X – Retour gagnant ?
Guillaume s’est réveillé de bonne heure ce matin. A-t-il dormi d’ailleurs ? Il se le demande, tant il a la sensation que dans sa tête n’en finissait pas de repasser les événements de ces derniers jours.
Charlotte s’est abandonnée dans ses bras. Elle a laissé dériver son corps au gré des caresses de Guillaume.
Des courants de plaisir l’ont traversée, ballottée et elle a joui plusieurs fois sous les assauts de son amant.
Je pouvais partir tout de suite et l’emmener avec moi. Elle ne demande rien d’autre.
Mais Guillaume veut se racheter. Il ne sera pas lâche une fois de plus. Il va affronter Vincent.
Pour une renaissance.
Je vais dérouiller, il y a des chances.
Et Guillaume a peur.
On ne reconstruit pas sur des ruines paraît-il ! Il faut pourtant que je fasse table rase d’une partie de mon passé.
Il a bien vu, pourtant, que Charlotte est prête à fuir avec lui. Sans condition.
Et Pauline ? Elle est ma fille après tout. Notre fille. Elle ne doit pas être abandonnée à ce rustre. Elle n’y est pour rien.
Et elle va manquer à Charlotte.
Des cris montent de la ferme.
C’est Vincent.
Il a trouvé le lit vide en rentrant de sa virée nocturne. La petite valise a disparu elle aussi.
Il ne décolère pas, et accuse même la mère d’être complice.
Les effluves de la nuit n’arrangent rien et sa voix laisse transpirer les effets de l'alcool.
Guillaume sent sa détermination faiblir.
Partir.
Quel imbécile je fais ! Qu’ai-je à gagner à remettre les pieds ici ?
Guillaume la main sur la poignée du portail hésite.
Le temps s’arrête.
Il n’entend plus les hurlements de son frère, seulement des petites voix intérieures qui lui disent, l’une de franchir le pas et l’autre de retourner rejoindre sa belle.
Vincent apparaît à la porte de la maison et aperçoit Guillaume.
Trop tard pour reculer.
– Tiens, tiens. Voilà l’enfoiré de service. Le chouchou de ces dames.
Le sort en est jeté. Le destin a forcé ma décision.
– Vincent je dois te parler.
Guillaume pense qu’il ne doit pas s’engager sur le ton de l’invective. Son frère va avoir suffisamment de raisons de s’emporter. Inutile d’en rajouter.
Mais son timbre trahit son manque d’assurance.
– Bien sur que tu vas parler ! Et tu vas commencer par me dire où est cette salope de Charlotte.
– Je ne vais pas te dire où elle est, mais où elle va aller. Elle part avec moi.
Fureur.
La bête blessée devient dangereuse et incontrolable.
Tel un fétu de paille abandonné au vent, le cadet est ballotté et est projeté violemment contre le mur de la maison.
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