Rassemblement Nécrotique

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Pendant l’absence de Passion et G’d’ni, Mapoo poursuit le rituel, inlassablement. L’endurance du Woon est incroyable ! Mak, assis sur un fauteuil à distance, ne perd pas son temps. Il utilise son pouvoir d’investigation mentale. Sa vue se brouille et se teinte de nuances de gris. L’Ygwan observe en vitesse accélérée un retour en arrière dans le temps. La pétrification de Daren recule jusqu’à ce que l’Ygwan s’arrête lorsque qu’apparait une silhouette encapuchonnée en noir et blanc. Contemplant toujours le passé, l’Ygwan observe le dérouler des évènements. La silhouette rejette en arrière sa capuche, révélant un visage de faucheuse surmonté de deux cornes imposantes. La créature n’a pas d’existence physique en tant que tel. L’échange avec entre le spectre et le seigneur Daren semble houleux. Le spectre tend à Daren le pendentif surmonté d’un cristal. Le Seigneur le refuse initialement puis, comme de guerre lasse, finit par l’accepter. Il ne fait aucun doute qu’ils sont en train de conclure un pacte. Mak se concentre d’autant plus, les tenants et aboutissants de ce pacte deviennent plus clairs. Daren concède à ce que les nécrosiens traversent le pont et puissent circuler librement à Axiol. En contre-partie, tant que Daren est vivant, le spectre promet que les nécrosiens ne feront pas de mal aux habitants. Le spectre scelle le pacte en inscrivant d’étranges symboles dans les airs.

Alors que Mak sort de sa transe, Passion et G’d’ni les rejoignent dans la chambre. Mak s’isole avec les deux arrivants. Ils échangent leurs informations avant d’aller confronter Daren. Passion d’Ecorce s’avance vers le Seigneur, bien décidée à le faire parler. Daren est d’abord récalcitrant, puis honteux, il culpabilise et exprime des regrets. A force de questions, il cède des informations : le pendentif est un symbole du pacte nécrotique ; les villageois ne sont pas transformés en Morph ; le spectre vient seul, régulièrement depuis plusieurs mois ; la dernière fois, il est ainsi venu narguer Daren qui avait été maudit et il lui a proposé ce pacte ; l’intendant n’est pas mêlé à cette affaire ; Daren a tout de même voulu préserver au maximum ses employés. Interrogé sur l’agressivité globale des gardes et des habitants d’Axiol, Daren pense qu’il s’agit uniquement de l’impact dû à la présence du spectre. Daren, épuisé, sombre à nouveau dans le sommeil.

Suite à un nouveau conciliabule, Mak et G’d’ni décident de se rendre dans la forêt de l’autre côté du pont. Ils souhaitent partir à la recherche du spectre pour le confronter. Passion assure la garde de la chambre, tandis que Mapoo poursuit son dur labeur aux côtés de Toxar.

°°°

Arrivés à l’orée de la forêt, G’d’ni pose ses mains griffues sur l’écorce de l’arbre le plus proche. Il laisse ainsi glisser ses mains d’arbres en arbres…

- « La forêt souffre… les arbres sont malmenés par des processus nécrotiques.

- Peux-tu suivre la nécrose ambiante telle une piste ? interroge Mak.

- Oui… Allons-y. »

Les deux Ygwans s’enfoncent dans la forêt. Au bout de plusieurs minutes de marche, ils tombent sur un groupe d’une trentaine de Nécrosiens. Ils s’immobilisent. Comment un groupe aussi imposant a-t-il pu se former à l’insu de tous ? Heureusement, les Nécrosiens ne les ont pas repérés. Progressant lentement et avec circonspection, Mak et G’d’ni contournent le groupe jusqu’à atteindre le spectre à la tête cornue. La créature des ombres se tourne vers les deux intrus. G’d’ni s’avance de quelques pas les mains en l’air, suivi de près par Mak.

- « Que faite-vous là ? demande la voix gutturale du spectre.

- Nous venons discuter.

- Je suis Antarax. Si tu le savais, tu saurais que je négocie, je ne discute pas. Se moque le spectre.

- Alors négocions. Reprend G’d’ni sans se départir de son assurance.

- J’ai bien envie de négocier vos vies.

- Que faites-vous ici en si bonne compagnie ? Quels sont vos projets ? demande l’Ygwan, ignorant la menace à peine voilée de son interlocuteur.

- En quoi cela vous regarde-t-il ?

- Nous gardons le village, et vos agissements posent quelques soucis avec notre mission. Vous savez, on ne peut pas enlever les gens comme ça.

- Il faut bien se nourrir.

- Mais vous aviez conclu un pacte avec Daren de ne pas tuer les habitants.

- Nous avons besoin de leur âme, puis ils nous rejoignent. Je leur offre une non-vie où ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Je n’entends personne se plaindre de mon offre… Je vous aime bien, itinérants. Rares sont les personnes qui osent s’aventurer jusqu’ici. Je vous laisse partir en vie…

- Ça s’est gentil. Commente Mak.

- Si vous tuez Daren pour moi. Finit le spectre.

- Euh, excusez-moi. Mais ce sont tous des villageois ? demande G’d’ni, tentant de gagner du temps.

- Ils viennent d’ici et d’ailleurs. Signez le pacte. La voix du spectre se fait insistante.

- Daren va survivre si on le soigne, vous savez ?

- Vous croyez que je n’ai pas prévu cette éventualité ?

- Daren va survivre et vous ne pouvez pas atteindre le village. G’d’ni laisse s’exprimer une partie du shaan, faisant comprendre au spectre que le pacte est hors de propos.

- J’en ai assez ! »

Le spectre disparait dans un tourbillon. Les Nécrosiens se rapprochent des deux Ygwans. Sans perdre une seconde, Mak et G’d’ni se détournent et se mettent à courir. G’d’ni est plus rapide et est vite hors de portée. Mak plus lent, commence à ressentir un grand froid dans son corps. Les nécrosiens les plus proches de lui, commencent à aspirer son âme. Mak se débat et redouble d’efforts. Il parvient à se dégager, prend de la distance. G’d’ni et Mak courent à en perdre haleine jusqu’à sortir de la forêt. Les nécrosiens s’arrêtent à la limite des arbres. Les deux Ygwans poursuivent leurs courses jusqu’au château.

1. Affrontement

Quelques heures après le départ de ses compagnons reptiliens pour la forêt, Passion entend des chuchotements à travers la porte de la chambre de Daren. Ils proviennent du couloir. Elle entrebâille la porte et écoute attentivement. Trop éloignée, la Féling n’entend que des murmures incompréhensibles. Elle tend la main vers le Yadyao.

- « S’il te plait, Speep. Va voir ce qu’ils disent et rapporte-moi les informations. Ne te fais pas voir. »

Après un sifflement approbateur, l’Yadyao s’envole dans le couloir. Il revient après quelques minutes. La Féling n’obtient que peu d’information. Quelque chose est censée bientôt arriver selon les gardes. Habitée d’un mauvais pressentiment, Passion d’Ecorce ferme la porte de la chambre à double tour et déplace une commode devant.

- « Mapoo, on risque d’avoir de la compagnie bientôt.

- Quoi comme compagnie ? demande le Woon, quittant le rituel.

- Je ne sais pas. Mais ça ne sent pas bon.

- Ok, je vais faire une sieste alors. »

Le Woon se renverse sur un fauteuil et s’endort quasiment instantanément. Toxar poursuit sa tache imperturbable. Passion est sur le qui-vive. L’Arénis est venue se plaquer sur son poitrail, prêt à protéger son armimalière.

Deux heures plus tard, de discrets coups à la porte font sursauter la Féling. A travers la porte, elle reconnait les voix de Mak et G’d’ni. Après avoir repoussé la commode, elle les fait entrer et réveille Mapoo. Mes deux Ygwans rapportent leur découverte à leurs compagnons. G’d’ni s’occupe des soins d’âme de Mak puis soigne son esprit. Chacun sait qu’une bataille se prépare. Il faut soigner ses Trihns. La nuit tombe et un nouveau tour de garde s’installe.

En fin de nuit, Passion d’Ecorce fait le guet. Tout est calme, jusqu’à ce qu’elle entende des personnes discuter de l’autre côté de la porte. Une voix fantomatique résonne :

- « Occupez-vous de lui ! »

Des coups commencent à retentir contre la porte de la chambre. Mak, G’d’ni et Mapoo s’éveillent. Chacun sort son arme, prêt à défendre fièrement sa vie. Après de nouveaux coups, la porte choie sur ses gonds, les meubles ayant servit à barricader la porte sont repoussés contre les murs. Quatre mélodiens font irruption dans la chambre. Passion envoie son Trihn d’Esprit mais il s’écrase contre le mur après avoir raté sa cible. G’d’ni décoche une flèche qui frolle l’épaule de la Féling et se fiche dans l’armure d’un des mélodiens. Mapoo s’approche d’un des attaquants et lui décoche un puissant crochet du droit. Le mélodien recule d’un pas mais n’est pas plus assommé que ça et riposte immédiatement en visant le Woon de son épée. Mapoo l’esquive de justesse, laissant la voix libre pour Mak qui utilise sa frappe malsaine, blessant légèrement l’adversaire. Les coups pleuvent. La mêlée est indistincte. Mapoo réussit à assommer un adversaire d’un coup de poing dans la mâchoire tandis que Mak enfonce son épée dans le flan d’un autre Mélodien. Ce dernier s’effondre dans un râle. Passion d’Ecorce virevolte entre les assauts de son adversaire. Elle ne voit malheureusement pas une feinte de son adversaire et reçoit un coup violent dans le genou. G’d’issing s’est allié à Mapoo et distrait les opposants du Woon lui permettant de les assomer. D’un nouveau coup d’épée bien placé, Mak finit par faire tomber le dernier Mélodien. Reprenant leurs souffles, les quatre compagnons regardent autour d’eux. Chacun ramasse une des épées mélodiennes de belle facture.

- « Non… Le pendentif est brisé. Les autres se sont aussi retournés contre nous. Allez au village, nous allons être attaqués ! » s’exclame Daren, contemplant les débris du pendentif gisant au sol.

°°°

Les quatre compagnons se ruent à l’extérieur du château. Les couloirs sont déserts, les gardes ont fui, ils préparent surement leur contre-attaque. Arrivés sur le parvis du château, une image holographique apparait dans le ciel. Le visage du spectre brille dans le ciel, rieur, moqueur.

- « Peuple d’Axiol ! Réjouissez-vous, vous allez pouvoir gouter aux plaisirs de la non-vie ! »

Sur ses mots, une vague noire semble émerger de la forêt parmi elle, quelques Miliciens se sont joints. Il n’y a pas une minute à perdre. Passion d’Ecorce part en courant, elle doit aller quérir l’aide de l’Elémentaire de Feu. Mapoo, file en direction du village, il se chargera d’ameuter les villageois afin qu’ils défendent leurs vies. Mak et G’d’ni prennent position au milieu du pont, bien décider à ralentir la progression de l’ennemi. Le spectre Antarax s’avance au milieu de la foule de Nécrosiens, bien reconnaissable avec ses cornes pointues. G’d’issing se concentre et usant de toute la force du shaan, il invoque une Brûlure d’Anti-âme puissante. Antarax se ploie et se contorsionne avant de se relever, la rage déchirant son regard. Mak lance une de ses grenades dans la foule de Nécrosiens, mais l’explosion ne ralentit nullement leur progression. Antarax, ayant repris ses esprits, lance un rayon noir qui vient percuter G’d’ni droit dans sa poitrine. L’Ygwan prend un air absent puis son regard se teinte de terreur. Le spectre l’a plongé dans une illusion abjecte. G’d’ni se voit marcher sur une mer de cadavres d’Ygwan, au centre la reine mère. Il a l’intime conviction d’être à l’origine de ce désastre. Il faut toute la force du Shaan de l’Ygwan pour sortir de cette transe et revenir à la réalité. Mak et G’d’ni sont contraints de reculer vers le village. Les Nécrosiens s’avancent lentement sur le pont. Mapoo a réussit à rassembler les villageois. Hom-28 a aussi rejoint les rangs de combat, ses lances-flammes pourront peut-être faire la différence. Passion d’Ecorce revient en courant, l’Elémentaire de feu la suit. L’apparition de la créature fait émerger un vent de panique parmi les villageois. Il faut toute la persuation du Woon pour les assurer que le Golem de feu est un allié.

- « Ainsi dont vous avez choisit le trépas. Mourrez, âmes faibles que vous êtes ! » rugit Antarax.

G’d’ni concentre toute son attention sur Antarax et l’assène de Brûlure d’Anti-âme. Le Spectre est résistant et ne montre que peu de signes de faiblesse. Attaquant avec leurs outils, fourches, marteaux, couteaux, les villageois ne font que peu de dégâts parmi la foule nécrosienne. Le concours d’Hom-28 se révèle plus utile. Il parvient à paralyser une partie des rangs ennemis, les bloquant sur le pont. Il fat aussi usage de ses lances-flammes brûlant les âmes damnées. Mak lance une grenade à fragmentation qui ne fait s’effondrer que deux nécrosiens, une goutte d’eau dans la masse des troupes adverses. Passion en fait encore tomber quelques-uns avec ses Trihns d’âme pur. Malheureusement, la magie a un prix, elle perd un temps précieux à recharger ses trihns. Ses attaques puissantes sont trop rares. La puissance phénoménale du Golem de Feu fait plus de dégâts. Il s’avance et produit une décharge de feu, venant calciner une vingtaine de créatures des limbes. C’est alors qu’Antarax éclate d’un rire démoniaque, il lance une vague de fumée noire nécrotique, dix villageois tombent au sol, ils se contorsionnent comme soumis à d’atroces douleurs et se relèvent le regard vide. Ce sont des nécrosiens se retournant contre les voisins, leurs familles et amis. Antarax, son méfait accompli, reporte alors toute son attention sur G’d’ni qui tente de résister à la noirceur du spectre. Alors que Mapoo est aux prises avec des Miliciens, le Golem embrasse les ennemis qui harcelle le Woon. Le Woon s’approche de l’Elémentaire. En tapant des pieds, il se fait comprendre de lui. Le Golem hoche la tête et se recroqueville. Déployant toute sa force, le Woon booste le saut du Golem qui s’élance plus avant sur le pont. Le Golem lance son attaque Colère de feu juste avant de percuter le sol. La puissance de son attaque est décuplée par l’impact. Des vagues de feu dévorent les Nécrosiens et Miliciens par vagues successivement. Les rangs ennemis sont bien plus clairsemés. De son côté, Mak a pris la défense d’un petit groupe de villageois qui s’est fait prendre en tenaille par des Miliciens. Mak s’interpose devant eux et fait barrière de son corps, sauvant ainsi la vie de plusieurs villageois. Mapoo s’est mis à psalmodier des rituels, la nécrose perd en puissance autour de lui.

- « Attention, Antarax, va réanimer les cadavres ! » s’exclame Passion en voyant le spectre se concentrer plus lancer son sort.

Tous joignent leurs forces pour ralentir Antarax. Pendant ce temps, le Golem puisse dans ses forces et d’une nouvelle décharge de feu, il tue les derniers Nécrosiens et miliciens encore debout.

Antarax interrompt alors son sort.

- « Je vous ai sous-estimé. Hu, hu, hu… Vous n’imaginez pas ce que le destin vous réserve… »

Le spectre se détourne d’un mouvement du bras, il ouvre une porte des limbes dans les airs et s’enfuit au travers. La porte se ferme derrière lui, interdisant toute poursuite. Le calme revenu, chacun reprend ses esprits. Les familles essayent de se retrouver, certains pleurent leurs êtres disparus. Les secours s’organisent, les blessés sont pris en charge et on commence à nettoyer le site des combats. Passion remercie le Golem de feu pour son aide précieuse. L’Elémentaire épuisé, retourne dans la mine à pas lents. Main d’Argile a promis de lui faire porter dans courgines dans les plus brefs délais. Les quatre itinérants rejoignent le château. Arrivé dans la chambre de Daren, ils découvrent avec stupéfaction que le seigneur est guéri de la pétrification. Toxar explique qu’à la disparition du spectre, le rituel de Terre ont pu reprendre le dessus et la pétrification a pu reculer et disparaitre.

- « Je ne pensais pas pouvoir espérer vivre… Je reconnais que vous m’avez bien aidé. » dit Daren, à contre-cœur. Le seigneur n’a visiblement pas l’habitude de reconnaitre ses erreurs ni de remercier qui que ce soit.

Daren prend sur lui et présente maladroitement ses excuses auprès de Toxar. Il valide aussi les accords commerciaux entre Main d’Argile et Toxar ainsi que la diminution des taxes de Toxar. Quand aux groupes d’itinérants, leur récompense a été préparée par l’intendant. Les quatre compagnons prennent congés de Daren, non sans lui avoir fait promettre de ne plus fréquenter les spectres. Ils retrouvent l’intendant qui leur remet à chacun 500 credos. Une somme correcte bien qu’elle semble bien maigre par rapport aux efforts fournis selon Mak. Avant de quitter le village, ils passent voir Main d’Argile. Lorsqu’elle les voit arriver, elle agite les bras, ravie de les revoir. Elle les serre dans ses bras à tour de rôle, au grand déplaisir de Mak. L’Ygwan ne retrouve le sourire que quand elle leur remet leur paye, 500 credos chacun sonnant et trébuchant. Avant de les quitter, elle leur offre un dernier conseil.

- « Vous êtes drôlement mal sapé. Vous devriez pour rendre à Silniberana, on y vend de magnifiques étoffes. La fête du tissu approche et après toutes ces émotions, un peu de détente et shoppings vous fera le plus grand bien ! »

Passion d’Ecorce est ravie à cette perspective, elle réussit aisément à convaincre Mapoo. Après concertation, les Ygwans se rangent aussi à son avis. Le groupe se met en route pour la ville au bord de mer où de nouvelles aventures les attendent sûrement.

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