Chapitre Treize : Entrelacement.

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Noémie, le souffle court et les jambes coupées ne pouvaitpas quitter le bûcher des yeux.

Toujours agrippée à la paroi de l’aérodrome, ou alors à la tôle des conduits d’aérations du Dictateur, elle ne savait plus trop, les deux surfaces semblaient enchevêtrées sous ses doigts. Les flammes continuaient de dévorer l’ensemble de la bibliothèque et se propageaient lentement au reste du bâtiment. Certains bandits s’attelaient à tenter d’éteindre le feu, mais d’autres ayant vu leur cheffe périr profitaient de la situation pour abattre leur concurrent potentiel : tous souhaitaient déjà prendre la place de Noémère, si bien que plus personne ne prêtait attention à Noémie.

Il fallait fuir et profiter de la cohue générale pour s’extirper de ce guet-apens, mais le feu continuait à la fasciner. Ces flammes qui se nourrissaient lentement de son futur lui faisait comprendre l’immensité des vies qu’elle avait déjà vécues ou qu’elle aurait dû vivre. Cela lui soulevait d’autres questions, comment est-ce possible que la boucle ne se soit jamais arrêtée ? Pourquoi autant de Noémie sont déjà passées par ici sans qu’aucune n’ait tenté de se battre pour sa vie ? Est-ce que la disparition de la première Noémie permettrait de casser la boucle ? Et enfin pourquoi avait elle toujours la sensation de pouvoir sentir le conduit d’aération du Dictateur ? Un bandit mit fin à ses rêveries en essayant de l’attraper par les cheveux.

Sans comprendre exactement comment, Noémie le plaqua au sol comme un éclair et compris qu’elle pouvait mettre fin à ses jours en quelques instant. Elle ne sût expliquer où elle avait appris à se battre ainsi, elle décida toutefois de l’épargner en l’assommant d’un violent coup sur le crâne. Elle se mit à courir vers l’extérieur.

Arrivée dehors, extenuée et toujours hébétée par ce qu’il venait de se passer et ce qu’elle venait d’apprendre, elle était perdue. Mais ou pourrait elle allée ? Quand soudain un vaisseau monochrome atterrit devant elle, elle entreprit d’aller se cacher quand elle aperçut son conducteur descendre : C’était Papyon. Mais pas tout à fait le Papyon qu’elle avait déjà rencontré. Celui là était tout en nuance de gris. Malgré le prisme, elle ne le voyait pas en couleur. Elle sentit qu’elle pouvait lui faire confiance sans trop savoir pourquoi et se rua vers lui.

- Papyon, aide moi s’il te plait, les bandits, le feu – Noémie n’arrivait pas à terminer ses phrases.

- Noémie ! Que le prisme soit loué, tu es toujours en vie. Viens, monte à bord, tu m’expliqueras plus tard !

Papyon et Noémie montèrent à bord du vaisseau qui était fait d’un nombre incalculable de métaux et de roches mais toutes ces matières restaient ternes. Aucune ne renvoyaient de la couleur. Papyon s’installa à la toile d’araignée et fit décoller la machine en un rien de temps. Noémie était sauvée. En tout cas elle l’espérait. Après avoir mis le vaisseau en pilote automatique, Papyon s’approcha de Noémie.

- Noémie, comment vas-tu ? Tu veux boire quelque chose, tu veux manger ?

- Papyon, j’ai surtout besoin de réponses, je ne comprends plus rien, je vais craquer. Je n’avais jamais tué personne. Pourquoi tout d’un coup je sais me battre ? Pourquoi j’ai l’impression de toujours être dans le putain de conduit du Dictateur ? Comment la première Noémie a pu devenir ainsi ? Ce prisme m’a maudite, c’est un cauchemar, je veux me réveiller.

Noémie se jeta dans les bras de Papyon et sanglota.

Papyon, tout en enlaçant Noémie contre elle, repris d’une voie calme et apaisée :

- Je comprends que tu sois inquiète et paniquée. Laisse la peur venir. Accepte-la. Je vais pouvoir t’apporter certaines réponses. Je ne suis plus tout à fait le Papyon que tu as déjà rencontré

- Est-ce que je peux te faire confiance ? Je sens que je peux te faire confiance, mais dis-le-moi Papyon.

- Oui, tu pourras toujours me faire confiance.

Noémie le serra encore plus fort contre elle. Et Papyon continua à parler d’une x que Noémie trouvait incroyablement mélodieuse :

- Noémie, je suis allé sur Monochrome après une de nos nombreuses rencontres. J’avais besoin de comprendre pourquoi je continuais à te voir en boucle sans que tu ne te souviennes jamais de moi. Et j’y ai fais une découverte.

Noémie n’en pouvait plus de ce suspens.

- Explique moi s’il te plait.

- J’y ai trouvé un prisme Noémie. Un prisme fait d’un noir parfait. Et lorsque je l’ai touché je suis devenu moi-même fait de nuances de noir. Et ce prisme a fait éclore dans mon cerveau plein d’idées nouvelles. Et alors j’ai compris. Coloris, Monochrome, Teint, ce ne sont pas des planètes différentes. Mais la même planète dans des mondes parallèles. Noémie tu n’as pas simplement découvert comment voyager dans le temps, mais tu as également découvert comment passer d’un monde à l’autre. C’est pour cela que tu as existé autant de fois. Tout ces mondes sont entrelacés, ils sont enchevêtrés. Quand tu touches la paroi d’un mur, le don que t'as donné ton prisme te permet de sentir toutes les versions de ce mur dans tous les mondes différents. Quand une Noémie passée ou future, a appris à se battre dans un de ces mondes, en réalité elle a appris à toute les Noémie.

- Mais pourquoi la dernière Noémie n’a pas su se battre mieux que moi ? Pourquoi les autres Noémie ne sont pas ici avec nous si nous savons toutes comment passer d’un monde à l’autre et d’une époque à l’autre ?

- Noémie, je ne sais pas encore pourquoi, mais il semblerait que tu sois la seule à avoir pris conscience de cet enchevêtrement et à véritablement réussir à utiliser les connaissances de toute les autres. Les autres Noémie ont fini par se retrouver devant la dernière des Noémie et à se faire assassiner. Je crois qu’il ne reste plus que toi.

- Et le dictateur dans tout ça ?

- Je ne sais pas, je pense juste qu’il a compris tout cela depuis longtemps et qu’il cherche à réunir tous les prismes. Qui sait combien il y en a, combien il y a de monde parallèle, et qu’est-ce qu’il souhaite en faire ?

Noémie resta songeuse, toute ces informations répondaient à certaines de ces interrogations mais en soulevaient tout autant.

Papyon ajouta :

- Va te reposer maintenant et n’oublie pas que nous sommes deux à posséder des prismes dorénavant. Toi et moi, maintenant, on est une équipe ! Nous déciderons demain de ce que nous allons faire.

Avant d’aller se coucher Noémie déposa un doux baiser sur la joue de Papyon. Ses ailes frémirent.

Allongée sur son lit, Noémie digéra toute ces informations. Elle se laissa aller à son intuition et elle se rendit compte qu’un immense savoir était tapi dans les recoins de son cerveau. Il lui faudrait du temps et des éléments déclencheurs pour que ces savoirs se réveillent mais elle se sentait plus sereine. La boucle temporelle et quantique semblait rompue, elle avait trouvé un allié de choix. Peut être était-ce un peu plus qu’un allié d’ailleurs. Noémie allait basculer vers le sommeil quand soudain elle eut une vision d’un prisme rouge dans un monde de feu, elle entendit d'une voix lointaine :

« Quand tu trouveras le cerf rouge, laisse le te guider »

Et enfin s'endormit.

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