Le soleil tarde à paraître sur le village, bien qu'il soit sur le meilleur versant de la colline de Galnis. Cette pénombre persistante résulte de la période de l’année, quelques jours après l’équinoxe de printemps, et à la chaîne de montagnes qui marque la frontière orientale du pays d'Arcendres. Annah ignore le nom de ces montagnes, peu à peu vaincues par le ciel qui s’éclaire, vers sa gauche.
Des brumes magnifiques prennent des couleurs de plus en plus chaudes. Cette aube salue son arrivée au village d'Auren, mais la sorcière devine que le soleil ne se montrera qu’une ou deux heures aujourd’hui.
La colline qu’elle gravit est chargée ça et là de ruines antiques. Il semble qu’Auren ait eu un passé glorieux, que le temps a privé de sa beauté et de son ancienne superficie. Galnis était peut-être couverte de toute une ville !
Les arbres n’ont guère reconquis de terrain depuis lors ; les bosquets et le ciel offrent une belle vue à qui sait prendre le temps.
« Attention, petite ! »
Un paysan se rendant à son travail surprend Annah, qui a le nez en l’air plutôt que sur le chemin. Il manque de la bousculer tant elle est distraite, puis s’arrête un instant. Il tire avec lui une mule et des outils agricoles.
« Que fais-tu ici, à cette heure ? Tu es seule ? »
Bien qu’elle fasse plus jeune que son âge, Annah sourit toujours quand on lui parle comme à une enfant.