Près de la voie ferrée,

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(j'ai la photo mais je ne trouve plus de lien valable : Un jour ensoleillé, une voie ferrée au milieu de la nature boisée, un homme nu, vu de dos, marche sur l’un des rails)

J’ai beau être geek et n’avoir la majorité que depuis peu, je fais pourtant partie d’une équipe de bénévoles éco-responsables depuis déjà trois ans, les Anti-inciviC ou les « A-C ».

L’action du moment, ce jour-là, était le ramassage des détritus laissé dans la nature par des touristes criminels ou inconscients, se foutant de l’impact de ceux-ci sur la faune et la flore environnante à plus ou moins long terme.

Lors de l’attribution des surfaces à couvrir, je m’était arrangé pour avoir la parcelle la plus éloignée du terrain, en bordure de l’ancienne voie ferrée, de peur à avoir à nouveau à me coltiner la pipelette de service. Cette bonne femme arrivait à parler plus qu’elle ne respirait, très gentille et très serviable, mais très, très insupportable et le souvenir de notre dernière sortie me hérissais toujours les poils d’effrois. « Moulin à parole et voix de crécelle ! » comme dirait mon père.

Short court de running bleu roi, tee-shirt au couleur de l’association, gants de protection et grosse chaussures de randonnées aux pieds, j’en étais à remplir mon deuxième sacs quand je sortais des fourrés et, grimpant sur le talus, une vision insolite s’offrit à ma vue.

Un homme nu avançait lentement sur l’un des rails, jeune, peau totalement glabre et fort bien fait, il ressemblait à un funambule sur son fil … costume à paillettes en moins !

J’ai eu le réflexe de sortir mon iPhone pour prendre une photo en vitesse, avant de poursuivre ma montée.

Le bruit de mes pas sur le ballast le fit se retourner et, si la vue de face comfirmait la plastique toute aussi lisse et impeccable que celle de dos, son visage aux traits harmonieusement anguleux m’offrit, lui, un timide sourire et son regard semblait légèrement dans le vague. Il ne pensa même pas à couvrir le morceau de choix qui pendait entre ses jambes.

—Bonjour, vous allez bien ? Vous me semblez un peu perdu, je peux vous aider ?

—Oui, me dire où nous sommes ? Je n’ai aucune idée de la façon, ni du comment j’y suis arrivé ! Je me suis réveillé dans une espèce de cabane vide au bord d’une clairière un peu plus loin il y a quelques minutes, alors que dans mon souvenir je prenais un dernier verre avant de rentrer dormir … et puis, mis à part la gueule de bois, plus rien !

—On se trouve sur l’ancienne voie ferrée, à l’arrière des terrains qui jouxtent le parc d’attraction.

—Mince ! Je vois où c’est. Ça fait une trotte pour retourner chez moi et dans ma tenue c’est pas gagné. Ricana-t-il.

—Eh bien, on peut dire que vous le prenez plutôt pas mal, c’est assez surprenant je dois dire. Me grattant la tête, perplexe devant le bonhomme. Vous voulez que je prévienne la police ou quelqu’un d’autre, à moins q…

—Holà, du calme mon gars ! J’ai dit que je savais pas où ni comment, j’ai pas dit que je savais pas pourquoi je suis là. Comme tu connais déjà tout de mon anatomie, fit-il, pivotant sur lui-même en écartant les bras, tu peux bien savoir comment cette histoire de fou a commencé et tu peux me tutoyer.

Il m’expliqua, sans rentrer dans les détails, que s’il se trouvait dans cette galère c’était à la suite du pari de trop et que c’était pas un pari comme un autre celui-là, le dernier de l’année, c’était LE pari qu’il ne fallait pas perdre. Le pari le plus stupide qu’il ait jamais fait…

—Putain ! cette idée à la noix que j’ai eu de dire « chiche ! »

Ça m’apprendra à être têtu comme une mule et à avoir un esprit de compétition hors normes qui m’embarque dans du casse-gueule même quand je ne suis pas sûr de mon coup.

… Et il l’avait perdu son pari !

Avec ça pas question de marche arrière ni que le gagnant se contente de plates excuses.

Celui-ci jubilait, quand il lui prouva noir sur blanc qu’il avait raison.

Perdant habituel, pensant surement à sa vengeance future avec délectation, après la dernière humiliation qu’il avait subi par sa faute : un week-end habiller en soubrette sexy et talons aiguilles à obéir aux ordres des colocs de fac présents ces jours-là (six sur les dix de la maisonnée, si j’ai bien suivi ses explications, d’une sorte de fraternité sportive), ce qu’il n’arrivait pas à digérer.

il lui fallut admettre ses torts, accepter sa défaite en public et attendre l’exécution de la revanche du looser.

Le perdant, selon les termes, devait être ‘kidnappé’ en quelque sorte, entre la date des derniers examens et avant le jour du départ de tous en vacances, une semaine plus tard. Ensuite, emmené à un endroit situé dans un rayon de 20 km, il devait revenir par ses propres moyens et, dans la tenue du moment, sans un autre bout de tissu, sans aide extérieure pour se déplacer et évidemment sans l’intervention des forces de l’ordre, être rentré avant les douze coup de minuit.

Persuadé d’en être le futur gagnant il n’avait pas fait préciser les limites, cherchant déjà à imaginer la tenue de déguisement la plus ridicule possible pour son rival … et, celui-ci sûr de son coup, ayant toutes les cartes en mains avait trouvé l’extrême : à poil, en tenue d’Adam sans même l’ombre de la plus petite feuille de vigne !

— Alors, dit-il avec un sourire en coin, tu comprends mon dilemme ?

Je n’avais pas quitté des yeux son anatomie durant toute son explication et je ne m’étais pas rendu compte que lui surveillait depuis peu l’excroissance grandissant dans mon fin et petit short de sport.

Et, alors qu’il prononçait sa dernière phrase, j’admirais la montée inexorable de son engin.

—… Enfin ! mes dilemmes ! reprit-il en tanguant du bassin, son sexe roide jouant le métronome.

Je devais Avoir viré instantanément au rouge cramoisi, tant mes joues de puceau me brulaient …

*Coupure pub, interlude et pose d’un bandeau « scène coupée par le CSA » (conseil supérieur de l'audiovisuel) *

…Après ce moment de pure folie il partit, non sans m’avoir donné toutes ses coordonnées et roulé une dernière pelle, habillé d’un de mes grands sac poubelles transformé en poncho.

Il fut rentré avant l’heure, et l’autre enragé le traitant de tricheur et de mauvais perdant, se fit remonter les bretelles par l’un des condisciples servant de juge « Tu as précisé : sans un autre bout de tissu ! Hors le sac est en plastique, donc chalenge de fin réussi ». Il fulminait encore le lendemain en partant, sachant que dans deux mois il risquerait à tout instant d’avoir la monnaie de sa pièce, c’était leur dernière année…

Comment je connais la suite ?!

Il me l’a raconté de vive voix, entre deux gros câlins.

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