Chapitre 5
Les pachas arrivaient les uns après les autres. Spationautes, cosmonautes, taïchonautes et astronautes, tous hauts gradés, prenaient place dans l’amphithéâtre de la base lunaire souterraine. Le colonel Henry Hencock dévisageaient les premiers rangs, ceux des commandants des classes Zeus et des différentes chasses. Les officiers en chef des forces d’invasion planétaire se tenaient légèrement en retrait. Coast et Ackerman franchirent les portes simultanément. Ils s’adressèrent un salut respectueux. Emma avait supprimé son opulente chevelure pour la coupe réglementaire des Légionnaires. La salle bruissait d’un brouhaha à la fois excité et inquiet. On attendait ce moment depuis un sacré bail ! Les différents corps d’armées s’étaient scindés en une vieille tradition datant des guerres Terriennes mais qui n’avait plus aucune réalité. De fait il n’y avait que deux entité : la Spatiale, et la Légion, la seule armée qui restait fidèle à la notion de Nation depuis longtemps disparue. Elle possédait un petit bout de territoire en Afrique, donné par un ensemble de pays avant la grande Pax Americana et l’île de Corse qui avait refusée l’amalgame dans le grand concert des Nations. Hencock promena son regard sur les visages tendus des femmes et hommes de la flotte. Que des Stériles. Pas le moindre fertile. Heureusement d’ailleurs. Nul ne pourrait supporter la perte d’un fertile.
Le Grand Amiral entra, flanqué de son état-major. L’amiral Soul prit place tout en bas de l’amphithéâtre. Il dévisagea l’assistance d’un air grave. Peu d’entre eux le connaissaient. Il passait le plus clair de son temps à bord du Leadership, le titanesque vaisseau amiral, un assemblage de quatre Zeus autour d’un Galion. Il s’agissait d’une véritable base spatiale équipée de puissants réacteurs. Henry s’attarda sur le visage du numéro deux des forces de la Terre. La presse l’avait surnommée « Le colonel » en référence à un film du vingtième siècle et de l’acteur Lee Van Cleef auquel il ressemblait comme un jumeau. Ses traits acérés impressionnaient. Le Pacha des pachas posa son regard bleu sur lui. Un court instant il perdit son calme. Mais le regard poursuivit son chemin. D’une main il réclama le silence :
- L’ennemi est passé à l’attaque. Il a détruit deux Zeus et l’escorte au large de Jupiter. La sonde d’urgence a juste eu le temps de passer en vitesse Terra pour revenir nous porter la nouvelle. Nous n’avons hélas aucune image. L’attaque a été une totale surprise pour nos forces. Les échanges radios ne disent rien… Nous ne sommes pas en mesure de porter secours aux rescapés dans l’immédiat… S’il y a des survivants. Dès ce soir 20 h GMT, la première flotte se mettra en route vers les positions ennemies puis suivront la troisième et la quatrième flotte. La deuxième restera en retrait, en dernière défense. Vous trouverez toutes les informations dans vos datas ainsi que les détails de vos ordres respectifs. Bon courage.
Le laconisme de l’Amiral n’était pas une légende. Il se leva et quitta la salle. Sans perdre un instant les différents officiers se pressèrent vers les unités. Henry resta assis, les bras croisés, les sourcils froncés. Il avait informé l’Amiral de la réussite du C-1. Il savait parfaitement qu’une mission de sauvetage avec les deux C-1 existants était réalisable. Son data bourdonna contre sa hanche. Il se brancha sur le terminal en face de lui. Une voix grave grésilla dans son écouteur.
- Colonel Hencock. L’Amiral Soul. Ne dites rien. Vos ordres sont les suivants. Poursuivez les objectifs d’entraînement des C-1. Vous avez toute ma confiance. Je sais que vous comprenez l’urgence de la situation et son côté… inhabituel…
La communication fut coupée avant qu’Henry puisse répondre. Il leva la tête. Les officiers commençaient à sortir de la salle. Emma et Christopher parlaient avec animation à quelques rangées. Henry les rejoignit. Ils saluèrent le colonel. Il grimaça un sourire et prit place.
- Christopher, ton équipage est-il prêt pour un essai du C-1 ? demanda d’emblée Henry.
- Vous plaisantez mon colonel ! Je viens à peine d’investir le C-1 et mon équipage est encore dans la nature…
- Combien de temps pour le rassembler ? le coupa l’officier supérieur.
- Une heure guère…
- Bien, vous avez une demi-heure pour vous préparer. Commandant Ackerman, vous aiderez le commandant Coast dans sa préparation pour le vol vers Jupiter.
- A vos ordres, répondirent-ils en cœur dans un sourire qui en disait long.
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