Chapitre 11 - 1

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  Lya arriva en ville au bout de plusieurs heures, à dos de cheval. Une fois sur place, elle mit pied à terre et saisit sa monture par la bride. Elle scruta les environs en prêtant attention au moindre détail.

  Aucune trace de son frère en chemin, mais l’instinct de Lya lui disait qu’il s’était arrêté ici. Karel n’était pas idiot, entreprendre un voyage seul était inconscient. Son frère était parti en n’emportant que son artéfact et le peu d’argent qu’il avait gagné. Sans cheval, il avait dû user de la téléportation successive afin de laisser le moins de traces possibles et mettre de la distance. Malheureusement, cette méthode avait dû l’épuiser, ce qui l’obligeait dans tous les cas à s’arrêter dans la ville la plus proche, Sheyral. Lya se dirigea vers les écuries publiques pour y laisser sa monture, régla le séjour de l’animal et quitta les lieux.

« Pourquoi est-il parti sans rien dire ? » pesta-t-elle. « Qu’est-ce qui t’es passé par la tête ? »

  Sa famille aurait refusé une telle décision et se serait battue pour lui, mais son frère avait décidé de partir sans mot dire.

« Il n’a même pas emporté de nourriture pour son voyage, cet abruti ! »

  Son inquiétude grandissait. Il était certes plus armé pour l’extérieur, mais il était seul. Lya ne doutait pas de ses capacités à se débrouiller, au contraire, mais elle s’en faisait pour d’autres raisons.

  Épuisée, elle se posa dans un coin de rue.

« Où le trouver ? Et comment ? C’est que je ne peux même pas l’appeler en criant son nom en espérant qu’il me réponde… »

  Lya considéra les passants qui défilaient. Impossible que son frère y soit, il détestait se retrouver dans une quelconque marée humaine. Lya soupira, désespérée : elle ne savait vraiment pas par où commencer. Sheyral lui avait paru logique sur l’instant, car, peu importe où Karel comptait se rendre, il lui faudrait bien s’approvisionner quelque part. Il était parti si vite et sans laisser de traces, ce qui signifiait qu’il ne voulait pas être vu. Inutile de le chercher chez Phaïstos. Lorsque Karel ne souhaitait pas être suivi, il savait très bien comment s’y prendre. Il connaissait sa sœur. Mais Lya le connaissait aussi.

« Bon sang… où es-tu, Karel ? Pourquoi tu ne nous fais pas confiance ? Pas même… à moi… »

  Lya se sentait blessée par cette décision, dans le sens où son frère n’avait pas pris la peine de les informer de quoi que ce soit et ne leur avait pas accordé un dernier regard. Il n’avait laissé aucun indice sur sa destination mystérieuse.

  Une idée lui vint. Lya partit donc dans le quartier des artisans. De là, elle rejoignit une forge bien spécifique. Phaïstos l’accueillit avec un large sourire.

— Lya ! Comme ça fait plaisir de te revoir ! Surtout saine et sauve ! Il paraît qu’il y a eu une catastrophe chez toi ! Je me suis fait du soucis…

  Lya se rapprocha et le salua d’un mouvement de tête.

— Oui… Vous n’avez pas eu trop de dégâts de ce côté ?

— À part quelques tuiles cassées, rien de bien grave. Mais raconte-moi ! Tu m’as l’air fatiguée et soucieuse. Viens donc t’asseoir, je vais nous chercher un remontant. J’ai besoin d’une pause, de toute façon !

  Lya lui sourit : Phaïstos était resté le même, et voir un visage familier après plusieurs jours de voyage la rassurait. Elle entra dans la boutique et prit place derrière une table en bois. L’artisan revint avec de l’eau et de la bière, puis avisa la main de Lya. Il sourit.

— Ah, je vois qu’il te l’a donnée. Ton frère est doué, tu sais ? C’était son premier vrai travail, sans aide, pour se tester, et il ne s’est même pas fabriqué quelque chose pour lui !

  Lya repensa au jour où Karel lui avait fait ce cadeau. Elle se souvint de ses mots et de son expression moqueuse. Son cœur se serra.

— À propos… L’auriez-vous aperçu, par hasard ? lui demanda Lya en chassant ces souvenirs.

— Karel ? Non, pas du tout. Il n’est pas venu avec toi ? Vous êtes pourtant inséparables !

  L’humeur de Lya s’assombrit davantage.

— Pas tant que ça, apparemment… Il a disparu.

  Phaïstos la considéra pendant quelques instants puis afficha une expression rassurante. Il posa une main calleuse sur l’épaule de la jeune fille.

— Ne t’inquiète pas. S’il est passé dans le coin, nous finirons par le retrouver. Je peux interroger quelques clients, si tu le souhaites. J’ai plusieurs contacts avec les commerces de la ville. Ton frère est quelqu’un de plutôt singulier dans son genre, il n’a pas dû passer complètement inaperçu ! Un type qui parle avec les mains, ce n’est pas ce qu’il y a de plus courant, tu sais ! Allez, repose-toi un peu, et nous nous occuperons de ça après.

— Je vous remercie, vraiment, lui répondit Lya avec émotion.

— C’est normal, ma p’tite. Allez, relève la tête ! Tu n’es pas le genre de fille qui baisse les bras même devant une montagne, tu es capable d’affronter la pire des tempêtes ! Prends donc une pause, et redeviens la Lya que je connais !

***

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