Chapitre 33 - 2

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  Il perdit toute sensation physique et fut plongé dans le noir. Karel lutta et appela ses pouvoirs, mais rien ne lui vint.

« Trop tard. », comprit-il. « Je suis dans la dimension spirituelle de cette entité. »

  Il se força à conserver son sang-froid. Autrefois, il avait été entraîné à faire face à cette situation. Il devait seulement éviter le moindre coup et la moindre blessure, au risque de se blesser grièvement dans la réalité. S’il se ne se dépêchait pas de se sortir de ce piège, il allait probablement y passer.

« Concentre-toi. Whélos a bien confirmé qu’il s’agissait d’un combat de volonté. »

  Enfin, ses yeux s’habituèrent à la pénombre. Un rapide coup d’œil à son corps lui confirma ses observations : il n’était pas dans le monde physique. Son corps était une illusion créée par sa propre mémoire. Karel regarda tout autour de lui. Le noir complet. À quelques mètres de lui se dressait une créature étrange, à la peau vert pâle sur sa silhouette menue et agile. De petites dents pointues apparurent lorsque ses lèvres remuèrent de son visage aux courtes oreilles pointues. La créature le fixait de ses yeux complètement noirs. Mais Karel se méfiait plutôt des longues griffes qui ornaient ses mains et ses pieds. Une créature de la forêt.

« Certainement un des esprits pervertis, à l’origine du comportement des plantes. »

 La créature poussa un cri aigue et bondit sur lui. Karel esquiva d’un pas sur le côté et attrapa l’un des poignets de la bête qui émit un autre cri de rage.

  Elle essaya de le griffer de sa main libre. Si une attaque l’atteignait, son esprit serait endommagé, et son corps suivrait. Karel amena le bras prisonnier de la créature et elle se blessa en poussant un autre cri désagréable. Karel la relâcha et recula afin de mettre une distance raisonnable entre eux.

« Je ne suis toujours pas libre ? Pourquoi ? », s’étonna-t-il. « Comment faire pour me libérer de ce sortilège ? »

— Karel ! entendit-il résonner.

  L’univers spirituel s’ébranla soudain, et Karel se sentit comme aspiré dans un gouffre. Tout s’effaça.

  Sa conscience réintégra brusquement son corps. La lumière du jour l’aveugla un instant, mais Karel comprit qu’il avait été libéré du sortilège. Une lame de vent fendit l’air. Le dôme tomba, coupé en deux, révélant Aquilée avec une expression déterminée, suivie de près par Lya et Whélos.

— Brûle au plus proche de la naissance des racines, conseilla-t-elle.

  Lya invoqua des micro embrasements pour les défendre et chaque liane se rétracta. Aquilée insuffla de son pouvoir au sort de Lya pour que la combustion soit plus rapide, afin de détourner l’attention des végétaux de leurs amis.

« Uriel ! »

  Karel se précipita aussitôt vers le Sorcier, inconscient et blême. Pendant que les filles le couvraient, il libéra Uriel en sectionnant les racines à leur naissance. Uriel fut enfin libre et Whélos s’empressa de lui faire reprendre connaissance.

  Au bout de quelques secondes, Uriel se réveilla, surpris de se retrouver là avec eux.

— Que… que s’est-il passé ? Il y avait une bête, et plus de magie pour la contrer !

— C’était une lutte spirituelle, voilà pourquoi, expliqua Whélos. Dans ces cas-là, soit la personne est suffisamment forte pour s’en sortir seule, soit elle se fait aider par une aide extérieure. Tu te sens capable de te relever ? Comment te sens-tu ?

— Ça devrait… aller.

— Bon, tant mieux.

— Je t’en dois une, fit Uriel. Karel ?

  Lya rejoignit son frère et posa une main sur son bras. Elle suivit son regard, rivé au loin.

  La Tour du Vent se dressait désormais devant eux.

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