Chapitre 16

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Le samedi matin, Corentin se réveilla avec une étrange impression de malaise. Il s’était souvenu au dernier moment de sa sortie photo avec Nathaniel, et le souvenir de l’alerte créature résonnait encore en lui. La nuit était restée calme, mais il ne pouvait chasser cette sensation d’inquiétude qui planait sur la ville, comme une ombre invisible.

Après un rapide échange de messages avec Mira et Kenny, qui s’amusèrent à le taquiner sur sa "sortie en amoureux", Corentin se prépara pour rejoindre Nathaniel au centre-ville. Il prit son appareil photo, s’assurant que tout fonctionnait correctement, et sortit de la maison.

Il retrouva Nathaniel devant une vieille librairie du centre-ville, un bâtiment à l’architecture ancienne, encadré de lampadaires en fer forgé. Nathaniel lui fit signe avec un sourire chaleureux dès qu’il l’aperçut, et Corentin répondit par un signe de la main, tentant de masquer son appréhension.

— Salut, prêt pour notre session photo ? demanda Nathaniel, son appareil photo en bandoulière.

— Oui, prêt, répondit Corentin en essayant de paraître naturel. Tu avais des endroits précis en tête ?

Nathaniel hocha la tête, jetant un regard autour d’eux.

— Oui, j’ai repéré quelques coins sympas en ville. J’aime capturer des détails que les gens ne remarquent pas toujours, tu vois ? Des reflets dans les vitrines, des ombres, des textures sur les vieilles façades…

Corentin hocha la tête, impressionné malgré lui. Il n’avait pas encore totalement confiance en Nathaniel, mais il devait admettre que le garçon semblait partager sa passion pour les images subtiles, les détails presque invisibles.

— Ça me va, j’adore aussi ce genre de photos, répondit-il en souriant légèrement.

Ils commencèrent à marcher dans les ruelles pavées, Nathaniel pointant ici et là des détails qu’il trouvait intéressants. La ville s’éveillait doucement autour d’eux, les commerçants ouvrant leurs boutiques, les passants se pressant vers les marchés. À chaque coin de rue, Nathaniel s’arrêtait, prenant des clichés, observant les angles, les lumières.

Alors qu’ils traversaient une rue bordée de vitrines anciennes, Nathaniel brisa le silence.

— Au fait, je n’ai pas eu l’occasion de te poser la question, mais… ça fait longtemps que tu fais de la photo ?

Corentin, toujours sur ses gardes, hésita un instant avant de répondre.

— Oui, ça fait quelques années. J’ai commencé par curiosité, mais ça a vite pris plus de place dans ma vie. C’est un peu… une échappatoire, je suppose.

Nathaniel acquiesça, un sourire pensif sur les lèvres.

— C’est exactement ce que je ressens, moi aussi. La photo, c’est une façon de voir au-delà des apparences. Parfois, on capture quelque chose qu’on n’avait même pas remarqué en prenant la photo… comme un souvenir d’un autre monde.

Corentin resta silencieux, troublé par ses mots. Cette réflexion, bien que poétique, éveillait en lui un sentiment étrange, comme si Nathaniel touchait une corde sensible.

— Et toi, comment tu as commencé ? demanda Corentin, cherchant à en savoir plus sur Nathaniel sans paraître trop direct.

— Disons que… j’ai toujours eu cette fascination pour les choses cachées, les secrets, répondit Nathaniel en haussant les épaules. Peut-être parce que j’ai grandi dans une famille un peu spéciale, je suppose.

Corentin fronça les sourcils, curieux malgré lui.

— Spéciale comment ?

Nathaniel esquissa un sourire mystérieux.

— Oh, rien de bizarre, rassure-toi. Juste des parents un peu… bohèmes, on va dire. Ils m’ont appris à regarder le monde avec des yeux différents.

Leur conversation fut interrompue par une notification sur le téléphone de Corentin. Il le sortit de sa poche et vit un message de Mira.

**Mira :** « Alors, ton "rendez-vous" avec Nathaniel, ça se passe comment ? »

Corentin laissa échapper un rire discret, secouant la tête en réponse aux taquineries de son amie. Nathaniel, remarquant son sourire, le fixa avec un air intrigué

— Qu’est-ce qui te fait rire ?

— Oh, rien… juste mes amis qui s’imaginent des trucs, répondit-il en rangeant son téléphone.

Nathaniel haussa les épaules en souriant.

— Ah, je vois. Tes amis semblent vraiment attachés à toi. J’ai remarqué que Mira et Kenny te suivent toujours comme ton ombre.

Corentin, surpris par cette remarque, se contenta de sourire.

— Oui, on se connaît depuis un moment. On est… comme une famille, je suppose.

Nathaniel acquiesça, son regard s’adoucissant.

— C’est bien. Avoir des gens en qui on peut avoir confiance, c’est rare.

Corentin hocha la tête, mais une question lui traversa l’esprit, une question qui le perturbait depuis l’arrivée des nouveaux.

— Au fait, j’ai remarqué que toi et Livia… vous avez l’air très proches, non ?

Nathaniel lui lança un regard appuyé, et Corentin sentit son cœur accélérer. Il craignait de paraître trop curieux, mais il devait poser la question.

— Oui, répondit Nathaniel d’un ton pensif. Livia et moi, on est proches depuis longtemps. Elle est… disons, comme une sœur pour moi.

Corentin, troublé, hocha la tête. Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui liait ces deux-là si profondément. Il avait cette impression qu’il y avait plus que ce qu’ils laissaient paraître, un lien invisible mais puissant.

Ils continuèrent leur balade, s’arrêtant près d’une fontaine où Nathaniel s’accroupit pour photographier les reflets de l’eau. Corentin, pour une fois, observa simplement, cherchant à comprendre ce qui le perturbait tant chez Nathaniel. Ce parfum de lavande flottait toujours autour de lui, comme une brume invisible, et chaque fois qu’il le sentait, un étrange apaisement l’envahissait.

Le silence entre eux fut brisé lorsque Corentin reçut un autre message de Mira, suivi d’un de Kenny.

Kenny : « Alors, c’est comment avec le mystérieux Nathaniel ? Il t’a déjà proposé de fuir le pays avec lui ? »

Mira : « Sérieux, dis-nous si c’est un gars bien, parce qu’on est impatients de le connaître mieux. »

Corentin secoua la tête, amusé par leurs messages. Décidant de répondre, il leur envoya rapidement :

Corentin : « C’est juste un gars passionné de photo, pas un agent secret. On se voit plus tard. »

Remarquant son sourire, Nathaniel se redressa.

— Ils sont curieux, tes amis, dit-il en haussant un sourcil.

Corentin hocha la tête, un peu embarrassé.

— Oui, ils s’inquiètent toujours un peu trop. Mais… c’est normal, je suppose.

Nathaniel se contenta de sourire, le regard pensif. Pendant un instant, Corentin eut l’impression qu’il voulait dire quelque chose, une sorte de vérité cachée. Mais Nathaniel se contenta de lever son appareil.

— Allez, il nous reste encore des coins à explorer. Prêt ?

Corentin acquiesça, bien qu’au fond, il ne parvenait toujours pas à chasser ce malaise. Cette sortie, même agréable, restait étrange, emplie de silences et de regards qui semblaient en dire plus que les mots.

Il savait que quelque chose lui échappait. Mais pour l’instant, il devait se contenter d’observer, en attendant que les pièces du puzzle s’assemblent d’elles-mêmes.

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