La légende de Blackface Banjo
" Vous parlez de cette légende du banjo ?
- Lui-même, Sebastian.
- Je croyais qu'il n'avait jamais existé, qu'il n'est qu'un conte à la manière de Robert Johnson et de son pacte avec le Diable.
- Non, je vous assure qu'il a bien vécu. Dans votre monde, dans celui-ci ainsi que dans tout un tas d'autres. Je l'ai côtoyé pendant quelques semaines. Puis il a disparu. C'est comme s'il n'avait jamais été là. Il se murmure même qu'il a tenu plus tard la sarabande entre ses mains mais qu'elle lui a brûlé les doigts au point qu'il ne puisse plus jouer. Il se dit aussi qu'il vit toujours quelque part tout en bas.
- Il y ferait quoi ?
- Impossible à dire. On ne l'a pas vu depuis une éternité. Si je devais accorder une once de vérité à cette histoire, je dirais qu'il erre. Ou qu'il a trouvé une forme de paix.
- Est-ce que nous avons des doubles dans les autres mondes ?
- Oui, nous en avons. Généralement, un par strate. Mais les probabilités pour que vous la croisiez de façon spontanée sont extrêmement fines. Même en habitant dans la même ville. Il y a tellement d'infinis possibles que vous ne pouvez presque pas vous croiser. Sauf si vous viviez tous les deux dans un minuscule patelin perdu.
- C'est donc sans danger ? Comme une sorte de paradoxe temporel impossible à résoudre.
- Je n'en sais rien. Je ne suis pas physicien. Mais on raconte...
- C'est qui ce "on" dont vous parlez toujours, Jim ?
- Les gens du Réseau. Des contacts dans différents endroits mais je vous les présenterai en temps voulu. Je disais donc qu'on raconte que le noir qui remonte des entrailles viendrait d'un contact trop prolongé entre deux mêmes John Smith.
- C'est ridicule.
- Je sais bien mais ce n'est pas inenvisageable. Peut-être que l'un des deux avait l'âme suffisamment noire pour contaminer le cœur de l'oignon. Tout ça ne sont que des suppositions. Je dois toutefois vous confier que j'ai essayé de rentrer en contact avec mon double ici.
- Et ?
- Et rien. J'ai roulé jusqu'à sa maison près du lac et je l'ai observé un soir. Je n'ai jamais osé sonner à sa porte. Pourquoi je l'aurai fait ? "
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