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Cela faisait plus d'une semaine maintenant.
L'homme était éteint, vaquant à ses occupations plus par habitude qu'autre chose. Sa femme n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle alternait entre des crises de sanglot silencieux et des passages à vide où elle se tenait là, immobile, sans rien faire, pendant plusieurs minutes, sans regarder rien en particulier. Leurs enfants souffraient aussi, mais moins, ne comprenant pas totalement ce qui s'était passé ni la disparition de leur jeune frère. Seule l'aînée paraissait saisir la gravité de la situation et, malgré sa tristesse manifeste, avait pris sur elle d'effectuer les tâches que sa mère n'effectuait plus. Elle s'occupait des autres enfants pendant que leurs parents, tout à leur douleur, essayaient tant bien que mal de supporter le chagrin.
L'hiver devenait de plus en plus rude. Tout le village était au courant de ce qu'il s'était passé, d'une manière ou d'une autre. Les gens partageaient la peine mais n'osaient pas s'approcher de la maison. Car un autre sentiment les habitait, un sentiment d'autant plus fort qu'ils ne savaient pas quoi en faire.
La peur.
Plusieurs personnes s'aventurant dans les bois pour recueillir quelques rares plantes ou chasser du menu gibier avaient entraperçu une créature gigantesque entre les arbres, chaque fois avec la même terreur au cœur.
Chose qui ne s'était jamais produite. N'aurait jamais dû se produire, même lorsque l'offrande était refusée et que l'animal revenait, seul, au petit matin, terrifié par ce qu'il avait vu.
Et le froid devenait de plus en plus intense. Les nuits paraissaient plus noires, les nuages plus lourds et plus nombreux, le soleil plus fade, les bois plus terrifiants et silencieux.
Il fallait que quelque chose soit fait.
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