Samedi 27 juillet
Charlotte
Vers dix heures, le téléphone sonne et Marion se précipite en hurlant :
— Laissez-moi passer ! C'est Tiphaine. Je suis sûre que c'est Tiph'.
Manu sourit en voyant l'effervescence de sa fille. Et à peine a-t-elle prononcé « allô » qu'elle s'écrie de plus belle que c'est bien elle. Elle monte quatre à quatre les marches et part s'enfermer dans sa chambre, sans doute pour partager leurs premiers souvenirs l'une sans l'autre. Manu répète au cas où je ne l'aurais pas compris, pour bien se moquer de sa fille :
— Je crois qu'elle est rentrée.
Je soulève les sourcils, il penche la tête puis me tire la langue en précisant :
— OK, ils sont rentrés... tous les cinq.
— Théo aussi ? demande Maxime.
— Je ne sais pas, peut-être qu'il a voulu rester au bord de la mer pour ramasser des coquillages, plaisante Manu.
— Non, papa. Il aime pas les coquillages. C'est un truc de fille ça.
— Ah oui ? Tu crois ça toi ? plaisante-t-il en s'approchant de lui et en l'attrapant par la taille et le chatouillant jusqu'à le faire hurler de rire. C'est vrai que toi tu n'en ramasses pas pour décorer tes constructions sur le sable, argumente-t-il.
— Arrête papaaaaaaaaaaaaaaaaaa, couine-t-il entre deux fous rires.
Marion réapparait et exige le silence avant de demander si on peut passer l'après-midi avec les Chablot. Les enfants se soutiennent et même si Manu espérait ne pas les revoir avant notre propre retour des vacances, je le sens plus serein ce matin. Il me sourit et nous n'avons aucune excuse en stock pour empêcher les jeunes de se voir.
— Dis à Tiphaine de me passer Julie, demandé-je.
— Elle dort encore. Ils sont arrivés en fin de nuit.
Manu propose d'aller chercher Théo, Tristan et Tiphaine et de les emmener à la plage. Tim et Julie se reposeront et nous rejoindront en fin de journée.
Julie
Lorsque j'émerge enfin d'un sommeil agité, je me retrouve dans les bras de Tim, qui est venu se pelotonner contre moi. Non, mais dis ! En arrivant, je n'avais pas la force de préparer la chambre d'amis, et après avoir partagé la même chambre pendant trois semaines au camping, le privilège de dormir seule ne me semblait pas d'une urgence absolue.
Je m'extrais sans délicatesse de son emprise, il ronchonne et finit par se retourner.
Je me lève immédiatement, plus énervée que jamais. J'enfile mon peignoir et descends retrouver les enfants tous affalés dans le canapé, mangeant nos restes du pique-nique du voyage. Les valises sont encore dans le coffre de la voiture et la perspective de cette journée me rend immédiatement maussade. Vite... il me faut un café. J'ouvre les placards et constate amèrement que la réserve est vide et que le seul café qu'il me reste est la version soluble et sans arôme que j'ai bue pendant toutes les vacances et qui se trouve lui aussi dans le coffre. J'étouffe un juron alors que Tiphaine sautille autour de moi, un sourire éclatant sur le visage.
— Bonjour, ma puce. Tu as bien dormi ?
— Pas beaucoup, mais...
— Mais quoi ?
— Tu serais d'accord si je te demande un truc ?
— Ça va dépendre du truc, dis-je sans plus d'humour.
— J'ai appelé Marion et ils vont à la plage.
— Tiphaine, on vient à peine d'arriver !
— Oui, je sais, mais demain ils partent pour trois semaines et vous nous emmenez chez papi et mamie. Je la reverrai pas avant la rentrée, s'il te plaît, ma maman que j'aime fort fort !
— T'en as qu'une de maman ! À condition que tu fasses toi aussi quelque chose pour moi.
— Demande-moi n'importe quoi !
Je lui tends les clés de la voiture en lui expliquant où trouver le café. Je n'ai pas encore terminé que déjà elle bondit hors de la cuisine en criant qu'elle rapporte tous les sacs.
— Et moi maman ? Je peux aussi aller voir Maxime ?
— Je ne sais pas. Faut que je téléphone à Charlotte.
— Ils ont dit oui. Manu a même proposé de venir nous chercher, argumente Tiph'.
— Tu les as déjà appelés ?
Elle imite une petite grimace d'excuses puis me tend le breuvage tant désiré. Je soupire,
Nous voulions profiter de cette journée pour parler des changements aux enfants, si tout le monde part dans tous les sens, ça ne va pas faciliter les choses.
Et moi j'ai besoin d'un café... tout de suite.
La bouilloire chauffe, je patiente difficilement à côté d'elle, tapotant la cuillère contre le plan de travail alors que Théo me tourne autour.
— Va aider ta sœur à sortir les bagages. Et ne les laissez pas traîner au milieu du chemin.
— Et moi ? réclame Tristan.
Et si j'envoie Tim avec les garçons à la plage pendant que je fais les courses et la lessive, ça ne sera pas plus mal. Je me vois bien organiser la journée suivant mon envie sans froisser tout le monde et même si j'adore mes enfants, la perspective de quelques heures sans personne autour de moi, m'enchante.
— On demandera à papa s'il veut bien t'y emmener. Pour l'instant, il dort. Dès que j'ai bu mon premier café, j'appelle Charlotte.
Ils ont tous tellement envie que je dise oui, qu'ils se sont tous mis à trier leurs habits au milieu du salon, avant d'en descendre une partie à la buanderie. Je n'ai plus qu'à les mettre dans la machine. Ils apportent la caisse du reste de nourriture à la cuisine et les affaires pour les vélos dans le garage. Le petit rituel que Tim a en rentrant de vacances, est de nettoyer sa voiture, jusque dans les moindres recoins, mais il aura tout le temps de le faire demain. Ou la semaine prochaine.
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