suis donc pas très expressif, encore moins vis-à-vis de la colère ou de la tristesse. J’enfile ce masque stoïque, flegmatique, figé. Et malheureusement, je le porte à merveille. Quoi qu’il en soit, je vais essayer... Que dis-je ? Je m’exécute ! Je vais vous parler de ma famille, à cœur ouvert.



  Je m’appelle Alex, j’ai 21 ans. J’ai la chance de posséder deux parents aimants. Ils étaient, sont et seront toujours à mes côtés pour me soutenir, m’épauler, me conseiller. Je leur dois énormément. C’est eux qui ont conçu l'adulte que je suis à présent. On pourrait croire à un vieux proverbe… Rires. Mais c'est la vérité. Je les aime tellement !

  Ça n’a cependant pas été facile avec ma mère. Disons que sa phobie sociale s'apparentait plus à un chemin chaotique qu'à un paisible sentier forestier… Elle m’en a fait voir des vertes et des pas mures. Certes, à cause de ma demi-année sabbatique, je ne bougeais pas de la maison. Je devais m’occuper de toutes les tâches, et plus encore… J’en ai bavé. Fallait-il réellement en arriver à ce genre d’extrêmes ? Hum… Je ne le pense pas. Quoi qu’il en soit, cette mésaventure a duré, allant crescendo. Mais la page a été tournée. Et heureusement ! Je me suis rapproché de ma mère, j’ai découvert une tout autre personne. Encore aujourd’hui, je n’en reviens pas.

  On raconte que le temps guérit les blessures, qu’il ouvre les yeux. Cette phrase déborde de vérité. Adolescent, je ne pouvais concevoir la situation. Je n’avais ni le recul ni la maturité nécessaire pour l’appréhender de toute manière. Aujourd’hui, tout est différent. Je comprends, je compatis. Ma mère, grande artiste dans l’âme, s’est subitement arrêtée d’exercer. Pourtant, elle avait du talent et était reconnue par ses pairs. C’est dommage… Je ne lui souhaite que de reprendre, et de s’épanouir comme elle le faisait.

  Il y a peu de temps, j’ai rêvé d’elle. Je vous passe la partie complètement loufoque. Je me rappelle très clairement un extrait particulier. Je me souviens d’un enfant, remontant la rivière comme le font les poissons, pour aller y chercher des friandises. Et je me remémore le visage de maman, me demandant si elle pouvait devenir le bonbon qui me ramènerait à la maison. Rien que d’y repenser, ma gorge se serre… Je me suis réveillé, les joues baignées de larmes. Un pleur silencieux. Un pleur du fond du cœur.

  J’aime ma mère, c’est indéniable. J’aime cette petite femme brune dépassant la quarantaine. Finalement, on se parle peu, pourtant on se comprend. Je regarde ses yeux sombres, je les vois pétiller. Si un jour elle lit ce texte, je veux qu’elle sache que je la remercie. Pour tout. Pour ce qu’elle m’a enseigné ; pour ce qu’elle m’a apporté ; pour les sacrifices qu’elle a dû faire.


  Avec mon père, nous avons toujours été proches. Nous jouons régulièrement ensemble, nous allons « rouler au karting ». Comparé à ma mère, c’est… Différent. Cet esprit de camaraderie, si on peut qualifier ce sentiment comme tel, se greffe à cette relation père-fils. Beaucoup de choses ont changé dans la famille. Mais finalement peu avec mon père. J’ai cependant conservé ce lien fort qui nous unit.

  Je me remémore nos parties endiablées sur l’ordinateur. Rires Les plateformes ont évolué ; pas les joueurs. Il m’a mis les pieds dans le gaming, à mon plus grand malheur… Ou pas. Qu’est-ce que j’ai pu en faire des conneries ! Je me souviens tout particulièrement d’un jeu consistant à embêter son voisin. Et, le transposant à la réalité, j’avais rempli le réservoir de la tondeuse avec de l’eau. Olalah, la tête de mon père méritait mille et une fois la fessée que j’ai pu recevoir.

  Papa reste plus à l’écoute que Maman, il finit souvent par me tirer les vers du nez. Aussi surprenant que ça puisse paraître. Il est également plus bavard qu’elle ! Mais ça ne me dérange pas, je ne suis pas un très grand parleur. Avec lui, toujours un sujet à aborder, et les discussions dans la voiture sont habituellement animées ! Le trajet passe ainsi plus vite.

  Malgré son ventre à bière, c’est un homme d’une bonne carrure. Mais je m’inquiète parfois pour lui… Il a dépassé la cinquantaine et mon absence à ses côtés pour l’épauler… Je le vois fatigué, ses yeux se plissent chaque jour un peu plus. J’aimerais être plus souvent à la maison pour le soutenir, lui apporter la moindre aide possible. Mais je sais que chacune de mes visites le comble de bonheur. Quand ses larges mains m’attrapent pour m’attirer contre lui, je le sens apaisé.

  La barbe grisonnante qu’il s’est laissée pousser lui va à merveille. Ses yeux bleus me guettent à chaque fois qu’il se met en quête de m'embêter. Me pincer les fesses en fait partie. Il adore ce jeu-là, alors je lui revaux ça à chaque fois. C’est un grand farceur. Un farceur au cœur d'or. C’est mon père, et pour rien au monde je ne voudrais le changer. C’est ainsi que je l’aime.


  J’ai des parents formidables, mais une fratrie exceptionnelle. Je suis l’ainé, ma sœur est la cadette et mon frère, le benjamin. Entre nous, il subsiste un écart d’âge qui, ma foi, reste fort peu banal.


  Ma frangine a 17 ans. C’est une adolescente. Là, tout est dit. Maintenant qu’elle s’est trouvé un petit ami, les choses vont beaucoup mieux. Mais pendant un moment, elle me sortait par les trous de nez. Et j’imagine que c’était réciproque. Le cordon fraternel était coupé. Des deux côtés, aucun partage ne subsistait. Mais elle a changé. J’ai renoué le lien et depuis, nous nous entendons à merveille. Un peu à l’image de ma mère, nous ne discutons pas beaucoup. Mais cela suffit. Elle sait qu’elle pourra constamment compter sur son grand frère.

  Ma petite sœur… Je me rappelle encore une époque où nous liquidions nos journées dans le jardin, à jouer ensemble. Je repense à ces moments avec mélancolie. Le passé appartient au passé et il ne doit pas jeter son ombre sur le présent. Mais tout ceci a été trop court, je n’en ai pas assez profité. Si seulement je pouvais retourner en arrière. Tout recommencer. Il existe des souvenirs impérissables. La première fois que je l’ai prise dans mes bras en est un. Je n’avais que 5 ans à l’époque, mais je sentais au fond de moi que je l’aimerais ; quoi qu’il arrive.

  Ma grande. C’est comme ça que je l’appelle, cette asperge qui me dépasse d’une tête. Elle a beau faire la fière avec ses yeux bleus irisés de vert et son large sourire espiègle, je sais que j’ai une place dans son cœur. Aussi infime soit-elle, je m’en contenterais. Car elle est, et le restera pour toujours, ma petite sœur chérie.


  Et mon petit frère… Olalah ! Une vraie tête de pioche. Entre lui et moi : 13 ans d’écart. Incroyable. Pendant une longue période, j’ai eu du mal avec lui. Pour tout vous dire, je ne suis pas très porté sur les enfants. Et je m’emportais aussi souvent qu’inutilement sur lui. J’en suis désolé. Je faisais des efforts, je le jure. Il a eu 9 ans il y a quelques mois. Et beaucoup de choses ont changé. Un lien très fort s'est créé entre nous. Il a beau avoir son propre caractère, je le vois me copier, m’imiter. Je suis son modèle. Et ça me touche au plus profond de moi-même. C’est indescriptible ce que je ressens en cet instant, je ne suis pas très doué pour exprimer mes sentiments…

  J’étais à l’étranger dans le cadre de mon travail. Et pour mon retour, j’ai décidé de leur faire la surprise de rentrer à l’improviste. Mon frère, happé par la télévision, ne m’a pas entendu arriver. Je me suis assis sur l’accoudoir du canapé. Lorsqu’il a remarqué ma présence, il est resté silencieux. Il m’a juste pris dans ses bras. Ce simple geste était d’une sincérité à toute épreuve, ce mutisme parlait pour lui. Une sensation indicible…

  Depuis peu, Monsieur apprécie recevoir du courrier ! Alors, lorsque j’apprends que je lui manque, je lui envoie une lettre. Bien sûr, les formes y sont. La dernière était même cachetée à la cire, c’est pour dire ! Mais plus je passe de temps sur ma prose, plus j’y mets de l’amour. Une action vaut mille mots. Et c’est vrai. Quand ma tête de pioche préférée me demande de jouer avec lui, il est rare que je décline. Et j’ai toujours une bonne raison de refuser. Chaque instant avec mon frère a un prix incalculable.

  S’il devait lui arriver malheur, j’ignore ce dont je serais capable. Mais j’irais jusqu’aux confins du monde, jusqu’en Enfer s’il le faut. Cette petite tête brune aux prunelles ambre, c’est mon frangin, ma tête de pioche. Et le lien qui nous unit est inestimable.



  Voilà ma famille. C’est la mienne, et je ne voudrais l’échanger pour rien au monde. Ils ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Un jeune homme indépendant, cultivé, réfléchi. Sans eux, sans leur soutien, Alex n’existerait pas. L’amour que j’ai pour eux est indescriptible. Et d’une sincérité à toute épreuve.

  Souvent, on prend conscience de ce qu’on a quand on le perd. Je rajouterais qu’il n’est pas nécessaire de l'égarer pour se rendre compte qu’on en a besoin. Regardez ma famille. Je l’ai redécouverte depuis que nous ne vivons plus sous le même toit. Toutes nos retrouvailles deviennent un court moment de fête.


  Cher lecteur, si je ne devais te dire qu’une seule chose, une seule, c’est que ma famille est mon plus beau cadeau.

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