Lundi 11 novembre / 2
Emmanuel
Si elle reçoit des fleurs sur son lieu de travail, cela ne peut être qu'un collègue. Ou un ami sur Lausanne. Me cacherait-elle une rencontre ? Encore la semaine dernière, elle m'affirmait ne pas vouloir inclure de mec dans sa vie et que nos rendez-vous hebdomadaires lui convenaient.
En plus ce n'est pas le petit bouquet qui dit : merci pour les croissants d'hier. Non, c'est une attention qui espère bien plus. Ce sont des fleurs que j'aurais pu moi lui envoyer. Je comprends qu'elle ait cru que ça venait de moi. J'aurais dû y penser avant. Maintenant c'est trop tard.
Chier !
Je balance un papier froissé dans la corbeille, loupe ma cible et jure, surprenant Tim qui entre à l'instant.
— Un souci ?
Ouais, ta femme me trompe ! Mais évidemment je ne peux pas lui dire ça.
N'importe quoi. Je n'ai pas le droit de le penser. On s'est promis de ne rien se cacher. Pourquoi m'aurait-elle menti ? C'est probablement un qui cherche juste...
Mais même ça, je n'aime pas. Je ne pige rien. Je suis fier lorsque Charlotte plait et qu'elle récolte des sourires, mais quand c'est Julie qui se fait draguer, je deviens dingue. Faut que je me calme.
Mon téléphone me surprend, je reçois un nouveau message de Julie. Mon visage s'éclaire avant de se crisper à nouveau :
« Pour demain, j'aurai sans doute un peu de retard. J'ai rendez-vous avec un auteur à Genève à 15 heures. Tu préfères qu'on déplace ? »
« Non ! »
Je relis son message, puis le mien et j'ajoute un smiley avec un sourire rougissant en disant que je patienterai. Les fleurs viennent peut-être d'un auteur heureux d'être publié. Cette pensée me calme et je peux enfin me concentrer sur mon boulot.
Tim attend des croquis, mais je peine à trouver l'inspiration.
Sauf que le lendemain, c'est plutôt la soupe à la grimace lorsqu'elle arrive, énervée et épuisée après avoir passé de longues minutes dans les bouchons. Pour un rendez-vous coquin, il m'a fallu déployer des trésors de diplomatie pour ne pas hurler en écoutant ses plaintes diverses. Je voulais la câliner, me perdre dans nos baisers et surtout lui faire l'amour et pas discuter du bien de sa maison d'édition ou des ploucs sur la route. Ça, je connais merci. Moi aussi j'en passe des heures dans les embouteillages.
Mon humeur change et comme un con, j'ai posé la question sur le bouquet de fleurs.
— Elles viennent d'un collègue.
— Ah. Et ?
— Ben rien. Elles sont jolies, j'ai dit merci.
— Rien de plus ?
— Manu... Tu veux vraiment en parler maintenant ?
En effet, ce n'est peut-être pas le meilleur moment, mais j'aimerais qu'elle me rassure. Et mieux encore, qu'elle m'avoue les avoir jetées.
Nous sommes dans notre désormais chambre d'hôtel attitrée et elle vient de retirer sa robe pour prendre une douche. Ses sous-vêtements sont toujours jolis, mais ce soir, je les trouve particulièrement sexy et je fonds sur elle. La dentelle noire qui redessine ses hanches avant de se perdre entre ses fesses modèle son cul à merveille. Elle passe ses mains dans son dos pour dégrafer le soutien-gorge, mais je suis plus rapide. Mon corps se colle à elle, ma bouche embrasse son cou et mes mains empaument sa poitrine encore cachée. Je tire sur le tissu pour m'amuser avec ses mamelons fripés alors qu'elle gémit à mi-voix.
— Tu veux pas que je prenne une douche ?
— Je préfère ton odeur à celle du savon.
Elle passe ses paumes par-dessus nos têtes et plonge ses doigts dans mes cheveux. Elle tortille son corps pour me faire face, mais je la déguste et peine à m'arrêter. Elle tourne le visage, je l'embrasse à pleine bouche et mon sexe se cale entre ses fesses.
Je lâche ses seins, elle pivote, caresse mes épaules puis mon cul, baisse mon boxer que j'ai remis après m'être lavé et dirige ses doigts près de mon sexe. J'ai pas besoin de plus de stimulation, alors qu'elle est encore tendue. Je l'emmène près du lit, tournant l'un l'autre comme dans une danse sensuelle et lui murmurant des « par quoi veux-tu commencer ? »
Les mots peinent à quitter sa bouche, mais ses intentions deviennent de plus en plus coquines et elle rechigne de moins en moins à m'en faire part. Elle se pend à mon cou et me chuchote à l'oreille qu'elle veut se sentir dégoulinante grâce à mes caresses et que je continue de l'embrasser. Je suis à ses ordres et une fois allongé près d'elle, mes doigts s'activent alors que mes lèvres dégustent les siennes.
J'adore l'entendre soupirer dans ma bouche, voir sa poitrine se gonfler, son corps s'arcbouter lors de son premier orgasme. Je coule de l'écouter me réclamer. Mais ce soir, c'est elle qui me chevauche. Assise sur moi, mon sexe en elle, elle joue avec ses cheveux alors que je m'amuse avec sa poitrine. Elle ne bouge pas, reste presque immobile et m'observe :
— J'aime bien, comme ça... Sur toi, bredouille-t-elle rougissante.
— Et moi donc. J'ai tout ce que j'aime à portée de doigts.
Et sans attendre, je titille un téton puis son clito ce qui provoque le début de ses petits mouvements. Elle aime les montées en puissance et commence toujours très lentement pour finir sur un rythme qui nous laisse haletants.
Julie
Allongée, ma tête contre la poitrine de Manu, je passe mes doigts entre ses poils, perdue dans mes pensées. La douche sera indispensable, je me sens toute moite. Je n'ai pas envie de bouger et pourtant l'heure avance. Dans pas longtemps il va vouloir s'éloigner, se rhabiller pour retrouver sa vie. Je peine à lui en vouloir et malgré tout, je n'arrive pas à être totalement heureuse. Il me manque quelque chose.
Ce n'est pas difficile à deviner et même si je ne suis pas prête à faire entrer un homme dans mon quotidien, une présence me manque et Manu ne pourra pas me combler à ce niveau.
Combien de temps pourrons-nous nous contenter de ça ? Combien de semaines, ou de mois cela me suffira ?
— À quoi tu penses ? Ta dernière caresse qui m'a fait exploser littéralement ?
Je pouffe. Non... mes pensées étaient bien plus sérieuses, mais je ne veux pas casser l'ambiance. Déjà les fleurs ont bien failli gâcher la soirée.
Je me redresse, lui touche tendrement l'ovale du visage en lui souriant, puis je parcours l'ensemble de son corps jusqu'à m'arrêter sur son pubis. Le sperme qui s'est échappé de ma grotte colle ses poils entre eux et je m'en amuse. Manu rouspète alors que je continue.
— Tu as besoin d'une nouvelle douche.
— Oui, sauf si tu préfères me laver.
Je penche la tête, m'approche pour embrasser son sexe au repos. Il sursaute, sans doute sensible. Ma langue caresse la veine qui se dessine. Je la suis jusqu'au gland que je lèche comme une chatte boit son lait. Je vois les doigts de Manu se crisper sur le drap et je poursuis. Ma bouche s'arrondit, ma langue se fait câline, puis ma gorge l'accueille. Il grogne que c'est bon et je dégouline de le sentir à nouveau se durcir sous mes gestes. Sa main près de mes fesses s'approche de mon intimité, ses doigts la parcourent sans me pénétrer et cette caresse me rend plus gourmande.
Dans ses bras, sous ses gestes et dans nos moments de complicité, je retrouve peu à peu mon audace d'antan. De vieux souvenirs lorsque je découvrais ma sexualité avec Tim, bien vite oublié au profit d'actes plus conventionnels sans trop de piquants et encore moins d'intensité. Manu m'a fait jouir à hurler ce que je ne m'étais jamais permis de faire, avec les enfants sous le même toit. Je retrouve avec lui, le plaisir d'être une véritable maîtresse, une femme qui n'est pas seulement receveuse mais bien aussi actrice en proposant des stimulations, des positions, des actes. Et j'adore ça.
Mais là, ce que je veux ce sont ses doigts en moi. Je tends ma croupe, espérant plus d'intensité. Aspire fortement son gland lorsqu'enfin il me pénètre. Je me sens dégoulinante.
Il ne tient pas longtemps à ce rythme, me bouscule et me prend en levrette, la tête au bord du lit et les cuisses bien relevées. Ses mains me pincent les hanches, son corps culbute le mien et la jouissance nous terrasse en même temps. Il s'effondre dans mon dos, alors que je risque de me retrouver sur le sol d'une seconde à l'autre.
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