Vendredi 21 décembre /1

2 minutes de lecture

CV - volontiers ;)

Julie

C’est bien ma veine ! Premier jour avec ma nouvelle voiture, premier feu et je cale comme une débutante. Pas le temps de mettre la main sur la clé que…

« BOUM ! »

Crotte ! Mais quel plouc ! Il ne m’a pas vue  ?

Tremblante, j’ouvre la portière, toute dépitée, alors que l’autre conducteur avance vers moi, le regard noir, le visage fermé, la démarche assurée. Il semble furieux !

— Qu’est-ce qui vous a pris ? gronde-t-il en observant les deux voitures embouties.

— Je suis… vraiment désolée, mais…

— Quand l’feu passe au vert, on accélère ! On freine pas ! explose-t-il.

— Je n’ai pas freiné… J’ai calé, avoué-je confuse.

— Calé ? Calé ! On est à plat. Vous l’avez eu où votre permis ? Dans une pochette surprise ? se moque-t-il méchamment.

Je déglutis en tournant la tête pour évaluer les dégâts. Apparemment, lui n’a rien, alors que mon parechoc est bien déformé. J’écarquille les yeux avant de le regarder d’un air ahuri.

— Mais c’est vous le fautif ! Vous devez respecter une distance de sécurité, bafouillé-je.

Costard-cravate, tout en lui respire la confiance en soi. Il a tout du commercial, représentant ou banquier. Peut-être même agent d’assurance. Avec ma chance, il s’y connait mieux que moi et je n’arriverais pas à me défendre. Pourquoi est-ce que Tim n’est jamais là quand j’ai besoin de lui ? Que ferait-il ? Que dirait-il ? Me gronder, évidemment ! J’entends déjà ses mots : « Quelle gourde ! Tu as confondu la pédale de frein avec l’accélérateur ? »

— Je vous donne ma carte de visite, et vous m’appelez pour régler le constat. J’ai pas le temps maintenant.

— J’en ai un dans la portière.

C’est exclu qu’il parte sans signer quoi que ce soit. Je tremble déjà à l’idée de l’annoncer à mon mari, mais si en plus je n’ai aucune preuve, j’en entendrai parler pendant des mois.

— Je suis très en retard, bougonne-t-il en scrutant sa montre.

— S’il vous plaît, bredouillé-je en lui souriant timidement. Ma voiture est toute neuve, ça ne prendra qu’une minute.

Sans trop savoir quel argument a fini de le convaincre, le résultat est là : il remplit rapidement sa partie du constat sur le toit de sa voiture puis me rend le stylo. Je le remercie, puis lis son nom à voix haute :

— Monsieur Roucal. Vous n’êtes pas d’ici ? ajouté-je en voyant son adresse.

— Non, pas vraiment. J’ai un rendez-vous important dans cinq minutes et je dois encore traverser la ville. Vous avez mes coordonnées, j’annoncerai le sinistre à mon assurance. Envoyez-moi le double dès que vous avez rempli votre côté. Merci.

J’acquiesce en grimaçant. Mais je sens que je n’obtiendrai rien de plus. Avant qu’il ne ferme la porte, je m’exclame :

— Au prochain carrefour, prenez à gauche, puis la première à droite. La route est plus étroite, mais vous éviterez une partie des feux.

Sans dire un mot, il hoche la tête, manœuvre sa grosse berline puis disparait dans le flux de la circulation.

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