Chapitre 28

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  Le voyage reprit dès le lendemain. Le groupe quitta rapidement la ville et décida de longer l’un des bras fluviaux du pays, notamment celui qui menait dans la Forêt de l’Air où se trouvait la Tour de Zmeï. Ainsi, ils étaient certains de ne pas manquer d’eau ni de source de nourriture s’il le fallait.

  Aquilée eut encore du mal à suivre, mais déjà, son endurance s’était améliorée. Tout le long du chemin, Whélos et Aquilée essayèrent d’apprendre quelques signes, mais Karel se sentait encore gêné par ces approches.

  Son esprit était encore préoccupé par ses récentes découvertes et l’angoisse que lui imposait leur situation précaire. Après plusieurs années à refouler ses souvenirs, Karel ne comprenait pas pourquoi son passé ressurgissait, comme s’il souhaitait complexifier la situation.

  Karel ne pouvait s’empêcher encore une fois de se demander quel avait bien pu être le sujet de conversation entre Phényxia et Serymar, autrefois. Il avait beau essayer de se rappeler, impossible : à l’époque, il ne comprenait pas une once de la langue. Karel pouvait seulement attester que la conversation avait été tendue. Découvrir la terrifiante vérité à son propos n’avait pas du tout aidé en ce sens.

  Il laissait donc Lya se charger d’apprendre aux autres ce qu’elle jugeait utile. La jeune fille déplorait l’isolement de son frère.

  Le jeune homme s’était habitué très tôt à la solitude, et ce malgré la surveillance souvent accrue dont il avait bénéficié bien malgré-lui. Se retrouver en groupe lui était compliqué. Karel ne savait jamais comment se comporter. Mais les cachotteries des uns et des autres ne l’aidaient pas à se sentir serein.

  Après une demi-journée, le groupe décida de faire une pause, surtout pour Aquilée qui, même si elle ne se plaignait pas, fut soulagée de s’arrêter un peu. Lya décida de l’accompagner sur les berges du fleuve pour l’aider à soigner ses courbatures.

  Uriel se proposa pour faire un tour de garde. Whélos attendit sur place et en profita pour se reposer. Karel décida de suivre Uriel. Il devait absolument avoir une discussion sérieuse avec lui, même s’il ignorait comment s’y prendre.

  Le Sorcier d’Eau finit par remarquer sa présence. Une fois seul à seul, il se tourna vers lui.

— Qu’est-ce que tu veux, Sans-Voix ?

  Karel se crispa, mais ne releva pas. Autant, les autres, c’était gratuit, autant là, tous les deux étaient en conflit. Même si Karel trouvait cela trop facile, du fait qu’il ne pouvait pas riposter.

  Il ne se laissa pas déstabiliser.

— Je ne te comprends pas. Pourquoi tu ne m’as pas dénoncé aux autres ?

  Karel le regarda avec tristesse. Il avait tant de choses à lui dire, et supportait de moins en moins ce sentiment d’être aussi limité. Il désigna Uriel, se montra lui-même, puis effectua une croix avec ses bras qu’il écarta.

— Nous ne fonctionnons pas de la même façon, c’est ça ?

  Karel confirma. Uriel ricana.

— Bien sûr, que tu n’es pas comme moi. Et je m’estime chanceux de ne pas l’être. Je n’aimerai vraiment pas être comme toi. Je ne sais pas si je supporterai de ne pas pouvoir faire valoir mes idéaux.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire… »

— Enfin, je dois quand même admettre que je suis jaloux.

  Karel lui offrit une expression étonnée.

— Tu as deux pouvoirs, et tu n’as même pas eu à faire des efforts pour les obtenir. Je ne comprends pas pourquoi les Dragons t’ont accordé cet avantage. Si tu savais ce que je serais prêt à donner pour être plus puissant, afin de me racheter auprès des miens !

  La tristesse que Karel éprouvait pour lui s’accentua.

« Bon sang, Uriel… mais qu’as-tu fait ? Lutte contre cette vanité qui te ronge, c’est la seule solution pour t’en sortir… Devenir plus puissant n’arrangera pas ta situation. »

  Sa vanité l’avait poussé à donner sa vie à Serymar. Et certainement commettre quelque chose de grave chez les siens.

  Incapable de lui partager sa pensée, Karel lui tendit une main, en signe de paix. Uriel se figea.

« Ton désespoir t’a mis dans une situation compliquée. J’espère sincèrement que tu t’en sortiras. Je suis désolé de m’être comporté ainsi envers toi. »

  Uriel soupira et le rejoignit. Ses yeux bleus le sondèrent, puis Uriel lui serra la main.

— On reprend donc à zéro ?

  Karel assentit.

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