Mardi 4 juin / 8
Charlotte
J’embrasse les joues de Maxime en lui souhaitant bonne nuit alors que ses yeux papillonnent. Il va rejoindre Morphée dans peu de temps alors que Marion risque de veiller tard, sans doute jusqu’à l’arrivée de son père. Moi qui voulais m’apprêter pour sauter sur mon homme dès qu’il aurait franchi le pas de porte… C’est loupé.
Je passe par la salle de bain où je trouve ma fille se brossant les dents. Je souris. Elle est peut-être plus fatiguée que je ne le pensais.
— Tu vas au lit ? demandé-je pleine d’espoir.
— Non, j’attends papa.
J’ai envie de grimacer, et si elle me regardait attentivement juste à cet instant, elle verrait ma mine défaite. Mais je ne peux plus l’envoyer au lit comme les poules… Elle ne comprendrait pas et Manu se fâcherait.
Je me brosse les cheveux en échafaudant mille et un plans pour coincer mon homme. Sous la douche ? Non, le mur est mitoyen avec la chambre de notre fille, elle entendrait tout. À la sortie de la salle de bain, dans le couloir ? Manu ne voudra jamais. Et si je l’attendais dans le garage ? Si Marion a le regard vissé à la télévision, elle remarquera à peine mon absence, faut juste trouver une émission passionnante… pour elle.
J’attrape mon téléphone et envoie un message à mon homme :
« Tu peux me dire vers quelle heure tu penses être à la maison ? Marion veut t’attendre. »
« Je pars maintenant de chez les Chablot, d’ici dix minutes pas plus « cœur »»
Je souris et informe ma fille qu’elle peut regarder ce qu’elle veut à la télévision, y compris ces stupides émissions de téléréalités.
— Sérieux ? Même… le bachelor ?
Je soupire profondément en inclinant la tête, tout en marmonnant que pour une fois… Sans attendre que je change d’avis, elle court s’affaler dans le canapé, à l’opposé de la porte d’entrée.
Je garde ma robe longue, mais retire mon string et mon soutien-gorge et m’observe dans le miroir. Rien ne se voit. Je descends au rez-de-chaussée, pénètre dans la cuisine, me sers un verre d’eau puis me glisse par le réduit dans le garage. Je n’allume pas et écoute attentivement. C’est surtout mon cœur que j'entends. Mon souffle s’accélère en imaginant la suite et s’arrête à l'arrivée d'un moteur. La lumière des phares se devine par les interstices, le bruit se stoppe et j’attends qu’une portière s’ouvre pour lui faire signe, mais rien ne se passe. Je fronce. Pourquoi ne sort-il pas de la voiture ?
N’y tenant plus, je pousse la porte et observe Manu triturer son téléphone avant de relever le visage et me sourire. Je lui fais demande de me rejoindre en silence. Sans attendre, il m’obéit.
Je déverrouille ma voiture sagement garée à l’abri des regards et entraîne mon mari qui ne semble pas trop comprendre ce que je lui réserve. Il ouvre la bouche tout en retenant ses pas. Je pose mon index sur ses lèvres et lui susurre à l’oreille :
— J’ai failli violer le maître-nageur et le serveur du resto… il est grand temps de…
Sans se faire prier, il emprisonne ma bouche et je ne peux terminer ma phrase. Ses doigts relèvent le bas de ma jupe, je colle une cuisse sur sa hanche et le laisse me fouiller. Il appuie mon dos contre la carrosserie, débraguette son jeans et joue à me caresser le pubis de son gland encore un peu mou. Ma main l’attrape et le masturbe rapidement. Trop peut-être, son bassin recule. D’un geste il me retourne, mes seins se retrouvent plaqués contre la vitre arrière de ma petite citadine, mon dos se cambre et je me dresse sur la pointe des pieds. Il pose une main dans mes cheveux, me fait tourner la tête, et enfile sa langue dans ma bouche en même temps qu’il me pénètre. J’étouffe un cri dans sa gorge, me sens dégouliner, mes jambes flageolent. Je me savais à bout, mais pas à ce point. Une de mes paumes glisse entre mes cuisses et je m’astique le clito… Il est en feu, pulse de plus en plus fort… je me contorsionne et gémis : Plus vite… plus fort… plus profond.
Évidemment il ne me comprend pas, j’ai toujours sa langue dans ma bouche, mais il me connaît par cœur et éloigne son visage du mien, s’agrippe à mes hanches et accélère. Mon auto ondule à notre rythme, la pauvre, elle doit croire qu’elle vogue sur un océan déchaîné.
Je souris de ma pensée, mais le plaisir m’inonde et je capitule. Mon corps se crispe avant d’être secoué de spasmes et de se couvrir de frissons. Manu m’attrape par la taille, embrasse ma nuque, alors que j’échappe à sa queue.
— J’ai pas fini, se plaint-il.
— Je sais. Mais Marion ne dort pas… Elle va me chercher si…
Je le vois déçu, le comprends à son soupir. Il recule, remonte son pantalon sur ses attributs gonflés et marmonne :
— Laisse-moi cinq minutes que je retrouve mon calme.
Je dépose un baiser sur le bout de son nez, il m’attrape et m’embrasse à pleine bouche. C’est pas comme ça qu’il va débander, mais je ne refuse pas. J’adore sa fougue, ses envies, ses désirs… Mais s’il continue, je vais à nouveau me retrouver comme une flaque dans ses bras.
— Bonsoir quand même, sourit-il en plongeant dans mon regard. Alors comme ça le maître-nageur était sexy ?
— Il était presque à poil… c’est ça qui était sexy. Tu sais bien que je ne le reconnaîtrais pas dans la rue.
Il éclate de rire alors que j’ouvre la porte menant à l’intérieur de la maison et me retrouve face à Marion.
— Ah ! T’es là ! La voiture de papa est devant, mais il n’est pas rentré.
— Il vérifie un truc à la mienne, il est dans le garage. Il va arriver, dis-je d’une voix surprise.
Manu qui a dû débander en entendant sa fille, me rattrape et lui embrasse les joues en l’interrogeant sur son heure de natation.
— Comme d’hab’… 50 bassins. Tiph’ t’a rien donné pour moi ?
Ah… c’était donc ça son impatience.
— Si, tiens, dit-il en sortant une enveloppe de sa poche arrière.
— Tu l’as pas ouverte hein ?
— Non, évidemment. Mais les SMS, c’est pas plus simple ?
— Tiph’ n’a pas droit à son portable le soir. Et elle devait me dire un truc… supra important. Bonne nuit… À demain, dit-elle un pied sur la première marche.
On sourit de ce petit tourbillon, alors qu’on était encore tous les deux un peu essoufflés de notre ébat. Mon regard parcourt la silhouette de Manu et je constate qu’une légère bosse décore son entrejambe. Même si je sais qu’on ne fera rien avant d’être enfermés dans notre chambre, l’état fébrile de mon homme me promet une fin de soirée très chaude et je m’en réjouis d’avance.
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