Chapitre 13
Les officiers, incrédules, fixaient l’holoprojection maintenant vide. Hencock venait d’achever son exposé, court et percutant qui pouvait être résumé ainsi : « Les Fertiles veulent exterminer les Stériles. » Une hypothèse farfelue qui, à la lumière des preuves trouvées dans les divers logiciels du Zeus ramené par le Capitaine d’Erico, prenait des accents de certitude.
- Nous devons agir, au plus vite, martela le lieutenant-colonel Gorgens en avançant son buste vers la table.
L’assemblée hocha la tête avec un grognement d’approbation. La médecin en chef était réputée pour son sang-froid et son caractère pondéré. Sa voix trahissait pourtant une vive émotion.
- Nous ne pouvons pas laisser les autres flottes à la merci de criminels. Il serait très étonnant que les Terriens soient au courant du crime que certains veulent accomplir, poursuivit-elle. Mais comment arriver à prévenir et sécuriser quatre flottes ?…
- Et sauver les Stériles qui demeurent sur Terre, ajouta Oliver en se levant pour aller se servir un verre d’eau.
- Voici le plan que je vous propose, commença le colonel Hencock. Le major Ackerman, avec l’unité de la Légion sous les ordres du capitaine d’Erico, ira prévenir la 2eme Flotte en orbite autour de la Lune. La Légion aura pour mission d’extraire de la Terre les quelques Stériles les plus jeunes, qui, si j’ai bonne mémoire, devraient être à l’entrainement dans les Andes. Le commandant Coast devra prévenir les trois autres flottes. Il faudra reprogrammer tous les navires et leur donner ensuite de nouvelles coordonnées. Nous vous attendrons ici : de l’autre côté du Soleil, afin de le laisser entre nos ennemis et nous.
Ils notèrent la destination.
- Vous faites vraiment confiance à d’Erico ? Après tout, c’est une Fertile, maugréa le second de Coast.
- Oui, on peut lui faire confiance, répondit, amusée, d’Erico qui se tenait discrètement en retrait depuis le début de la réunion. Je suggère aussi que l’on agisse vite. Vous semblez oublier qu’il y a une flotte ennemie dans les parages.
- Oui, vous pouvez vous mettre en route. Puisse la force être avec vous, lança Hencock en leur donnant congé.
Certains officiers clignèrent des yeux, étonnés d’entendre une réplique de film dans la bouche d’un officier supérieur. D’autres s’en amusèrent.
Henry Hencock resta seul. Il alluma l’holo-projecteur et contempla une nouvelle fois les algorithmes des virus informatiques trouvés dans tous les ordinateurs. Il connaissait bien cette saleté. Il l’avait déjà rencontré, une fois, quand il avait par mégarde confondu son cahier de recherches avec celui de son camarade d’alors, Marc Bose. Ils avaient tous deux la manie d’écrire sur du papier. C’était quelques jours avant que Bose et les deux autres disparaissent. Maintenant il savait. Tout du moins il s’en doutait : Bose, Job et Esteban n’étaient pas morts. Ils avaient tout simplement disparus pour monter une base là-bas, quelque part dans l’espace et mettre en place une force monumentale, et des armes, comme ce virus, afin d’exterminer les Stériles. La question qui restait en suspens : pourquoi vouloir la disparition de plus d’un milliard d’individus incapables de se reproduire ?
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