Le Lion et la Mort
Le Lion, féroce souverain,
Bien qu’il fut dépourvu de remords,
Appréhendait la Mort.
Il fit venir Ophide, des voyants le plus fin
Afin qu’il lui prédise son destin
Et lui évite un triste sort.
« Sire, votre avenir est limpide,
Dit le savant Ophide.
Je vois votre décès dans six jours. »
« Six jours ! s’écrie le roi. Ne puis-je donc rien faire ? »
« Dans six jours mon beau sire, vous irez aux enfers,
A tout votre pouvoir, Thanatos reste sourd.
Votre mort j’ai prédit, votre mort surviendra
Et être souverain ne vous sauvera pas. »
Horrifié, le Lion s’enfuit,
Fait quérir médecins, sages et érudits,
Comptant, soutenu de la sorte,
Au nez de la faucheuse, barrer toutes les portes.
Six jours passent ; le roi survit.
Trop heureux d’être en vie,
Il va railler Ophide, criant d’une voix forte :
« Tu m’as dit que dans six jours, je devais mourir
Mais je suis encore là. » Le Lion se met à rire.
« Avais-je dit six jours ? demande l’initié.
Ma langue a donc fourché,
C’est aujourd’hui que vous mourrez. »
En entendant ces mots, le Lion perd son sourire.
Il court vers son château, et pour gagner du temps
Traverse le ruisseau, réputé fort glissant.
Aveuglé par la peur, il lui pousse des ailes.
Soudain, il dérape, et se brise le crâne.
La Mort, passant par-là, récupère sa manne
Et l’emporte avec elle.
On ne peut changer son destin,
Fût-on un puissant souverain.
Monarques et Mendiants tremblent devant la Mort
Car personne ne peut échapper à son sort.
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